Télésambre choisit le NDI de NewTek pour son studio de production

Télésambre est une télévision régionale publique qui diffuse ses programmes autour de la ville de Charleroi, en Belgique. Pour son nouveau plateau dédié aux émissions de divertissement, elle a choisi le mélangeur IP Series VMC1 de NewTek, avec le souhait de réduire au maximum les câblages coaxiaux pour privilégier les infrastructures banalisées en paires torsadées et fibres optiques.
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Lors du transfert de ses locaux dans le centre de Charleroi, la chaîne régionale Télésambre a renouvelé tous ses équipements de production et de diffusion. Le nouveau bâtiment qui l’héberge et une partie des infrastructures techniques sont mutualisés avec le décrochage régional de la radio Vivacité de la RTBF.

Afin d’offrir toute la souplesse nécessaire pour suivre l’actualité locale et limiter néanmoins les frais de fonctionnement, Télésambre a fait des choix techniques novateurs, en particulier au niveau du plateau du JT quotidien partagé avec la radio Vivacité et de la régie du JT, fortement automatisée et exploitée par un seul opérateur ; de même que pour le plateau et le studio de production, organisés autour d’un mélangeur NewTek IP Series VMC1 et câblé en NDI.

Nous reviendrons ultérieurement dans Mediakwest sur la régie du JT qui fonctionne avec un système Live Assist de Chyron Hego associé à deux mélangeurs Live Compositor (ex Vidigo) selon des scénarios préétablis qui pilotent l’ensemble des équipements de la régie et du plateau.

 

 

Un studio de production avec une architecture NDI

Ce premier article est centré sur le studio et le plateau n°2 destinés à la captation d’émissions de divertissement ou de débats avec un large auditoire.

Avant de décrire les équipements de la régie de production, Bertrand Ruelle, directeur technique de Télésambre, détaille les raisons de ses choix et le cheminement de ses réflexions.

« Au démarrage des études, à l’automne 2016, le choix du système de mixage et de distribution audio a été fixé en premier, et s’est porté sur la solution du constructeur DHD Audio. En même temps, la RTBF lançait sa propre consultation pour renouveler des équipements de ses stations de radio. Leur décision finale, c’était aussi DHD Audio. Ce choix identique était un élément favorable à la mutualisation du plateau des émissions d’actualité et à l’interopérabilité entre les deux installations. Pour ma part, j’avais sélectionné DHD Audio pour sa modularité et le transport des signaux via des câbles réseaux ou la fibre. Pour la vidéo, je cherchais des outils similaires qui fonctionnent sur des infrastructures réseau et offrant beaucoup plus de souplesse en termes de mobilité. Pour moi le coaxial, c’est dépassé. Et je voulais retrouver en vidéo la même souplesse qu’avec l’architecture de DHD Audio. J’ai fait des tests avec le NDI de NewTek et les résultats m’ont convaincu. »

La régie du plateau n°2 est donc organisée autour d’un mélangeur vidéo IP series VMC1 de NewTek. Les six ou sept caméras mises en place sur le plateau sont raccordées en SDI sur une interface NC1 I/O qui convertit les images en signaux NDI transportés via deux liens gigabit vers l’unité centrale de traitement du mélangeur. Télésambre exploite une unité LiveU pour effectuer des reportages en direct à l’extérieur. L’unité de réception est raccordée directement en réseau au mélangeur.

 

 

Multiplier les liaisons externes

Pour organiser des duplex avec des intervenants éloignés, des modules Skype sont affectés à deux entrées NDI du mélangeur sur les 44 entrées possibles du VMC1. Sur un ordinateur dédié au journaliste en régie, celui-ci prépare la connexion distante avec ses interlocuteurs via Internet. Les images sont renvoyées via le réseau au mélangeur sur deux entrées dédiées et l’image du présentateur ou de l’animateur qui les questionne est renvoyée vers les interlocuteurs distants de manière à établir un dialogue.

Le son associé est embeddé aux images qui sont renvoyées sur une sortie vidéo externe vers une grille vidéo Ultrix 68 x 68. Celle-ci désembedde l’audio, le renvoie sur l’interface Madi de la grille, elle-même câblée en fibre optique sur le cœur du mélangeur DHD Audio. Via ses cross points internes, l’ingénieur du son contrôle le son de l’interlocuteur interrogé via Skype. Il renvoie par le chemin inverse le mélange n-1 du plateau à la personne interviewée en Skype.

Une autre possibilité d’accès à des sources d’images est offerte par YouTube. Sur son poste de travail qui a accès à Internet, le journaliste navigue sur YouTube pour trouver la séquence qui l’intéresse. Grâce au convertisseur NDI Scan Converter installé sur son ordinateur, il renvoie par réseau les images YouTube vers le mélangeur VMC1.

NewTek a conçu une application pour smartphone, dénommée tout simplement « Camera ». Via un réseau wi-fi interconnecté à l’unité centrale du mélangeur VMC1, il envoie alors les images captées – par son module caméra – encodées en NDI, à la résolution 720p ou SD.

Bertrand Ruelle y voit un moyen d’élargir la palette des sources vidéo du studio en y incorporant un outil ultra léger avec une écriture proche des réseaux sociaux, et ce depuis n’importe quel espace (rédaction, loges, accueil) dans le bâtiment de Télésambre, puisque le réseau wi-fi dessert tous les étages.

 

 

Un incrustateur d’habillage performant

La cellule graphique de Télésambre est équipée de quatre postes iMac exploitant entre autres After Effects. Les animations sont soit stockées en interne dans le mélangeur grâce à ses enregistreurs incorporés, soit envoyées en direct depuis la station de création via le réseau grâce au module logiciel NDI Connect, avec une liaison unique pour le remplissage et le signal de découpe.

Bertrand Ruelle est très agréablement surpris de la qualité des outils d’incrustation et d’habillage du mélangeur. À tel point qu’il est inutile de demander au graphiste de prendre les précautions en termes de niveaux vidéo pour éviter les artefacts classiques des incrustateurs. Il a pu également effectuer des prises de vues en studio virtuel sur fond vert avec une caméra Panasonic HE130 sans défaut apparent. Les capacités des DVE internes lui semblent très complètes et pour l’instant il n’a pas été bloqué par les limites fonctionnelles du mélangeur.

La lecture de séquences enregistrées se fait soit au moyen des players DDR intégrés au mélangeur (le lancement de la lecture se déclenchant dès la sélection de cette source), soit depuis un Macintosh équipé du logiciel OnTheAir Video de Softron. En effet, ce logiciel est compatible NDI et le poste de diffusion est raccordé directement en réseau au mélangeur VMC1. Les signaux audio accompagnant les vidéos sont désembeddés au niveau de la matrice Ultrix de Ross puis renvoyés en Madi vers le mélangeur audio DHD.

La sortie « programme » du mélangeur est envoyée vers la cellule de diffusion antenne et avec un enregistrement sur un Macintosh grâce au logiciel Movie Recorder de Softron. Comme la liaison réseau gigabit reliant ce Macintosh au mélangeur peut transporter huit signaux HD codés en NDI, Bertrand Ruelle en profite pour effectuer un enregistrement parallèle des caméras de plateau en mode divergé sur la même machine.

Grâce à la souplesse apportée par les grilles internes du mélangeur DHD, il en profite pour associer à chaque source caméra le son qui lui correspond, par exemple le micro affecté à la personne cadrée, plutôt que d’enregistrer le mixage final du programme. En cas de reprise des enregistrements pour un autre montage, il dispose du son spécifique au niveau nominal propre à chaque cadrage, ce qui offre plus de souplesse pour un nouveau mixage.

 

 

Une répartition des équipements et de l’informatique sur six réseaux

Dans plusieurs exemples précédents, ont été évoqués les échanges de signaux vidéo et audio entre les postes de travail des journalistes et la régie de production. Cela pourrait laisser croire que l’ensemble des équipements de la régie de production, y compris ceux traitant des signaux NDI, ainsi que tous les ordinateurs de la rédaction, sont raccordés à un réseau unique. Pour la préparation de leurs reportages et la rédaction de leurs papiers, il est normal que les postes de journalistes aient un accès complet à Internet.

Or, pour Bertrand Ruelle, il est évident que, pour des raisons de sécurité et aussi pour éviter la surcharge préjudiciable à la stabilité du flux des images, le réseau affecté au transport NDI doit être totalement séparé du reste des activités informatiques de la chaîne.

Pour cela, il a réparti l’ensemble des matériels raccordés en réseau en six VLAN indépendants. Un premier réseau est réservé à la régie de production qui vient d’être décrite, et par lequel transitent les signaux NDI des caméras, du mélangeur et des périphériques de production associés. Ce réseau n’a aucun accès à Internet. Un second réseau est affecté à la diffusion antenne et concerne la régie de diffusion (qui fera l’objet d’un prochain article). Un troisième réseau est déployé pour la postproduction et dessert les sept salles de montage et les deux postes d’ingest. Un autre réseau concerne les transferts entre les bases de données. Un réseau dit bureautique dessert les postes des journalistes à la rédaction et tous les services internes de la chaîne. Enfin un dernier réseau est affecté aux bornes wi-fi du bâtiment.

Tous ces réseaux aboutissent sur un cœur de réseau constitué de switchs et de routeurs structurés avec une double redondance pour remédier aux défaillances des équipements. Un firewall Sophos protège l’ensemble de l’architecture contre les intrusions et les attaques virales.

 

 

Une très bonne qualité d’image malgré la compression

Le protocole NDI encode les images HD 1080i avec un débit de l’ordre de 100 Mb/s. Cela permet de transporter huit flux HD sur un lien unique gigabit. La latence reste très faible, inférieure à une image et ne perturbe en rien la production live.

Au niveau qualité de l’encodage, Bertrand Ruelle est très satisfait de ce mode de transport des signaux et ne constate aucune différence par rapport à un signal SDI transmis sur câble coaxial. Malgré un taux de compression qui semble un peu élevé, il ne faut pas avoir peur d’exploiter un signal compressé pour une production vidéo de plateau. Par contre, il est plus réservé sur le codage NDI HX, qui est basé sur un codec de type H.264, compresse une image HD à un débit d’environ 24 Mb/s et avec une latence de trois à cinq images. C’est pourquoi il a préféré acquérir le codec NDI de Bird Dog pour mettre en place des points de captation temporaire dans le bâtiment de Télésambre.

Les boîtiers de sol dans tous les locaux sont équipés systématiquement de six embases RJ-45 pour disposer d’un nombre suffisant de prises, même pour les postes des journalistes ou les bureaux. Sur l’ensemble des locaux, le réseau informatique déployé mesure de 20 km et il y a 96 fibres optiques, avec un mix multimodes et monomodes, qui desservent à travers les niveaux, les actifs réseaux, les équipements de production et des points de desserte en attente pour y raccorder temporairement des moyens de captation.

 

 

Élargir facilement le nombre de points de captation

Les locaux de Télésambre sont situés place de la Digue à Charleroi. Des évènements, des animations ou des manifestations publiques sont régulièrement organisés à cet endroit. Pour les retransmettre sur la chaîne ou établir un duplex avec l’un des plateaux, les équipes techniques de la TV locale ont plusieurs solutions à leur disposition, avec l’objectif de limiter à quelques mètres l’usage du câblage traditionnel coaxial et XLR audio et d’emprunter au maximum les artères réseau irriguant tout le bâtiment pour atteindre la régie n° 2.

En première solution, elles déploient une interface NewTek NC1 I/O via une fibre optique. Plusieurs points de raccordement sont disponibles à proximité des accès du bâtiment. L’interface est configurée avec quatre connecteurs SDI en entrée pour quatre caméras, et trois en sortie, une pour le final programme pour des retours plateau, et deux qui récupèrent les sorties multiviewer du mélangeur. Pour la prise de son, une interface DHD est mise en place avec un second câble réseau.

Bertrand Ruelle est en train de reconfigurer un TriCaster TC1 pour avoir une seconde solution de plateau déporté. La configuration du mélangeur VMC1 est directement transférable sur le TC1 par réseau, modulo le nombre d’entrées et de sorties plus limité. Dernière solution, l’utilisation d’une interface Studio NDI de Bird Dog qu’il est entrain de tester. Cette interface est équipée d’entrées et de sorties à la fois SDI et HDMI (avec cross conversion interne) qu’elle convertit en signaux NDI sur un port RJ-45. Elle dispose d’une fonction tally et d’un afficheur à leds qui indique le nom de la source. En option, elle reçoit un système d’intercom, le tout étant transporté sur un seul câble réseau. Cette interface permet d’installer une caméra n’importe où dans le bâtiment, chaque boîtier de sol dans les bureaux et les circulations est équipé de six connecteurs RJ-45.

Bertrand Ruelle préfère cette interface aux boîtiers Spark de NewTek, car il trouve cette alternative plus complète que le modèle Spark normal, lequel transporte les images avec un codage NDI HX qu’il juge moins performant. De plus, la version Pro du Spark n’est équipée que de connecteurs HDMI, ce qui semble un peu antinomique.

Le choix du mélangeur IP Series de NewTek, basé sur le transport IP des signaux vidéo en NDI, combiné à une large desserte en prises RJ-45 et fibres optiques du bâtiment de Télésambre, offre à la télé régionale de multiples configurations de travail avec une large palette de sources d’images, sur place et à distance. Cet exemple montre que le protocole NDI démultiplie les architectures de câblage sans rien céder à la qualité des images.

 

 

Les mélangeurs audio numériques DHD

DHD est un constructeur allemand de consoles audio numériques. L’architecture de ses produits est organisée sous forme pyramidale. Au sommet, se trouve le cœur du système, une unité de traitement équipée de puissants DSP et d’interfaces pour fibres optiques et de port RJ-45 propriétaires dénommés APC. Plusieurs tailles de cœurs sont proposées en fonction de leur puissance (nombre de faders et de bus) et de la connectique.

Les fibres optiques servent soit à relier des cœurs entre eux ou y brancher des concentrateurs. Ces derniers équipés de ports APC alimentent des modules d’entrées/sorties : audio analogiques, numériques, Madi, vidéo SDI…

Dernier élément du système, les surfaces de contrôle sont assemblées sous forme modulaire et définies en fonction des besoins. Le protocole APC de DHD transmet des signaux IP pour la partie contrôle, mais conserve un format propriétaire. Par contre, il circule sur des câbles réseaux standard. Pour être compatible avec le transport IP des signaux audio, DHD a prévu des cartes de conversion vers AES 67 Ravenna et Dante.

 

 

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #28, p. 64/66. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.