Le MD 421 dans sa version historique et dans sa nouvelle version compacte, ici dans une série collector lancée spécialement pour les quatre-vingts ans. © DR
Quatre-vingts ans se sont écoulés depuis la création en 1945 du labo historique par le Dr Fritz Sennheiser. Aujourd’hui, l’affaire pilotée par les petits-fils du fondateur est restée familiale et indépendante, même si elle est devenue au fil du temps un acteur majeur dans le monde de l’audio, tant grand-public que professionnel. Pour le constructeur, cet anniversaire sera l’occasion de célébrer ses produits iconiques au travers de promotions, d’offres et séries spéciales.
Entre la création du « Laboratorium Wennebostel » par Fritz Sennheiser et l’entreprise que nous connaissons aujourd’hui, c’est bien une succession d’inventions et de produits innovants voire disruptifs que la firme de Wedemark a inventé et mis sur le marché. Rewind…
Des produits iconiques
Si on jette un œil dans le rétroviseur, des produits estampillés Sennheiser devenus des standards, il y en a quelques-uns et ce serait trop long de les mentionner tous, mais certains retiennent plus l’attention ou la sympathie que d’autres. Par exemple, dans la section microphone, on peut sans risque citer des incontournables comme le MD 21 pour le reportage, le MD 421 pour sa polyvalence ou encore le MKH 441 d’abord utilisé sur perche par les preneurs de son, puis comme « micro cam » sur les caméras.
Au rayon casque, le HD 414 reconnaissable à ses oreillettes en mousse jaune reste un produit historique par excellence. D’abord parce qu’il a initié dès 1968 le concept de casque ouvert mais aussi parce qu’il a créé le marché du casque musical grand public, un secteur devenu actuellement encore plus important depuis la banalisation de l’écoute nomade. Autre casque incontournable, le fameux HD 25 est devenu un vrai standard, tant sur les tournages que parmi les DJ.
Mais Sennheiser, ce sont aussi des technologies qui ont révolutionné à jamais nos pratiques comme le premier système HF au monde, le fameux Mikroport diffusé dès 1957 sous la marque Telefunken. Mais, comme aime à le rappeler Daniel Sennheiser, co-PDG de l’entreprise, la création de tous ces produits iconiques n’aura jamais été un long fleuve tranquille : « Le chemin vers le futur n’est jamais simple. Cette année, nous ne célébrons pas seulement nos succès, mais aussi les produits qui ne sont pas devenus des jalons, qui n’ont pas été commercialisés ou qui étaient tout simplement en avance sur leur temps. »
Savoir apprendre de ses erreurs, c’est sans doute un des axes forts qui émane de la philosophie de l’entreprise, comme le souligne Andreas Sennheiser, également co-PDG : « Ces produits ont souvent été le point de départ de nos développements les plus audacieux. Ils montrent que l’innovation n’est pas une destination, mais un chemin. Et sur ce chemin, chacun de nos produits incarne quatre-vingts ans d’expérience, de curiosité, et la volonté constante de remettre en question le statu quo. »
Diversification et acquisition
Mais en parallèle de son développement interne, le groupe Sennheiser a également mené une politique d’acquisition déterminée : Neumann en 1991, Dear Reality dès 2019, Merging Technologies en 2022 ou encore Show Code en 2024. Aujourd’hui intégré à Neumann, Merging donne au groupe une expertise complète dans tous les domaines de l’audio pro. Au-delà des microphones et des enceintes de monitoring, le groupe gagne ainsi une expertise globale en matière d’interfaces audio, de logiciels pour le studio (Pyramix), pour le live et l’événementiel (Ovation), mais aussi en matière d’audio sur IP (AES 67, Ravenna, SMPTE 2110…).
L’acquisition de Show Code, société spécialisée dans les logiciels audio, se justifie quant à elle par le besoin de faire évoluer rapidement le logiciel SoundBase. Quant à l’intégration des technologies audio 3D issues de Dear Reality, elle a permis de développer la gamme Ambeo. Et comme ces dernières font aujourd’hui partie du patrimoine de l’entreprise, elles se retrouvent également utilisées dans des domaines parfois éloignés de l’audio pro au sens strict : « Nous travaillons sur nos algorithmes audio 3D depuis plus de vingt-cinq ans ! ils sont aujourd’hui utilisés en réalité virtuelle, augmentée ou encore dans l’automobile. Il faut penser en dehors des cadres, plutôt que d’avancer tout droit », conclut Andreas Sennheiser.
Notons que dans les secteurs de l’intégration et de l’accessibilité, des technologies Sennheiser comme MobileConnect (écoute assistée), Team Connect Celing (micro de plafond pour salles de réunion ou de conférence) ou SpeechLine Digital Wireless (système de micros sans fil numérique conçu pour la parole) marquent des points. Dans le monde de l’éducation, ces produits ont ainsi été choisis pour équiper des lieux emblématiques comme l’Université Catholique de Lille, la British Academy ou le All Souls College qui fait partie de l’université d’Oxford.
Les nouveaux produits
Comme toutes les entreprises évoluant dans l’industrie audiovisuelle, Sennheiser doit composer avec les difficultés du secteur et Andreas Sennheiser ne s’en cache pas : « 2024 a été une année difficile. Mais malgré des conditions de marché instables, nous avons su consolider notre position sur le marché de l’audio professionnel, tout en faisant avancer plusieurs projets d’avenir structurants. Ce fut une année exigeante, mais décisive pour poser les bases de notre croissance future. »
Parmi les lancements de produits, la solution « Profile Wireless » destinée aux créateurs de contenus ou encore la version compacte du MD 421 ont été remarquées. Mais ce qui retient encore plus l’attention, c’est le système Spectera confirme le co-PDG : « Le lancement de Spectera est un tournant pour nous. On passe du micro sans fil classique à une plate-forme programmable. C’est un changement de paradigme, comparable au passage du téléphone à touches au smartphone. Les mises à jour logicielles remplacent les cycles matériels, offrant aux clients une flexibilité maximale, non seulement pour définir de nouveaux besoins, mais aussi pour innover eux-mêmes. »
Article paru pour la première fois dans Mediakwest #63, p.70-72
