Nouvelles optiques Schneider – Les Cine-Xenar III (Partie 1)

Nous nous sommes vu confier les deux nouvelles séries d’optiques Schneider pour les tester : les Cine-Xenar III en monture PL et des Xenon FF-Prime Lenses en monture EF. Au final une gamme homogène que nous vous présentons ici en deux parties. Commençons par les Cine Xenar III qui constituent une alternative intéressante sur le marché des optiques cinéma.*
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Le texte de présentation de ces optiques par le constructeur Schneider-Kreuznach résume parfaitement les qualités de ces optiques : « Les optiques Cine-Xenar III se présentent comme une réelle alternative pour les cinéastes. Les Cine-Xenar III sont les outils idéaux pour votre créativité. Ils possèdent une grande ouverture de diaphragme, délivrent une haute qualité d’image et bénéficient d’une construction robuste et fiable pour vous offrir le maximum de liberté dans la poursuite de votre vision. Le design télécentrique à haute résolution permet d’obtenir une image lumineuse avec un minimum de pompage. Les 18 pales du diaphragme procurent un superbe bokeh trés apprécié.

La fonctionnalité éprouvée est obtenue par un mécanisme de mise au point très bien conçu. L’utilisateur peut faire le point avec une bague dotée d’une longue course facilement lisible et bien gravée, suffisamment étendue pour permettre des suivis de point doux et précis. Ce concept modulaire supérieur permet de conserver vos habitudes de travail et aide à réduire les opérations de maintenance. Changer d’optique n’a jamais été aussi rapide et facile. Les Cine-Xenar III ont tous les mêmes dimensions et les bagues de point et de diaphragme sont placées au même endroit. »

La série comprend des optiques de 18, 25, 35, 50, 75, 95 mm. Lesquelles sont dessinées et fabriquées en Allemagne par Schneider-Kreuznach Group.

 

Leurs caractéristiques techniques :
– Monture PL pour les caméras à film 35 mm et numériques
– Monture EF-S pour les boîtiers Canon APS-C
– Couverture arrière maximum 31,5 mm de diamètre
– Pratiquement pas de pompage
– Peu de distorsion
– Même colorimétrie
– Contrôle des flares et de la lumière parasite
– Mise au point très rapprochée jusqu’à 26 cm/10” du plan capteur
– Traitement anti-reflets très performant de chez Schneider-Kreuznach
– Rotation de la bague de point sur 270 ° avec des marques de distances précises
– Bagues de point facilement interchangeables d’unités métriques en unités impériales (pieds)
– Bague de point crantée 0,8/123 dents
– Bague de diaphragme crantée
– Filetage porte filtre M100 x 0,75

 

Au banc d’essais optiques

Tout d’abord, il convenait d’examiner ces optiques au collimateur et sur un banc d’essais optique pour les analyser. Rendez-vous fut pris chez Lahaziz Kheniche (http://www.lenzizoptics.com). Lahaziz Kheniche est un opticien de cinéma expérimenté et reconnu. Il débute sa carrière chez Angénieux et la poursuit chez Panavision France, avant de décider de voler de ses propres ailes. Il est avant tout un passionné des objectifs.

Chaque focale a été scrutée. Voici le résultat de nos analyses :

Le 18 mm à une distance de 1 m à pleine ouverture (T2.2) : Pouvoir de résolution 200 traits/mm au centre 140 traits/mm à droite et à gauche. On peut observer un peu de distorsion dans les coins de l’image. Lorsque l’on fait la mise au point sur les bords d’image, on obtient un léger décalage physique sur la bague de point. Nous pouvons aussi observer un léger manque de définition et de contraste, ainsi qu’une légère dominante bleue.

Le 25 mm à une distance de 1 m à pleine ouverture (T2.2) : Pouvoir de résolution 100 traits/mm au centre et les traits sur les côtés ne peuvent pas être comptés. Lorsque l’on fait la mise au point sur les bords d’image, on obtient un décalage physique de 13 mm sur la bague de point. C’est une focale très douce, peu définie et peu contrastée, avec une légère dominante bleue.

Le 35 mm à une distance de 1 m à pleine ouverture (T2.1) : Pouvoir de résolution : 140 traits/mm au centre et les traits sur les côtés ne peuvent pas être comptés. On observe sur les côtés de l’image des aberrations chromatiques et sphériques qui entraînent une disparition de la séparation des traits sur les bords de champ. Le contraste de cette optique est très bas. On observe une dissymétrie entre le haut et le bas de l’image avec un avantage pour le bas, sans doute dû à un mauvais centrage.

Le 50 mm à une distance de 2 m à pleine ouverture (T2.0) : Pouvoir de résolution : 140 traits/mm au centre et sur les bords gauche et droit. L’image est très homogène. L’optique est très bien équilibrée en droite/gauche et haut/bas de l’image. On peut noter quelques aberrations chromatiques, mais une bonne tenue de l’image dans l’ensemble.

Le 75 mm à une distance de 2 m à pleine ouverture (T2.0) : Pouvoir de résolution : 100 traits/mm au centre. On observe une parfaite répartition de la définition sur les bords droit et gauche de l’image. Objectif très doux avec un léger manque de définition et de contraste.

Le 95 mm à une distance de 2 m à pleine ouverture (T2.0) : Pouvoir de résolution : 70 traits/mm au centre et 50 traits/mm sur les côtés. On observe une légère dissymétrie de définition entre les bords droit et gauche de l’image. Les défauts disparaissent à l’ouverture de diaphragme T2.8. C’est une optique très douce.

La conclusion de Lahaziz Kheniche est la suivante : « Ces optiques peuvent faire le bonheur de beaucoup de directeurs de la photographie en raison de leur douceur. »

Par ailleurs, notons que les bagues de point et de diaphragme sont très bien gravées et qu’elles possèdent une fluidité et une douceur mécaniques agréables.

 

Essais filmés

Décrivons d’abord les conditions dans lesquelles ces essais ont été effectués. Nous avons utilisé une caméra Sony FS7 généreusement prêtée par Panavision France. Les images ont été enregistrées en 4K en 4.2.2 10 bits en Slog3, soit un format d’enregistrement qui correspond assez bien au segment de marché de ces objectifs. Nous avons filmé un visage à contre-jour à une distance de 7 pieds (environ 2 m) à pleine ouverture et à T2.8. Nous avons, bien sûr, dû ajouter des filtres neutres, soit ceux de la caméra, soit devant l’optique suivant les besoins. Ces images étalonnées droit (une LUT REC 709 a été appliquée) ont ensuite été visionnées en projection 2K à partir d’un fichier ProRès 2K 4.2.2 10 bits.

Le 18 mm
À pleine ouverture (T2.2) : l’image est douce relativement peu définie, avec une dominante magenta.
À T2.8 : on récupère un peu de définition, les défauts sont atténués, il reste encore un peu de magenta. Les bords d’image sont peu définis.

Le 25 mm
À pleine ouverture (T2.2) : l’image est très magenta. En revanche, la définition est satisfaisante.
À T2.8 : les défauts sont estompés. L’image est beaucoup moins magenta, mais il en reste un peu. La définition est meilleure.

Le 35 mm
À pleine ouverture (T2.1) : image très magenta et peu définie. On cherche le point sur les yeux du sujet. Manifestement, le point est là, mais on a envie qu’il soit plus franc.
À T2.8 : le magenta disparaît au profit d’un peu de bleu. L’image reste douce, mais avec une définition très satisfaisante.

Le 50 mm
À pleine ouverture (T2.0) : la dominante magenta est toujours présente. La définition est douce. On observe le même phénomène de recherche de point sur les yeux qu’avec le 35 mm.
À T2.8 : comme pour le 35 mm, le magenta est remplacé par une dominante bleue. On récupère un peu de douce définition, mais on cherche toujours à avoir un meilleur point sur les yeux du sujet.

Le 75 mm
À pleine ouverture (T2.0) : image très douce qui conserve une légère dominante magenta.
À T2.8 : la définition est plus satisfaisante tout en conservant de la douceur. La légère dominante magenta est toujours présente.

Le 95 mm
Image très douce qui conserve une légère dominante magenta. Les yeux du sujet gagneraient à être mieux définis, bien que la mise au point soit correcte.
À T2.8 : toujours une image douce, les yeux sont un peu mieux définis, mais encore insuffisamment. Il reste toujours une très légère dominante magenta dans l’image.

 

Ces essais auraient pu être encore plus approfondis. Néanmoins, nous pouvons nous apercevoir que nous sommes en présence d’optiques au rendu très doux qui gagnent vraiment à être utilisées à partir de T2.8, comme beaucoup d’objectifs. Seules quelques séries très haut de gamme permettent de travailler à grande ouverture sans perte de qualité. La première impression de Lahaziz Kheniche citée plus haut s’est avérée lors des essais filmés. Leurs petites dérives chromatiques peuvent être parfois gênantes, mais peuvent se corriger. Nous ne pouvons que louer le rapport qualité/prix de ces optiques, surtout en ce qui concerne leur conception mécanique.

 

* Cet article est paru pour la première fois en intégralité dans Mediakwest #18, pp.38-39. Soyez parmi les premiers à lire nos articles en vous abonnant à notre magazine version papier ici

La deuxième partie sera en ligne lundi…


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