La finalisation du film va donc être reportée de quelques mois ou années, le temps de mener à bien l’expédition dans le Yukon, d’attendre la rencontre avec les animaux dans le cadre parfait et d’en faire l’image rêvée. Ou alors, il suffira de quelques heures à fureter dans les catalogues d’images de stock pour trouver un plan proche de celui souhaité et d’en acquérir les droits pour une somme modique.
Un des génies d’Internet est bien de mettre en relation des acteurs du monde entier pour échanger des services, et la production audiovisuelle est un secteur qui en bénéficie grandement elle aussi. Nombre de productions de tous types et de tous budgets intègrent désormais des images issues de catalogues de stock, quand il ne s’agit pas de vidéos entièrement réalisées à partir de plans puisés dans leurs collections. Alors que les droits d’utilisation des images produites pour la télévision sont complexes et onéreux, car calculés pour chaque pays et diffusion, ces plates-formes ont adopté un modèle bien plus simple et bon marché, puisque l’acheteur acquiert avec le fichier une licence de droits d’utilisation sans limite géographique ou de durée. Un mode de fonctionnement sans doute plus en phase avec le marché actuel, qui évolue vers une globalisation de la production et de la diffusion.
L’offre grandit si considérablement qu’il devient difficile de s’y retrouver. Les catalogues de photos, illustrations, vectoriels ou musiques se multiplient et proposent aussi désormais de plus en plus souvent des vidéos. S’ajoutent à cela des sites dédiés à ce média. Voici un tour d’horizon des principales plates-formes proposant des images vidéo, pour vous aider à trouver LE plan ou LA séquence qui manque à votre montage.
Commençons par les offres gratuites. Certains sites mettent en effet en ligne des plans disponibles pour une utilisation libre de droits, comme Pexels ou Pixabay. On peut voir cela comme un espace de troc et d’échanges de services, si on suppose que ceux qui téléchargent sont aussi ceux qui uploadent. On y trouve des plans soignés tournés avec une caméra, mais la plupart sont filmés directement au smartphone. Certains sont dans un format horizontal, mais la majorité est en vertical. Il en va de même pour les vidéos comme pour les musiques : quand c’est gratuit on peut être chanceux et trouver ce qui nous convient, mais on peut aussi en avoir pour notre argent.
Ceci dit, c’est une bonne solution pour toutes les vidéos réalisées sans budget. YouTube regorge de discours illustrés de la sorte, dans lesquels une voix est recouverte par une succession de plans sans uniformité ni parfois réel lien avec le sujet, mais qui ont leur public. Cela montre qu’il y a bel et bien une demande pour ce type de média, qui permet de réaliser facilement des documentaires dans un format hybride entre podcast et vidéo. Pour des campagnes de publicités destinées aux réseaux sociaux, où la quantité de posts prime souvent sur leur qualité pour satisfaire les algorithmes, de telles images sont bienvenues, d’où l’intérêt des formats verticaux proposés en quantité. N’oublions pas que la consommation de vidéos se fait de plus en plus majoritairement sur smartphone, surtout en Asie qui concentre une grande partie de l’humanité, et que l’Internet est bien entendu mondial. Il n’est donc pas étonnant que de tels sites fleurissent.
Pour autant, la grande majorité des plates-formes proposant des images de stock le fait de manière payante, selon des modèles économiques similaires. On peut ainsi acheter un plan unique, un ensemble formant une séquence, ou s’abonner pour télécharger un nombre donné ou illimité de fichiers par mois, en fonction des formules et des sites.
Le plus souvent, le format vidéo détermine le prix, qui augmente avec la résolution. Il s’agit toujours de plans horizontaux en 16/9e, ce qui correspond aux normes de captation en vigueur. On peut choisir pour le même fichier de le télécharger en version standard, HD, 4K, voire 4K-Raw permettant un étalonnage plus poussé, qui est bienvenu pour uniformiser des plans filmés avec diverses caméras, opérateurs et ambiances. Les vidéos ont des durées variées, de quelques secondes à plusieurs minutes pour les vues de drone et les hyperlapses, et traitent de sujets très vastes. Un filtrage par mots-clés permet d’affiner sa recherche pour trouver le plan souhaité parmi des thématiques allant de scènes de vie liées à l’actualité à des vues de paysages grandioses propices à la méditation.
Les acteurs traditionnels des catalogues de photos ou de musiques proposent désormais tous des fichiers vidéo.
Parmi eux, Getty Images se positionne sur un tarif à l’unité, identique pour la HD et la 4K, à savoir entre 400 et 475 euros par téléchargement, et légèrement moins pour une résolution standard et une basse définition.
Adobe Stock propose aussi des achats à l’unité, à 63,99 euros pour la version HD et 169,99 euros pour la 4K. Plusieurs formules de packs de crédits permettent de réduire les coûts pour plusieurs achats. Des formules d’abonnements donnent accès à un nombre déterminé de téléchargements de fichiers par mois, l’un à 79,99 euros pour deux fichiers 4K et un autre à 159,99 euros en offrant jusqu’à trente-sept. Ceux-ci sont à choisir parmi une certaine catégorie de fichiers, qui n’inclue pas l’ensemble du catalogue. Les autres s’acquièrent par des crédits.
Istock mise sur des tarifs au plus bas, avec des formules par abonnements intégrant photos, illustrations, musiques et vidéos. Pour 125 $ par mois il donne accès à dix téléchargements, pour 205 $ à vingt-cinq et pour 333 $ à cinquante, sans distinction de type de fichier ou de dimension.
De même, Shutterstock fonctionne sur des abonnements à 99 $ mensuels pour cinq clips, 159 $ pour dix clips et 199 $ pour vingt clips.
Artgrid, déjà bien connu pour sa collection de musiques Artlist, a enrichi son catalogue avec une offre de plans vidéo et vient à nouveau bousculer le secteur en proposant des tarifs d’abonnements très serrés, pour des téléchargements illimités de fichiers. Le Junior HD, à 24 $ par mois, donne accès aux versions HD H.264 étalonnées. Le Creator 4K+, à 39 $ par mois, comprend des fichiers 4K-8K en H.264 mais aussi en ProRes, déjà étalonnés. La formule Pro Raw/Log, à 49 $ par mois, rassemble tous les formats précédents mais aussi des fichiers Raw/Log garantissant des possibilités d’étalonnage poussées.
En fonction de ses exigences en termes de définition, format et qualité, mais aussi en fonction de la fréquence à laquelle on a besoin d’images de stock, on choisit l’une ou l’autre de ces plates-formes et de ces formules.
Dans un format hybride entre catalogue de stock et production sur-mesure, la société française Frames Dealer va plus loin en créant davantage de lien entre ceux qui cherchent du contenu et ceux qui le crée. L’équipe accompagne le client dans sa recherche d’images au sein de la collection, qui garantit des fichiers de haute qualité avec une postproduction soignée par leurs soins.
Si celui-ci a un besoin spécifique, Frames Dealer propose aussi d’organiser un tournage pour offrir un service de création de contenu sur-mesure, en complément de celui déjà disponible au catalogue. Pour cela la société s’appuie sur sa communauté de cent trente chefs opérateurs répartis dans le monde entier, qu’elle connait tous individuellement, pour choisir celui qui est le plus approprié pour le sujet et pour le lieu. Les images sont vendues en plan unique ou en séquences, entre 300 et 400 euros. Le prix grimpe si le client souhaite acquérir l’exclusivité d’utilisation des images, ainsi que pour celles qui sont « tailor-made », tournées sur mesure.
L’offre en matière d’images de stock est ainsi suffisamment variée et à des tarifs divers pour s’adapter à tous types de productions, qu’il s’agisse de séries ou de documentaires pour la télévision, de clips pour le Web, de vidéos léchées ou au contraire sans budget pour les réseaux sociaux… Elle est assez vaste pour que chacun puisse y trouver l’image qui lui manque, voire une séquence entière ou même l’ensemble des illustrations d’un sujet. Cela facilite grandement le montage car il n’est plus nécessaire de se limiter aux seules images tournées par l’équipe de production. Malgré tout, il y aura encore des tournages à faire dans le Yukon, à la recherche d’une meute de loups, et nous serons toujours ravis d’y participer…