Parité dans les médias : où en est-on en 2025 ?

La question de la parité dans les médias reste un enjeu majeur et une étude menée par la SCAM en 2025 dresse un état des lieux de la place des femmes dans le secteur qui met en évidence de nombreuses inégalités persistantes…
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La parité dans les médias reste un enjeu de société majeur : elle bénéficiera à tous puisqu’elle aboutira à une représentation plus équitable des talents, une diversité accrue des perspectives et une meilleure qualité du débat public avec outre une culture plus inclusive, un enrichissement des récits à l’antenne… Décryptage des tendances et des défis à relever sous le prisme des chiffres avancées dans l’étude de la SCAM…

 

Des avancées, mais une sous-représentation encore marquée

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, les femmes représentaient 41 % des membres actifs de la SCAM, avec une dynamique encourageante puisqu’en ce début d’ année, les nouveaux membres atteignent désormais la parité (50 %). Toutefois, cette progression varie significativement selon les secteurs…

  • Écrit et radio : proches de l’égalité avec respectivement 49 % et 46 % de femmes.
  • Audiovisuel : encore en retrait, avec seulement 39 % de réalisatrices.
  • Images fixes : un domaine toujours largement masculin, avec seulement 36 % de femmes.

L’écart générationnel est également significatif. Chez les 20-40 ans, les femmes sont majoritaires parmi les nouvelles adhésions (70 %). En revanche, au sein des membres plus anciens (50 ans et plus), les hommes restent largement dominants, reflet d’une époque où l’accès des femmes à ces professions était encore limité.

 

Les œuvres audiovisuelles : un déséquilibre persistant

Les documentaires et reportages audiovisuels restent largement dominés par les hommes. En 2023, seules 28 % des œuvres primo-diffusées à la télévision ont été réalisées par des femmes. Certaines catégories affichent des déséquilibres encore plus marqués :

  • Séries documentaires : à peine 13 % de réalisatrices.
  • Reportages d’investigation : en baisse de 3 points, atteignant 34 % de femmes.
  • Génériques et habillages : un écart criant avec seulement 5 % de femmes contre 95 % d’hommes.
  • Nouvelles technologies : une note positive avec une progression de 7 points, atteignant 19 % de réalisatrices.

Un domaine où les femmes s’imposent davantage est la traduction audiovisuelle, où elles représentent 68 % des professionnelles. Toutefois, lorsqu’il s’agit de grandes productions et de projets à fort budget, leur présence demeure largement minoritaire.

Les diffuseurs : des progrès mesurés mais encore inégaux

Certaines chaînes ont initié des efforts en faveur de la parité, mais le bilan reste contrasté :

  • TF1 et M6 se démarquent en dépassant la parité, avec respectivement 52 % et 54 % de réalisatrices.
  • Arte et France 5 progressent légèrement, atteignant 45 % et 43 % de femmes, soit une hausse de +2 points.
  • France 2 et France 3 restent en stagnation, ne dépassant pas 42 % de réalisatrices.
  • Canal+, quant à elle, accuse un sérieux retard avec seulement 32 % de réalisatrices, un chiffre qui n’a pratiquement pas évolué depuis 2009.

Sur les tranches horaires stratégiques, la proportion d’autrices et d’auteurs reste tout aussi inégale :

  • France 3 frôle la parité aux heures de grande écoute, atteignant 49 % de réalisatrices (+8 points).
  • France 2, en revanche, recule sur ce créneau, passant sous la barre des 40 % (-5 points).
  • M6 et TF1 enregistrent des progrès spectaculaires, avec des hausses allant de +10 à +14 points en journée et en soirée.
  • Canal+ et certaines chaînes thématiques (LCP, RMC Découverte, Planète+) restent dominées par les hommes, affichant moins de 40 % de réalisatrices à l’antenne.

Les œuvres radiophoniques : un meilleur équilibre, mais encore fragile

Dans le domaine radiophonique, la situation est plus encourageante, en particulier sur les chaînes du service public :

  • France Culture et France Inter s’approchent de la parité avec 49 % d’autrices.
  • RFI franchit le cap des 50 % de femmes.
  • France Bleu, en revanche, connaît une baisse marquée, tombant à 31 % de créatrices, soit une perte de 5 points en un an.

Les horaires de diffusion révèlent également des disparités : sur plusieurs stations, les femmes restent minoritaires aux heures de grande écoute, à l’exception de France Culture, où elles atteignent enfin la parité sur ces créneaux stratégiques.

 

Les médias numériques : encore du chemin à faire

La présence des femmes parmi les créatrices de contenus numériques progresse, mais à un rythme encore lent :

  • Sur YouTube, la proportion de vidéastes féminines est passée de 23 % en 2022 à 25 % en 2023.
  • Dans le domaine des podcasts, la tendance est plus contrastée : après avoir atteint 45 % d’autrices en 2021, la part des femmes a légèrement reculé à 43 % en 2022.

Malgré ces avancées, les femmes restent encore largement sous-représentées dans l’univers du contenu numérique et des nouvelles plateformes…

Quelles solutions pour accélérer la parité ?

Ces évolutions ne sont pas suffisantes au regard de la prise de conscience affichée par notre société. Pour rappel, plusieurs leviers plus ou moins activés existent pour accélérer cette parité dont on parle beaucoup mais qui peine à se mettre en œuvre…

  • 1 – Favoriser l’accès des femmes aux productions à gros budget

Les réalisatrices restent cantonnées aux sujets sociétaux ou culturels, tandis que les grandes co-productions internationales et les séries prestigieuses sont majoritairement confiées à des hommes.

  • 2 – Assurer une meilleure répartition des horaires de diffusion

Atteindre la parité aux heures de grande écoute permettrait de donner plus de visibilité aux réalisatrices et autrices.

  • 3 – Renforcer la transparence des comités de sélection

Les jurys des festivals et les commissions d’attribution des aides doivent garantir une représentation équitable des femmes.

  • 4 – Développer des aides spécifiques pour les réalisatrices

Des incitations financières ou des quotas de productions féminines pourraient être envisagés.

  • 5 – Continuer à adapter la formation et l’accompagnement des talents féminins

 

Les écoles de cinéma et de journalisme doivent encourager davantage les jeunes femmes à se tourner vers les métiers de la réalisation et de la production.  

… Si l’étude de la SCAM montre des avancées, la parité dans les médias se profile à un horizon bien lointain avec des progrès lents et fragiles.

Les efforts des chaînes de télévision, des plateformes et des radios mériteraient de s’amplifier car à ce rythme, la représentation plus juste et équilibrée des femmes dans l’ensemble du paysage audiovisuel pourrait s’avérer plus longue que la transition de l’analogique vers l’IP alors que pourtant, le défi à relever est moins complexe, non ?