Dans les coulisses de la post-production image de la Palme d’Or “Triangle of Sadness”

Lauréat de la Palme d'or du Festival de Cannes cette année, "Triangle of sadness" est une satire qui suit un couple de mannequins célèbres, d'une croisière de luxe à leur naufrage sur une île déserte. Ce film qui sort sur les écrans ce 18 Septembre a fait l'objet d'une grande attention lors de son étalonnage... Moovee vous explique la démarche du chef opérateur et de l'étalonneur.
© Triangle of Sadness, Ruben Östlund

Ruben Östlund avait déjà remporté la Palme d’or en 2017 pour The Square. Pour son nouveau long métrage, le réalisateur a de nouveau collaboré avec le directeur de la photographie Fredrik Wenzel et avec le post-superviseur et cofondateur de la maison de postproduction Tint, Vincent Larsson. La post production de ce film s’est appuyée sur DaVinci Resolve pour le post-travail de l’image, et le chef opérateur a travaillé avec le coloriste Oskar Larsson de Tint qu’il avait rencontrée à l’occasion de la série HBO We Are Who We Are.

Il n’y avait pas de look défini pour Triangle of Sadness, mais Ruben et Fredrik avaient notamment en tête les Aventures de Tintin de Hergé. Fredrik Wenzel décrit l’intention visuelle comme un « archétypique » :  «  l’île devient l’île, le canot de sauvetage devient le canot de sauvetage… C’est une approche que nous avons appliquée à l’ensemble du film. Il ne s’agissait pas de créer un scénario 100 % réaliste mais de trouver un équilibre idéal pour que le public en accepte le principe. »

La production a été tournée avec l’Alexa Mini LF, sur la série Zeiss Supreme. Un gimbal Ronin a été également souvent utilisé. Le tournage a duré 85 jours et, avant le début des prises de vue principales en 2020, Oskar et Fredrik ont examiné les tests de la caméra et créé une LUT. « Nous avons fini par modifier un peu l’ARRI K1S1 en termes de contraste et avec un léger changement de température dans les ombres et les lumières pour obtenir une meilleure séparation des couleurs dans la LUT », explique Oskar Larsson.

Au fur et à mesure que ce tournage avançait, Oskar Larsson a fait des essais de quelques plans clés avec l’intention de sortir d’un rendu sur pellicule. « Nous ne voulions pas que les couleurs semblent contraintes ou forcées dans un espace d’émulation d’impression, ou que l’image ait l’air trop granuleuse ou trop contrastée », explique Oskar. « Tout était question d’équilibre. »

 

  

Chez Tint, le brief de Ruben était « aucun effet fantaisiste dans l’étalonnage ou quoi que ce soit qui puisse distraire le spectateur, paraître bon marché ou forcé » Il s’agissait d’améliorer le négatif numérique pour qu’il paraisse riche, coloré… sans pour autant avoir un aspect en tant que tel !

« Une clé pour trouver le bon ton pour le film était un DCTL qui m’a aidé à trouver la bonne densité dans les couleurs, en particulier les tons rouges. Nous voulions que les couleurs soient intenses sans être saturées numériquement. » Pour Oskar, le défi était donc de savoir comment y parvenir dans le cadre du flux de travail SDR (P3) traditionnel. Il a été particulièrement satisfait des scènes de jour tournées sur l’île, avec les couleurs des costumes et du design de production, ainsi que la végétation luxuriante.

En haut l’image étalonnée – En bas l’image brute ARRIRAW avec le LUT…

« Nous avons beaucoup travaillé pour diriger l’œil du spectateur dans chaque scène à travers les power window dans DaVinci Resolve. Il se passe beaucoup de choses dans chaque plan, comme toujours dans les films de Ruben, et nous devions donc nous assurer que le jeu des acteurs soit bien perçu par le public. »

En plus de la réalisation et de l’écriture, Ruben s’occupe des effets visuels. Vincent était également le producteur VFX du film. Il explique qu’il s’agissait d’une double approche : « Les effets visuels prévus, tels que les écrans bleus, les explosions et les éléments 3D, ont été confiés à Copenhagen Visuals, qui a travaillé avec le superviseur des effets visuels Peter Hjorth. Les effets hors ligne, qui ont évolué au fil du montage, ont été réalisés en interne chez Plattform par Ludwig Källén. »

« Ce projet était extrêmement technique dès le départ », explique Oskar. « Presque chaque plan du film comportait plusieurs pistes vidéo, toutes en résolution source ARRIRAW. Pour ne serait-ce que lire le film, l’équipe de Tint a dû utiliser plusieurs techniques telles que l’optimisation des médias et la fonction ‘Render in Place’. Cette dernière m’a vraiment sauvé ! »

Plusieurs caractéristiques et fonctions de DaVinci Resolve ont fait la  différence, notamment l’optimisation des médias, le rendu en place et les effets tels que Deflicker et Patch Replacer… « L’approche globale de Resolve nous a vraiment aidée à terminer ce film dans les temps et à atteindre le niveau de qualité que nous recherchions », déclare Oskar. « Le fait de disposer de tout ces outils dans la suite couleur a été vraiment précieux car parfois il n’y avait pas assez de temps pour envoyer des plans à l’équipe VFX », précise-t-il.

 

L’étalonnage et le mixage sonore ont été réalisés chez Rotor Film à Potsdam, en Allemagne.

Le mixage, l’étalonnage et une partie du montage ont eu lieu en même temps.

Le film a été livré en 4K Scope et le mixage a été réalisé en Dolby Atmos Theatrical.