Le relief passif a du relever deux défis. D’abord le manque de lumière. Les images 3D passives doivent passer successivement par deux filtres : celui d’un polarisateur placé devant l’objectif du projecteur puis les verres des lunettes des spectateurs. Chacun de ces filtres retient une partie de la lumière émise depuis la cabine. Pour compenser cette déperdition, RealD a lancé en 2008 son procédé RealD XL, une technologie qui recycle la lumière captée par le polarisateur pour la renvoyer vers l’écran. Les autres prestataires de la 3D passive ont adopté des principes similaires, ce qui a donné et donne encore lieu à des batailles de brevets complexes.
Le manque d’uniformité lumineuse est l’autre faiblesse des premières solutions de projection passive. L’écran est recouvert d’une peinture à fort pouvoir réfléchissant qui renvoie plus de lumière vers la salle mais de façon dispersée : il y a beaucoup plus de luminosité au centre de la toile (ce qu’on appelle un “point chaud”) que sur ses bords. Le manque d’uniformité est aggravé par la répartition aléatoire des pigments de peinture réfléchissants sur l’écran.
Ces défauts sont accentués quand les projections se font en 2D étant donné que le projecteur renvoie beaucoup plus de lumière vers l’écran (pas de filtres intermédiaires). Face aux critiques des professionnels, la première réaction en France a été d’interdire les écrans argentés à partir de mars 2017. Mais les prestataires du relief ne sont bien sûr pas restés inactifs.
De nouvelles formules de peinture réfléchissante ont été mises au point, ce qui a permis à RealD et au fabricant d’écrans Harkness de lancer en 2013 une nouvelle génération de toiles argentées (Precision white screen pour le premier, Clarus pour le second, les deux étant fabriqués par Harkness). Ces toiles ont sensiblement amélioré l’uniformité lumineuse. Elles ont commencé à remplacer les premières générations de toiles argentées dans les salles.
RealD a fait un pas supplémentaire cette année en lançant le Ultimate screen au congrès des exploitants américains (CinemaCon) en avril. C’est un écran de conception entièrement nouvelle : la toile classique en PVC est remplacée par un matériau rigide très fin sur lequel le revêtement réfléchissant peut être appliqué de manière parfaitement uniforme. Cette solution est particulièrement adaptée à la projection laser : comme l’Ultimate screen est rigide, il est possible de lui donner un léger mouvement vibratoire pendant la projection pour atténuer les effets de speckle. En outre, la taille des perforations est extrêmement réduite (150 microns), ce qui corrige les imperfections qui peuvent apparaître quand elles sont plus importantes (habituellement, le diamètre des micro-perforations est au minimum d’un millimètre).
Cette innovation a un prix : le mètre carré de la toile Ultimate coûte entre 4 à 5 fois plus cher qu’une toile traditionnelle. Elle est par ailleurs réservée aux salles qui utilisent des solutions de projection 3D passive de RealD.