
Comme dans le conte de Charles Perrault Barbe Bleue où deux femmes, son épouse et la soeur de cette dernière se désespèrent de voir la situation se dénouer… L’attente semble longue, trop longue au regard de tous les talents féminins que nous rencontrons tous dans le cinéma…
Le dernier rapport du Lab Femmes de Cinéma dresse un constat consternant. Réalisée pour la neuvième année consécutive en collaboration avec l’EFAD, l’étude croise les politiques publiques européennes avec les dernières statistiques de l’Observatoire Européen de l’Audiovisuel (OEA).
La parité dans le cinéma européen est encore très loin d’être atteinte. Sur la période 2020-2024, seulement 25 % des films européens ont été réalisés par des femmes, contre 21 % entre 2015 et 2019. La progression est lente, avec même des reculs ponctuels en 2018, 2022 et 2024. Selon les prévisions du Lab, la parité derrière la caméra ne sera atteinte qu’en 2066 si rien ne change.
Les chiffres témoignent d’une réalité plus dure encore. 50 % des diplômé·es des écoles de cinéma sont des femmes, mais seulement un tiers réalise un premier court métrage, un quart un premier ou deuxième long métrage, et une seule sur six parvient au troisième long métrage ou plus.
Autrement dit, les données révèlent l’inégalité ne se joue pas simplement à l’entrée du métier, mais dans la durée des carrières.
Des mesures se multiplient… mais les freins persistent
Les obstacles structurels restent puissants. Les stéréotypes de genre, la cooptation masculine, le sous-financement et les violences sexistes ou sexuelles continuent de limiter les opportunités. Les expert·es interrogé·es insistent sur la nécessité d’agir à la fois sur les imaginaires et sur les règles institutionnelles pour casser ce cycle.
Pour autant, l’étude souligne quelques signaux positifs :
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20 agences nationales du cinéma ont intégré des mesures renforçant la diversité, avec des rapports obligatoires sur la parité et la diversité, comme en Norvège.
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La lutte contre les violences sexistes et sexuelles se renforce : plus de 25 instituts engagés en 2025, contre 5 en 2020 ;
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La parentalité, longtemps ignorée, devient un enjeu pris en compte dans 7 pays européens contre seulement 2 il y a cinq ans ;
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Les incitations financières se multiplient : l’Espagne applique des quotas systématiques, et le CNC français propose un bonus parité, bientôt transformé en malus ;
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Des innovations apparaissent, comme des outils IA au Danemark pour analyser les représentations à l’écran ou des formations sur les biais cognitifs aux Pays-Bas.
« La sous-représentation des femmes cinéastes constitue une perte sèche en termes de créativité », alerte Fabienne Silvestre, cofondatrice du Lab Femmes de Cinéma. « Tant que les chiffres n’évoluent pas réellement, nous devons continuer à documenter, alerter et agir. »
Le rapport complet est disponible ici







