Quel rôle pour l’intégrateur dans l’installation IPTV ?

Identifiée pour son savoir-faire en matière de déploiement de systèmes de captation satellite et hertzien, Canal Cable propose des solutions de télédistribution à l’attention des organisations de médias, des collectivités, des entreprises. Entretien.
L’équipe CanalCable au service d’une clientèle fidèle et exigeante. © DR

 

Cet intégrateur audiovisuel déploie pour ces entités des solutions IPTV, des solutions d’affichage dynamique ainsi que des solutions de diffusion OTT. Serge Gravis, directeur général et fondateur de l’entreprise, et Pascal Maldonado, chef de projet, décrivent pour Mediakwest leur métier et reviennent sur leur approche…

 

Mediakwest : Quels sont les besoins actuels en matière d’IPTV ?

Serge Gravis : Les besoins exprimés par les entreprises peuvent être pluriels et multiplateformes. Nos clients envisagent leurs applications aussi bien pour les télévisions que les smartphones, les PC… Avec le télétravail, les demandes ont augmenté et les besoins d’affichage s’expriment dans une grande variété de lieux : devant les ascenseurs, dans les halls d’entrée, dans les régies, pour alimenter des murs d’images ou dans les salles de crise… Les besoins sont multiples, nous avons, par exemple, récemment installé pour un client du CAC 40, de l’IPTV dans sa salle de marché interne… Au départ, il est essentiel de discuter avec le client pour comprendre ses besoins et nous choisissons ensemble la meilleure solution.

 

Comment devenez-vous partie prenante dans vos projets IPTV ?

S.G. : Beaucoup de clients nous recommandent. Nous travaillons aussi souvent en collaboration étroite avec Vitec qui est devenu bien plus qu’un fournisseur. Ce partenariat de longue date nous assure une très bonne connaissance de ses solutions technologiques. Nous travaillons plus ponctuellement avec un autre fournisseur, Triple Play. Nous répondons aussi à des appels d’offres qui expriment des besoins d’IPTV, avec le ministère de l’Intérieur par exemple. De manière générale, une fois un client acquis et satisfait, nous travaillons dans la continuité : nous testons de nouvelles solutions et fonctionnalités ensemble et nous avançons ensemble. Parfois avec nos clients, nous proposons aux fournisseurs le développement de nouvelles fonctionnalités.

 

Quelles sont les solutions que vous avez installées chez vos clients ?

S.G. : La solution installée chez nos clients va différer en fonction des demandes. Chez Altice, ils doivent pouvoir voir tout ce qui se passe en direct. Alors ils ont un menu et ils cliquent sur la chaîne qui les intéressent. Ils n’ont pas de fonction replay mais nous pourrions en mettre une en place. Les journalistes ont aussi des players PC pour visionner les chaînes directement sur leur PC.

Pascal Maldonado : En 2024, nous allons mettre en place une autre intégration pour un nouveau client étatique national : nous lui installerons deux chaînes TV en direct avec un filet d’information sur le côté qui permettra d’avoir accès à des infos écrites qui défilent en direct. Nous gérons toute la chaîne : captation, traitement, diffusion internet et déploiements sur les points de diffusion.

 

Comment approchez-vous vos projets ?

Serge Gravis, directeur général et fondateur. © DR

S.G. :  Lorsque nous déployons une solution, le type d’écran est au centre du dispositif : il faut définir s’il faut un smartphone, une TV, une tablette ou un mur d’images… On se questionne sur l’endroit où se situe cet écran pour connaître les besoins en réseau. Puis, nous pensons à la forme que prendra le portail (l’interface qui apparaît sur l’écran) en fonction des demandes. L’offre de Vitec permet notamment de générer une interface d’accueil avec la mise en place de boutons de chaînes, un canal de news ou de météo en encadré sur le côté. Bref, on fait du design d’écran. Il est également possible, si le besoin est exprimé, de créer des groupes avec des portails différents en fonction des étages de l’entreprise…

 

Comment cela se passe-t-il concrètement au niveau réseau ?


P. M.  : Traditionnellement, nous installions les antennes de réception chez le client mais nous pouvons aussi les délocaliser dans nos bureaux avec un déport d’antennes IP.

S.G. :  C’est la solution qui est adoptée pour la boutique Nike sur les Champs-Élysées. L’installation des antennes leur était interdite alors nous avons mis une fibre jusqu’à nos bureaux. Le site profite ainsi d’un signal qui provient de chez nous et qui est monitoré et maintenu. Il y a des demandes pour le déport d’antenne car certains clients reçoivent mal les signaux, ne peuvent pas bénéficier d’antenne ou ne souhaitent pas gérer leur exploitation : certains monuments historiques par exemple ! Cette offre fait vraiment partie de notre valeur ajoutée.

P. M.  :  Une fois que le réseau arrive jusqu’au site du client, nous installons les équipements de distribution. Puis des players appellent le flux multicast, une chaîne à la fois, le décodent et l’affichent via le câble HDMI sur un écran. Une fois le player installé, celui-ci donne accès à un portail personnalisé avec les chaînes demandées. Lorsque nos installations/intégrations sont terminées, nous assurons la maintenance. Nous pouvons contrôler les systèmes à distance et nous tenir disponibles. Nous intervenons si un player tombe en panne, mais cela est très rare car les équipements sont robustes. En réalité, nous intervenons le plus souvent pour mettre à jour les logiciels avec intégration de nouvelles fonctionnalités et de chaînes : si une disparaît ou s’ajoute, ou si l’une d’entre elles passe du format HD au format UHD…

 

Combien de temps cela vous prend-il pour déployer une solution ?

S.G. :   C’est variable. Au départ, il y a la phase de mise en route du réseau : une à deux semaines. Puis, il y a le déploiement des players et cette phase dépend de beaucoup de facteurs : nombre de players, disponibilité du service informatique de la société dans laquelle on installe la solution, volonté du client.

P. M.  :  Lors de l’emménagement sur un nouveau site, les collaborateurs du service informatique auront bien d’autres priorités à gérer que le déploiement de l’IPTV, alors cela peut être un peu lent. De notre côté nous n’intervenons que quand les prises sont montées dans le réseau (brassées), et cela ne dépend que du client.

 

Quel a été votre plus grand défi ?

P. M.  :  Le plus grand défi c’était Roland-Garros. On a développé des solutions customisées d’affichage dynamique pour afficher les scores.

S.G. :   C’est un des rares clients où nous avons suivi l’exploitation en plus de l’intégration. On devait déployer 200 players en une semaine pour le tournoi. C’était pour toutes les télés du stade : les portes d’entrée, les tentes, les loges, les salons de réceptions…

P. M.  :  On récupérait les chaînes de la régie que l’on encodait. La diffusion était multisite et outre Roland Garros, il y avait aussi le centre d’entraînement Porte d’Auteuil et le stade Jean-Bouin. Pour l’IPTV, nous avons utilisé la solution Vitec mais pour l’affichage dynamique, nous avions déployé notre propre solution en attendant que Vitec apporte les fonctionnalités manquantes dans leur solution au départ.

 

La relation avec Vitec ?

P. M.  :  Notre relation a démarré avec Exterity, une société écossaise, il y a un peu plus d’une dizaine d’années. Puis Vitec a fusionné avec Exterity. Nous les avons sélectionnés parce que leurs players s’alimentent sur la prise réseaux, ce qui évite d’avoir deux prises derrière la télé et cela limite les pannes.

S.G. :   C’était aussi les seuls qui savaient éteindre les télévisions à distance lorsque l’on a démarré. On peut programmer l’allumage et l’extinction des télévisions à l’heure que l’on souhaite.

 

Vos actus ?

P. M.  :  Nous faisons du monitoring et nous commercialisons des sondes de mesure des flux IPTV afin de contrôler la qualité du réseau de transport IP et la qualité des contenus. Nous avons d’ailleurs déployé ces solutions sur la tête de réseau de Canal+ et nous sommes en cours de déploiement d’une solution identique chez Orange Moldavie.

 

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #54, p. 152-153