On garde toujours une caméra dans la veste, prête à capter un rayon de lumière. © Aurélie GoninLes smartphones font désormais partie du paysage audiovisuel. On les croise sur bon nombre de tournages et les accessoires qui leur sont dédiés s’étalent au Satis sur les stands des plus gros loueurs de matériel professionnel. Il faut reconnaître qu’ils sont pratiques car très réactifs et faciles à utiliser, surtout quand le but est de partager au plus vite, voire en direct, les images produites. Et surtout, on les a toujours avec soi, ce qui fait que nous avons constamment en main une caméra prête à tourner.
Si la qualité des images ainsi filmées a longtemps fait défaut et restreint leur diffusion aux seuls événements d’actualité en tant que témoin privilégié des catastrophes en tout genre, le rendu visuel a progressé et le public s’est habitué aux formats verticaux qui étaient jusqu’alors perturbants.
Pour autant, leur prise en main, la petitesse de leur capteur et la limite des réglages possibles font que pour beaucoup il reste très frustrant de se contenter d’un tel appareil de prise de vue. Heureusement, il existe une grande variété de caméras de toutes tailles, spécificités et prix, parmi lesquelles on peut trouver celle qui ne nous quittera plus et nous accompagnera dans tous nos déplacements, du matin au soir, aux côtés d’un téléphone relégué au rôle d’outil de communication.
Même si dans certaines contrées, où les matinées commencent avec des chocolatines, on considère qu’une poche est un sachet, celles dont je vais parler ici sont ces petits espaces bien pratiques cousus dans nos vêtements. De tailles variables en fonction de l’habit et du modèle, c’est leur design et leur contenance qui vont déterminer ce qu’on pourra y enfourner. Le choix du modèle de caméra se fera donc en fonction du type de poche dans laquelle il est destiné à être inséré.
Si dans la poche poitrine de notre chemise on souhaite troquer le vieux stylo à bille, devenu obsolète, par une caméra, il faut que celle-ci soit vraiment petite et plate pour pouvoir entrer dans ce compartiment et y rester toute la journée. On regardera donc forcément du côté des compacts, et même, parmi ceux-ci, plutôt dans les entrées de gamme que dans les experts déjà plus volumineux.
Le Fuji XF10, avec sa focale fixe équivalente à un 28 mm ouvrant à F2,8, paraît être le choix idéal. Équipé d’un capteur APS-C, soit tout de même quatorze fois plus grand que celui de la plupart des smartphones, il ne pèse que 280 grammes et coûte moins de 500 euros. La vidéo UHD étant limitée à quinze images par seconde on se contentera de tourner en HD aux cadences standards ou doubles (50 et 60 i/s).
Pourquoi sinon ne pas opter pour une DJI Osmo Pocket 2, qui, comme son nom l’indique, est conçue pour se ranger dans une de nos poches entre deux suivis archi-fluides de tous nos déplacements, pour seulement 370 euros ?
Si ce sont les images à 360 ° qui nous excitent, nous pourrons opter pour un modèle de la gamme Theta de Ricoh, qui couvre un large éventail de performances et de tarifs, de 300 à 1 000 euros. Avec leurs formes allongées, ces caméras s’insèreront facilement dans notre chemise.
Déjà un tout petit peu plus volumineux mais toujours léger (300 g) le Canon G7X MIII est l’héritier d’une lignée d’appareils ayant fait leurs preuves. On pourra cette fois tourner en UHD et même diffuser en live sur YouTube, en bénéficiant d’un zoom équivalant à un 24-100 mm avec une grande ouverture (F 1,8/2,8) sur un capteur d’un pouce, pour un peu moins de 800 euros.
Ainsi, même avec des contraintes de volume maximales, on trouve des caméras qui apportent un vrai plaisir d’utilisation et un réel gain de qualité par rapport à celles dont sont pourvus nos téléphones.
Peut-être a-t-on aussi des poches sur notre pantalon ? À l’arrière sur les fesses, sur les hanches, ou en cargo sur les côtés ? Auquel cas on gagne un peu en espace, ce qui nous autorise à jeter un œil du côté des compacts experts.
Les deux références de cette gamme sont le Lumix LX100 II et le Sony RX100 VII (eh oui, déjà une septième version !). Ils sont équipés respectivement d’un capteur 4/3 et 1 pouce et de zooms Leica 24-75 mm F1,7-2,8 et Zeiss 24-200 mm F2,8-4,5 en équivalent plein format.
L’ergonomie du Lumix a gardé la place pour plusieurs bagues de point, diaph et molette de vitesse pour pouvoir réellement envisager de l’utiliser en manuel. Le Sony quant à lui met en avant les performances de son autofocus, la stabilisation des vidéos UHD et une prise micro rare pour une caméra de cette taille. L’idée est donc d’avoir un petit outil performant et polyvalent à transporter toujours avec soi, aux tarifs respectifs de 800 et 1 250 euros.
À titre personnel j’ai un LX100 II qui m’accompagne dans toutes les sorties en montagne et qui pour moi est un excellent compromis entre une action cam et une caméra plus grosse qui ne tient plus dans les poches et qui se trouve ainsi inutilisable dans toutes les nombreuses situations où on ne peut pas poser son sac à dos pour en sortir un appareil.
Dans le gabarit des compacts experts on peut aussi se pencher sur trois appareils à focales fixes : le Ricoh GR III, le Fuji X100V ou la série DP de Sigma. Les trois sont équipés de capteurs APS-C et d’objectifs équivalant en plein format à 28 mm pour le Ricoh et 35 mm pour le Fuji. Chez Sigma on choisit sa focale entre 20 mm, 28 mm, 45 mm et 60 mm. Le 28 mm serait à mon avis le choix le plus polyvalent. Si vous aimez le travail avec une focale fixe, c’est un excellent moyen d’allier qualité et compacité à des tarifs raisonnables : moins de 1 000 euros pour les Ricoh et Sigma, et 1 500 euros pour le Fuji.
Profitons maintenant d’une poche un peu plus vaste, comme la « kangourou » d’un sweatshirt à capuche ou la latérale d’une veste coupe-vent, pour regarder du côté des petits hybrides. Forcément plus encombrants que les compacts du fait de leur objectif moins rétractable, ils offrent néanmoins des performances exceptionnelles dans des volumes très restreints. L’offre est aujourd’hui très vaste, puisque chaque fabricant propose un ou plusieurs modèles dans cette catégorie, qui est celle vers laquelle semble se concentrer l’essentiel des recherches, au point qu’il devient parfois difficile de s’y retrouver au milieu de cette profusion d’appareils qui revendiquent tous d’être le plus petit et léger de leur catégorie.
Parmi eux on s’intéressera tout particulièrement au Sigma FP, l’hybride plein format de poche qui, couplé avec l’optique 45 mm F2,8 en monture L, offre une qualité époustouflante dans un boîtier incroyablement compact, pour un kit à 2 300 euros. À un tarif légèrement inférieur, Sony propose l’Alpha 6600, avec un capteur APS-C, en mettant en avant son autofocus et la stabilisation sur cinq axes.
Pour des budgets plus réduits, en-dessous de 1 000 euros, on regardera du côté de Nikon avec le Z50, petit frère de la série Z au capteur DX cette fois, avec son objectif rétractable donnant un 24-75 mm et une qualité d’image impressionnante.
Chez Canon on se penchera sur l’EOS M6 Mark II au capteur APS-C très sensible, idéalement couplé à une focale fixe ultra-compacte et agrémenté d’un viseur amovible pour gagner encore en encombrement.
Fuji est encore une fois présent dans la catégorie avec le X-T200, un hybride APS-C stabilisé petit mais performant et qui offre toujours les picture profiles inspirés des pellicules. Dans une gamme similaire je possède un XT-30 dont j’apprécie énormément le confort d’utilisation et le rendu visuel, et qui est la caméra que j’emporterai en trek dans le Karakorum.
Si vous troquez souvent votre pantalon pour un boardshort, ce que je vous souhaite, il serait dommage de vous passer pour autant d’avoir une caméra dans la poche, car l’offre en matière d’appareils étanches s’étoffe constamment. Selon l’activité pratiquée on pourra s’orienter vers une action cam, et peut-être plus particulièrement la GoPro Hero 8 Archi stabilisée ou l’Insta360 One R1’ au capteur plus grand que ses concurrentes. Malgré leur petite taille je n’ai volontairement pas mentionné d’action cam précédemment car pour une utilisation courante, en dehors des sports, elles ne me paraissent pas être les caméras les plus adaptées.
Si on porte notre boardshort pour une sortie en snorkeling au milieu des coraux, alors on regardera plutôt du côté des compacts étanches : Ricoh WG-70, Olympus Tough TG6, Nikon Coolpix W300, Fuji XP140. Si je les présente en bloc c’est que leurs caractéristiques sont très semblables, donc vous choisirez celui dont l’ergonomie vous paraît la plus agréable, en appréciant leur robustesse. Il y a quelques années Nikon m’avait demandé de réaliser une vidéo de présentation du Coolpix AW130 pendant un voyage en Papouasie, et j’avais été bluffée par les images engrangées par ce « jouet ». Ne pas hésiter à en placer un dans sa poche donc, en pensant peut-être à le relier au vêtement par un leash pour ne pas risquer de le voir disparaître au premier plongeon.
Un point commun à tous ces appareils est leur capacité à se connecter en Bluetooth à nos smartphones via des applications dédiées et à y transférer facilement les images en wi-fi pour les assembler lorsqu’il s’agit de prises de vue à 360 ° et surtout les partager rapidement. Ils cherchent clairement à séduire la clientèle des nouveaux créateurs de contenus et à concurrencer les téléphones comme outils de prise de vue. On apprécie que grâce à cette tendance du marché les fabricants s’adressent maintenant davantage aux vidéastes qu’aux adeptes de l’image fixe, ce qui nous permet de bénéficier d’évolutions plus que satisfaisantes de nos équipements.
Le retour douteux des fanny packs, ces sacoches bananes à porter sur le ventre, pourrait nous inciter à oser regarder vers les alléchants modèles plus volumineux et plus hauts de gamme, mais je crains qu’on ne sorte alors de la catégorie des caméras « pocket ». Le bonheur se trouve peut-être alors dans ces vestes d’explorateurs aux multiples poches que les photographes japonais affectionnent tant ?
Mais on l’a vu, sans avoir besoin de nous déguiser, nos accoutrements habituels offrent déjà de multiples options pour transporter partout avec nous une petite caméra, et les fabricants conçoivent toujours plus de modèles aux rapports dimension/qualité époustouflants. On n’aura donc aucune excuse pour ne pas trouver le modèle qui nous ravira et que l’on portera désormais sans cesse sur soi.
Article paru pour la première fois dans Moovee #4, p.34/37. Abonnez-vous à Moovee (6 numéros/an) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.
