Salon Films et domeprojection.com : le cinéma 360° souple et low cost

Présenté en grande pompe lors du dernier marché du film de Hong Kong (Filmart), un nouveau système de captation et de projection pour les écrans géodésiques, développé par la société hongkongaise Salon Films en partenariat avec la société allemande domeprojection.com, entend démocratiser sensiblement la production et l'exploitation de contenus projetés à 360°. Explications en compagnie du manager de Salon Films, M. Tony Ngai.
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Mediakwest : Quelles sont vos échéances à partir de cette première présentation officielle ?

M. Tony Ngai : Notre philosophie est d’ouvrir de nouveaux horizons. Le principe de la projection géodésique n’est pas nouveau mais rendre plus accessible la captation et ce type de projection peut créer un véritable nouveau marché. Nous pensons qu’il y a un intérêt artistique et économique à ouvrir cette technologie sur d’autres types de contenus et à sortir cette expérience encore principalement confinée aux musées de l’espace.

Nous comptons développer un premier marché ici à Hong Kong en réalisant plusieurs captations de spectacles  vivants et de lieux spectaculaires de la région. Nous organiserons bientôt une projection au musée de l’espace de Hong Kong pour démontrer les capacités de notre plateforme à sept caméras. Pour l’instant, nous avons ce teaser mais nous souhaitons bientôt illustrer avec plus de consistance ce que nous appelons un « divertissement immersif de nouvelle génération » qui soit déclinable partout. Nous proposons des solutions de projections
amovibles, utilisables dans les parcs d’attractions ou lors d’événements temporaires. Durant ces trois jours au Filmart, nous avons eu des retours très positifs d’agences, de sociétés de production, d’institutions, de réalisateurs… Nous découvrons à peine le potentiel commercial de notre projet.

MK : Votre système est-il opérationnel pour du broadcast ?

TN : Il s’agit de l’un de nos deux pôles majeurs de recherches. L’un d’eux est d’adapter des jeux vidéo à notre système de projection. Nous parlons souvent d’immersion dans le monde des jeux vidéo. Avec notre système, imaginez avoir la possibilité de jouer sous une véritable géode. Ce premier pôle de recherche nous ramène invariablement au deuxième. Quitte à jouer sous un dôme, autant jouer online et nous travaillons activement sur des solutions de retransmission en direct. Le broadcast, c’est un peu notre frontière finale et ce n’est pas évident car tout repose sur l’efficacité de notre système d’encodage.

MK : Pourquoi avoir choisi la Red EPIC pour équiper votre plateforme ?

TN : La Red EPIC est, pour le moment, la seule caméra proposant une résolution 5K. Même si vous n’en exploitez pas tout le champ, disons à hauteur de 80 %, vous avez, quoiqu’il arrive, vos 4K garantis et les capteurs 6K seront prêts d’ici la fin de l’année… Vu nos surfaces de projection, comme les écrans des grands musées de l’espace, nous avons des besoins énormes en résolution car nous voulons dépasser la définition des supports actuellement proposés sur ces écrans. Nous utilisons ainsi sept caméras EPIC synchronisées sur notre plateforme. Cinq pour la prise de vue horizontale plus deux pour la prise de vue verticale. À titre de comparaison, au musée de l’espace de Hong Kong, ils utilisent deux projecteurs Sony 4K. Nous savons donc déjà que notre système peut sans problème s’aligner avec ces 8K de résolution projetés, et même sensiblement les dépasser. L’autre raison est que Red a un centre technique en Chine et, dès le départ de nos recherches, l’entreprise nous a promis tout le soutien nécessaire, presque sans conditions. Ce fut un soutien inespéré qui nous a permis d’avancer très vite.

MK : Vous ne pouvez pas encore communiquer sur le look de votre plateforme. Quel en est l’encombrement?

TN : Il est complètement raisonnable. Le système à sept caméras fait environ 1,2 m de diamètre et peut être accueilli sans problème sur des systèmes classiques de travelling. Je me souviens qu’il y a vingt ans, nous expérimentions un système à sept caméras qui imprimaient du 35 mm pour les besoins d’un film Disney et elles pouvaient à peine couvrir 360 ° ! Nous connaissons donc bien ces problèmes et je vous garantis que plus rien n’est lourd ou encombrant à l’ère du numérique. Nous utilisons actuellement des métaux légers mais les prochaines versions de la plateforme seront en matériaux composites. C’est aussi une des raisons du choix de la Red EPIC, la plus légère des caméras proposant une telle résolution et accueillant des cartes de format SSD.

MK : Quels problèmes d’alignement avez-vous rencontrés ?

TN : Nous travaillons avec les experts de domeprojection.com. Ils possèdent beaucoup d’expérience sur les questions d’alignement de système à caméras multiples dans les simulateurs militaires. Ils ont conçu la plateforme avec une intégration complète des alignements donc nous sommes entièrement couverts sur la qualité de l’unicité de l’image. Nous n’avons qu’à installer nos caméras et le système est de suite opérationnel. Les optiques sont en revanche spécifiques et leur cahier des charges a été également établi par l’équipe de domeprojection.com. Là encore, la Red EPIC est parfaitement adaptée grâce à un système déjà opérationnel pour la stéréoscopie. Le principe de synchronisation des caméras « maîtres » et « esclaves », si vous pouvez l’appliquer à deux caméras, est très simple d’application pour sept. Dans le pire des cas, tous les problèmes d’ingénierie font l’objet d’une réactivité exceptionnelle de la part des équipes de Red. Comme je vous l’expliquais, j’ai la bénédiction et le soutien de ces sociétés. Sans eux, jamais nous nous serions lancés dans ce projet. À mon niveau, c’est un luxe énorme de n’avoir à me soucier que de workflow, de communication et des partenaires commerciaux.

MK : Qu’en est-il justement de la 3D relief ?

TN : Nous y pensons évidemment mais la projection sur dôme est déjà une expérience immersive. Le relief pose des soucis évidents liés au port de lunettes dans notre environnement. Elles limitent la luminosité et le champ de vision. Nous travaillons sur un système de conversion stéréoscopique satisfaisant de nos images mais, selon moi, le relief doit rester quelque chose d’optionnel.

 

MK : En termes de projection, vous visez une souplesse inédite…

TN : Nos systèmes de projection pourront être acquis ou loués dans une très grande variété de taille. Nous sommes déjà en discussion avec par exemple une société qui souhaite diffuser des courses automobiles dans ce format. En ce qui concerne les coûts, notre système est suffisamment souple pour s’adapter à une fourchette très large de clients. Si vous estimez que le surcoût ne compromet pas votre marge bénéficiaire, vous n’avez aucune raison de ne pas vous lancer. Mais nous venons tout juste de présenter publiquement notre projet et, en deux jours, l’enthousiasme a laissé la place à toutes les questions d’application. Les gens s’interrogent surtout sur quel type de contenu notre système pourrait valoriser. Un producteur nous a posé la question pour des avant-premières événementielles de long-métrage ou pourquoi pas, un film promotionnel comme un teaser spécial pour les dômes. Dans un tel cas de figure, il est évident que la production a besoin d’utiliser notre système dès le tournage. C’est une idée intéressante, aussi parce qu’une fois votre teaser prêt, vous pouvez le projeter dans les musées de l’espace partout dans le monde. Notre système est compatible avec n’importe quel système de projection géodésique.

MK : Qui est le fabricant des objectifs ? Une société japonaise ?

TN : Je ne peux pas le dévoiler pour l’instant ? (Rires) Disons que ce prestataire possède les plus larges parts de marché dans le monde dans ce domaine. Il fournit une marque et un modèle spécifique calibré par les experts de domeprojection.com.

 

Liens utiles :
www.salonmedia.com
www.domeprojection.com

Démos :
http://youtu.be/6C3fk2yAi20
http://youtu.be/w_XhFm-rTXc