Pourquoi produire en 4K ?

Rencontres croisées de producteurs… 
IMG_7085.JPG

Le Digital Cinéma Initiatives, créé en 2002 par les studios hollywoodiens, est à l’origine du format 4K (résolution de 4 096 x 2 160). Le terme 4K fait référence à la largeur de l’image (4 096 pixels dans la norme initiale) ; l’image est en 16/9 (comme pour la Full HD) mais double la hauteur et la largeur : 4 fois plus grande ! Il faudra attendre plus de 10 ans pour que la 4K, ou Ultra HD, quitte les salles de cinéma pour s’installer dans les salons des particuliers. Les écrans 4K/UHD se démocratisent avec une offre étendue : caméscope, console de jeux et bientôt une offre de VOD sont accessibles pour le grand public. Et, même si pour le moment les canaux de diffusion sont à l’état de projet, les producteurs commencent à tourner en 4K.

 

 Rencontre avec Bertrand Loyer fondateur de Saint Thomas Productions…

C’est en 1995, que Bertrand Loyer fonde Saint Thomas Productions. Avec un catalogue constitué essentiellement de films animaliers, les chaînes hertziennes et aussi internationales acquièrent ses chefs d’œuvre visuellement et techniquement innovants ! Depuis 2003, pour répondre aux besoins d’un marché exigeant, les productions deviennent plus ambitieuses avec des films en qualité HD et des formats 4K, et stéréoscopie 3D…

 

«Nous tournons, depuis 2009, en 4K/UHD. La spécificité de nos programmes (scientifiques et animaliers) demande des caméras robustes et maniables. Nous leur avons fait subir les pires catastrophes naturelles et elles ne nous ont jamais lâché ! Le coût de tournage en UHD n’est pas beaucoup plus élevé qu’en HD. La postproduction 4K est plus longue, plus gourmande en stockage et un plus coûteuse quant à elle. Sur certaines de nos séries (avec plus de 50 créatures préhistoriques en image de synthèse). les temps de rendu peuvent être de plus d’une heure par image après plusieurs mois passés à étudier les formes, les mouvements, les textures. En partant de rien, il nous a fallu inventer tout un pipeline de production et de postproduction ! » Bertrand Loyer.

 

Marie Cornet-Ashby : La technologie 4K fait enfin son entrée sur le marché grand public, est-ce une bonne chose pour vous ? Pourquoi ?

BL : Les écrans 4K et les disques durs dédiés (services de box OTT associés) restent encore réservés aux consommateurs les plus fortunés, mais ils démontrent une évolution naturelle vers deux grandes tendances : la poussée des expériences « en immersion » à domicile (les télés 4K offrent pour la plupart, et par défaut, de la 3D en qualité HD, et des services de télévision connectée) et, la dématérialisation des supports : c’est sur ce point que la 4K s’inscrit dans un mouvement plus large.

 

MK : Quels sont les programmes idéaux pour la production avec cette technologie, selon vous ?

BL : La qualité 4K permet d’agrandir la taille des dalles (téléviseurs) dans les salons, sans pour autant voir les pixels (à 1 mètre de distance). Aussi, les programmes où foisonnent les détails sont adaptés aux films 4K. Beauté, réalisme, sensationnel : les images 4K vous transportent, elles permettent à l’œil de vagabonder dans l’image, ou simplement de se laisser porter par le flux de la narration. Ce mélange entre visionnage passif et actif est une nouveauté par rapport à la HD et le spectateur se retrouve au premier rang d’une salle de cinéma. Je crois à un service « Premium 4K » à long terme, il faut que l’offre de programmes 4K suive…

 

MK : Quelles sont les plus belles réussites, dans ce domaine, selon vous…

BL : Quelques concerts, quelques retransmissions sportives et, à force de les peaufiner, on commence à trouver nos films « regardables ».

 

MK : Quelles sont vos réalisations dans ce domaine ?

BL : L’Odyssée des monstres marins ; Silure, l’ogre de nos rivières ; Regalec, premières rencontres avec le poisson roi ( 52’, une première mondiale) tournées avec plusieurs caméras 4K et 5K, sous l’eau, à terre et en hélicoptère ou à plus de 100 m de profondeur, la nuit, au large… Hurricane 3D a été tourné en 2 flux 4K, stéréoscopie (sortie en salles en 2015 et, à la télévision prochainement). Avec La nouvelle préhistoire (3 x 52 minutes), des créatures préhistoriques reprennent vie !

 

MK : Pour vous, l’avenir de cette technologie est-il résolument ouvert ?

BL : Le meilleur soutien : l’adhésion du public. Il dictera sa loi aux chaînes et aux distributeurs. Ne tuons pas la poule aux œufs d’or en lui offrant de mauvais programmes 4K fabriqués à la hâte…

 

 

Four K Productions est fondée en juillet 2013 par Kevin Willamson, et ses associés Dean Martin et Blagg Gueulette. Avec plus de 25 ans d’expérience dans le monde du marketing du film et une vaste expérience dans la production (et la postproduction), ils se sont vus à un moment précis dans une position unique pour tirer parti de l’évolution vers le nouveau format 4K…

 

 

Rencontre avec Kevin Williamson, Président de Four K Productions.

 

« Notre histoire commune a débuté avec Motion Picture Marketing. Quand nous avons entendu parler du 4K, il y avait un manque de contenus de ce type à l’époque. Nous avons décidé, alors, de fonder une société de production. Nous y développons des projets 4K dans les domaines du mode de vie et du voyage. Nous sommes ouverts au développement de tout programme, si nous y constatons un intérêt… » Kevin Williamson

 

Marie Cornet-Ashby : Quel est votre sentiment visà vis de l’industrie et du 4K ?

Kevin Williamson : Tous les fabricants TV produisent maintenant des téléviseurs 4K et les ordinateurs récents affichent nativement des images dans cette résolution. Les gens travaillent sur de nouveaux systèmes de compression et les fournisseurs travaillent sur une plus grande largeur de bande. Avec toutes ces choses qui convergent, nous sentons vraiment que le 4K va décoller dans les prochaines années…

 

MK : Pourquoi, croyez-vous au futur du 4K ?

KW : Nous pensons que, dans cinq ans, le 4K sera au même stade que la HD, il y a dix ans. Il y aura un certain nombre de chaînes diffusées en 4K ; les sports et les informations seront certainement dans ce format. Aujourd’hui, la seule limite est la vitesse de l’ordinateur et la bande passante et ils ne cessent de croître chaque année !

 

MK : Quels sont vos principaux projets en 4K ?

KW : Jusqu’à présent, nous avons fait une série intitulé Mix. L’idée y est de faire le tour des bars et de montrer comment naissent leurs boissons les plus populaires. Nous travaillons également sur une série sur l’Art Déco à Los Angeles ; nous avons d’autres projets en développement…

 

MK : Pourquoi produisez-vous avec la technologie 4K et pourquoi allez-vous poursuivre dans cette voie ?

KW : Parce que c’est la seule technologie innovante qui paraît viable dans le futur pour le moment. Et les programmes que nous produisons aujourd’hui, nous serons toujours en mesure de les vendre dans dix ans lorsque les diffuseurs 4K prédomineront.

Nous continuerons à produire des émissions et à les vendre dans le monde entier dans les deux formats : HD et 4K.

Et nous grandissons, nos projets 4K valorisent notre société.