Ross Video, l’hyperconvergence

Durant le dernier IBC, Ross Vidéo avait fait le choix de limiter la présence de matériels sur son stand, mettant en avant le thème de l’hyperconvergence. Un entretien avec Todd Riggs, directeur de la gestion des produits et solutions hyperconvergés à Ross Video.
Un multiviewer puissant, l’une des nouveautés d’Ultrix FR 12. © DR

 

Pouvez-vous parler de vos nouveaux produits phares ?

Todd Riggs : Sur ce stand, nous annonçons et présentons un nouveau membre de la gamme Ultrix, le FR12. Il vient enrichir la gamme en offrant des performances accrues pour le routage et le traitement de signaux. Nous y avons apporté quelques améliorations, par exemple un Gateway breveté. La gamme Ultrix vise à mettre en place ce que nous appelons l’hyperconvergence, c’est-à-dire une plate-forme matérielle unique assurant une série de fonctions autrefois prises en charge par de nombreux équipements différents, un peu à la manière des smartphones, qui remplacent à eux seuls une série d’appareils. Il s’agit d’utiliser une base matérielle plutôt simple et d’y ajouter différentes fonctions à l’aide de couches logicielles : routage audio/vidéo, traitement audio/vidéo, multiviewer, commutation, ou tout cela à la fois !

 

Todd Riggs, directeur de la gestion des produits et solutions hyperconvergés à Ross Video © DR

Le client achète le matériel, puis paie un supplément pour les différentes fonctions ?

Prenons par exemple les multiviewers : vous pouvez acheter seulement un multiviewer si c’est tout ce dont vous avez besoin à ce moment-là, mais s’il vous faut plus tard trois licences de plus, vous pouvez les acheter. Ce n’est pas un système d’abonnement, mais de licences achetées une seule fois et qui se cumulent : vous pouvez donc ajouter, à la carte, des multiviewers, des synchroniseurs de trame, des mixeurs audio, et ainsi de suite. Certains de nos clients achètent des systèmes complets dès le départ, d’autres commencent avec le minimum et le développent par la suite.

 

Ce nouveau modèle Ultrix est-il destiné au même type de client que ses prédécesseurs ?

Nous ciblons en effet le même type de client, mais les performances renforcées du FR12 lui permettent d’être utilisé pour des applications plus exigeantes, des infrastructures plus importantes, etc.

 

Êtes-vous d’accord avec ceux qui disent qu’Ultrix est une sorte de couteau suisse ?

Tout à fait, et en lançant Ultrix pour la première fois nous parlions nous-mêmes d’« infrastructure en boîte », et c’est la même idée. Nous parlons maintenant d’hyperconvergence, parce que les nouvelles moutures de la plate-forme peuvent même faire bien plus qu’une infrastructure traditionnelle. C’est d’ailleurs un vrai défi, d’arriver à trouver une expression qui fasse comprendre tout le potentiel de cette solution !

 

Nouveauté, le modèle Ultrix FR12 vient enrichir la gamme en offrant des performances accrues pour le routage et le traitement de signaux. © DR

Et à part ce nouveau modèle Ultrix, y a-t-il d’autres annonces ?

Cet été, nous avons lancé une nouvelle version de nos cartes d’E/S SDI, notamment en raison de la pénurie de pièces qui touche le secteur en ce moment. Les nouvelles cartes offrent une capacité accrue, mais la grande nouveauté de l’année reste bien sûr l’Ultrix FR12. C’est une réponse à une demande importante de la part de nos clients qui apprécient la solution mais souhaitent simplement plus de performances.

 

Ross semble se montrer plutôt prudent vis-à-vis du cloud ; pouvez-vous en dire plus sur la position de l’entreprise à ce sujet ?

Ross a adopté une stratégie à deux volets : tout d’abord il y a l’hyperconvergence, avec Ultrix, dont l’immense succès a convaincu de nombreux clients de suivre ce modèle. Nous y avons ajouté petit à petit de nouvelles fonctions sur la base des besoins exprimés, jusqu’à ce qu’il devienne une plate-forme tout-en-un ; l’étape suivante est alors d’augmenter sa capacité, mais Ultrix est en tout cas le fer de lance de l’approche hyperconvergée de Ross. Celle-ci, qui fait principalement appel à des déploiements sur site, représente donc le premier volet de notre stratégie. L’autre est quant à lui centré sur le cloud, avec des solutions comme Graphite CPC ou notre écosystème de workflows de production.

Pour nous, la question n’est pas de savoir si nous adoptons le cloud ou non, puisque nous jouons sur les deux tableaux : bien souvent, le client a besoin à la fois d’une infrastructure sur site et de ressources dans le cloud, et nous devons bien sûr lui proposer pour cela un écosystème cohérent.

 

Pouvez-vous parler des différents marchés sur lesquels vous êtes présents ?

Il y a les chaînes de télévision, bien sûr, puis les cars-régie, les institutions publiques, les grandes entreprises, les lieux de culte, l’enseignement… Certains de ces marchés utilisent le cloud, d’autres non ; certains utilisent nos solutions hyperconvergées, d’autres non : cela fait donc toute une série de différents besoins auxquels nous devons nous adapter.

 

Êtes-vous souvent contactés par des clients qui ont besoin d’un intégrateur système, ou se contentent-ils généralement d’acheter un système clés en main ?

Nous n’avons pas d’expertise en tant qu’intégrateurs système et ce n’est pas notre activité, mais il est vrai que les clients sont demandeurs de solutions de plus en plus diverses. Ils sont nombreux à vouloir faire plus avec moins de moyens, et nos solutions hyperconvergées répondent donc à ce besoin. Il y aura toujours, bien sûr, des clients qui nous achètent un appareil seul, mais ils sont de plus en plus nombreux à nous demander des solutions complètes.

 

 

Une question qui sera peut-être difficile : pensez-vous que certains clients manquent d’expertise en interne et comptent sur vous pour combler cette lacune ?

Vous avez raison, c’est une question difficile ! En fait, je pense que cela dépend de la technologie. Nous avons remarqué une transition dans le secteur : de nombreux ingénieurs broadcast « traditionnels » sont en train d’atteindre l’âge de la retraite, tandis que la nouvelle garde a plus l’habitude de l’informatique et des réseaux IP. Ces deux groupes ont des expertises complémentaires et certains de nos clients plus traditionnels ont donc beaucoup à apprendre pour utiliser efficacement les réseaux IP que nos solutions proposent.

Pour les très grandes organisations, ce n’est pas un problème, puisqu’elles ont accès à l’expertise nécessaire au sein de leur personnel ; mais cette expertise et cette expérience en informatique ne sont souvent pas présentes chez les acteurs plus petits. Nous mettons donc tout en œuvre pour comprendre les besoins de ces clients-là et pour les aider à créer des workflows adaptés à leur métier.

 

Ce qui est simple du point de vue du client est souvent très complexe en termes d’ingénierie…

Si j’ai un problème avec un Ultrix SDI, ce n’est pas trop difficile de retrouver son origine en utilisant un moniteur de forme d’onde ou un oscilloscope. Mais dans un environnement IP, l’expertise nécessaire pour diagnostiquer un problème n’est pas du tout la même, car je dois me plonger dans les paquets IP et ainsi de suite. Beaucoup de clients n’ont pas les outils qu’il faut, ni les compétences : c’est pourquoi nous faisons beaucoup pour les aider dans ce sens, notamment en proposant des formations. Lors de mes échanges avec des confrères chez d’autres fabricants, je remarque que nous pensons tous la même chose, à savoir que le secteur tout entier est en train d’opérer une transition qui s’accompagne bien sûr de nouveaux défis à relever.

 

Avez-vous l’impression que les clients sont de plus en plus demandeurs de solutions à faible empreinte carbone, respectueuses de l’environnement ?

Ces préoccupations commencent à gagner du terrain en Amérique du Nord, mais elles sont déjà bien implantées en Europe, où les clients sont attentifs à la consommation de leur équipement. C’est d’ailleurs l’un des enjeux de nos solutions hyperconvergées : plus nous réussirons à faire en sorte qu’un unique appareil joue des rôles nombreux, et moins il consommera d’énergie, moins il aura besoin de ventilation, moins il sera encombrant, et ainsi de suite. C’est donc un sujet qui nous tient à cœur, et nous avons également lancé plusieurs initiatives sur nos sites de fabrication afin de les rendre plus respectueux de l’environnement.

 

Comment voyez-vous l’avenir de Ross dans quatre ou cinq ans ?

Pour ma part, je suis dans la maison depuis huit ans et j’ai assisté à une croissance phénoménale ! Je trouve que les dirigeants de Ross ont une vision stratégique claire pour l’entreprise et qu’ils savent où ils vont. La production en direct sera toujours notre cœur de métier et nous y excellons, mais il y a également beaucoup d’innovation au sein de l’entreprise, par exemple avec Ultrix. David nous y encourage en interne, et quand l’entreprise fait des acquisitions, c’est pour ajouter des fonctions pertinentes à ses produits : système de contrôle des voyants témoins, mélangeur, routeur, robots, etc.

 

La production virtuelle est-elle importante pour vous ?

Oui, et la pandémie a vraiment mis en valeur cette technologie. Nos solutions peuvent prendre en charge des productions en réalité augmentée et des productions à distance, et notre feuille de route pour l’avenir inclut des projets pour continuer dans cette voie en termes de commande et de connectivité.

 

Extrait de notre compte-rendu de l’IBC 2022 paru pour la première fois dans Mediakwest #49 p. 40-86