Normalisation du contraste de projection

Quel est le contraste minimum et néanmoins suffisant pour une projection en tenant compte de son utilisation ? C'est l'objet de la norme ANSI-INFOCOMM 3M-2011 dite PISCR pour « Projected Image System Contrast Ratio ». Cette norme définit comment mesurer un ratio réel sur l'écran, sur une installation prête à être utilisée par le client pour en garantir l'adéquation à cette utilisation.
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Le contraste est probablement le critère le plus important dans la perception de l’image. Ce qui n’autorise pas à négliger les autres paramètres. Cependant le besoin n’est pas le même dans un magasin qui diffuse une publicité dans une ambiance lumineuse et dans un home cinéma, qui doit rendre un effet finement gradué des ambiances du film. Cette norme s’est donc attachée à définir des types d’utilisation et des seuils minimums de contraste acceptables pour chacune de ces utilisations.

Nous sommes à des années lumières des contrastes annoncés par les constructeurs de matériel. Car un constructeur mesure le niveau de lumière minimum et maximum de son appareil et délivre des valeurs pharamineuses qui ne tiennent pas compte de l’environnement de projection. La méthode préconisée par cette norme est de mesurer, à l’écran, sur une mire en damier noir et blanc, dans les conditions de visionnage normal, y compris la lumière ambiante, ce qui réduit grandement les valeurs à des chiffres plus réalistes. La méthode y est très détaillée pour que la mesure soit cohérente, avec une moyenne sur 16 mesures, répétées à 5 positions de vision dans la salle. Le ratio de contraste est calculé par division du niveau de lumière max par le niveau minimum.

Ne pouvant demander le même niveau de contraste entre une salle de classe et un home-cinéma, pour lesquels les conditions de vision sont très différentes, la norme PISCR (dire Piscar) définit 4 types d’utilisations avec chacune un niveau minimum de contraste :

– Le mode passif, qui impose que l’on puisse simplement y reconnaitre l’image, y lire le texte et détecter le premier plan du fond. C’est une projection dans un espace très éclairé, de type information au public. Il est recommandé un ratio minimum de 7 : 1.

– Le mode de décision de base : dans ce mode le spectateur doit être capable de prendre des décisions simples en fonction du contenu projeté, c’est le cas des réunions professionnelles simples, des salles de cours. Un ratio minimum de 15 : 1 est nécessaire.

– Le mode décision analytique comporte la notion de décision critique, ce peut être le cas de documents médicaux ou de salle de contrôle, dans une ambiance à lumière contrôlée. Le ratio minimum requis est de 50 : 1.

– Le dernier mode défini par la norme est le mode vidéo ou « cinéma », sans pour autant concerner la projection D-Cinéma qui est traitée par d’autres normes. Cette utilisation, qui concerne la production et post-production broadcast, les home-cinémas, l’analyse professionnelle de l’image dans une ambiance lumineuse stricte, si ce n’est au noir, demande un ratio minimum de 80 :1.

On voit que ces valeurs de ratio réel sont loin des annonces des constructeurs des appareils. Cependant un amphi d’université qui a vocation à la transmission de connaissance peut, si son système d’éclairage est mal réglé, avoir un ratio de contraste inférieur à la valeur de 15 : 1, même avec un projecteur annoncé à 2000 : 1. Les étudiants ayant besoin de lumière pour prendre des notes. Il est donc important, dans ces conditions, de traiter la directivité de l’éclairage, ou de changer de type d’écran, par exemple. Il existe des écrans de différent type sur le marché pouvant aider à solutionner la vision en salles éclairées. En particulier les écrans DNP (voir illustration) à directivité renforcée. Il existe aussi des toiles d’écran à contraste amélioré. C’est un paramètre à ne pas négliger dans le développement d’un projet. La coordination avec l’architecte pour que l’éclairage de la salle ne perturbe pas la projection étant la première des solutions, mais pas toujours facile à mettre en œuvre.
Cette norme devrait être appliquée de façon stricte dans les installations, et devrait faire partie des prescriptions des bureaux d’étude dans leur cahier des charges, avec rapport de mesure. Il existe des sociétés équipées de sondes mesures calibrées à la norme CIE S002 dont l’angle de mesure est de 2° ou moins, pouvant assurer la mesure de contraste suivant cette norme.

Site : webstore.ansi.org

Document : ANSI/INFOCOMM 3M-2011, vendu au prix de 60$