True Blood : dans les coulisses sanglantes d’une Success Story

Qui ne connaît pas la série TV à succès True Blood ? Alors que Twilight joue dans le cœur de la bluette pour ados en mal de suceurs de carotides, True Blood bastonne dans une autre cour, celle du stupre, du sexe de tous bords, des orgies, du gore (les têtes volent) et du salace, le tout sous la bannière des codes de films de vampires d'antan revisités à la sauce tomate 2012.
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Ce texte est le volet 3 d’un triptyque consacré à Technicolor aux USA.

Entre les dialogues qui y vont franco, sans gêne aucune, les scènes de sexe crues, les luttes de pouvoir, le casting hallucinant et les rebondissements calculés au millimètre près, les fans en ont pour leur argent au pays pas si enchanté de Sookie et ses vampires.

Une telle machine tient cependant de l’exercice de style hyper tendu à Hollywood car cette démesure a un prix. Certains décors approchent les 2 millions de dollars clés en main (la maison de Bill par exemple, ou la taverne, voir photos). Si la série est principalement tournée aux Studios Paramount de Los Angeles, certains plans sont captés en extérieur, ce qui rime avec une montée en flèche du coût de chaque épisode (qui ne nous a pas été communiqué par ailleurs, de peur d’effrayer l’autochtone sans doute). Cela écrit, pour l’heure, l’audience est bel et bien là, les acteurs sont au sommet de leur notoriété, multipliant les Unes des magazines aux USA, et les scénaristes s’en donnent à cœur joie en jouant avec leurs personnages, dont aucun n’est un saint, malgré les allures angéliques de certain(e)s et le défilé de belles gueules.

True Blood et Technicolor : love blood story !

Contrairement à pas mal de séries TV, True Blood n’est pas capté en numérique, ce qui, par ailleurs alourdit la vérification des rushes (appelés Dailies aux USA), et ce, selon les dires des personnels sur place. Mais cette captation via pellicule donne un charme particulier à une image ultra travaillée par les équipes de Technicolor
Le déroulé des opérations est comme suit sur cette série (ndlr : selon nos intervenants à Hollywood) : tournage, scan des rushes, montage, bande de décision (montage approuvé), ajout des effets spéciaux, master approuvé, étalonnage des couleurs, création de la piste audio approuvée… et hop, on rassemble le tout façon puzzle sur un même master numérique que l’on calibre pour un passage télé sur HBO, qui doit aussi l’approuver. C’est encore loin l’Amérique ?

Pour info, chaque épisode contient à peu près 900 plans (54 minutes au final), que le coloriste va passer 4 jours à étalonner (équilibre tonal général, contraste et piqué selon les scènes). Le rôle de l’étalonneur est primordial car c’est à lui qu’incombe la lourde tâche de donner une identité visuelle à cette série TV. Il dispose d’une palette de techniques étonnantes, permettant, notamment, de transformer une scène tournée en plein jour en une séquence nocturne du plus bel effet. Le but étant de donner le meilleur « look » possible au film, voire de rattraper en numérique certains problèmes rencontrés durant le tournage (couleurs, contraste, éblouissements, éclairages mal placés). Heureusement pour True Blood, le coloriste de Technicolor que nous avons rencontré est un as de la profession qui travaille sur la série depuis sa création. Autant écrire qu’il a littéralement créé l’univers technico-visuel de True Blood, et on l’a laissé faire depuis le premier jour, sans jamais le rappeler à l’ordre ou lui filer des directives. Il avoue y aller au feeling depuis le premier jour. Quel talent.

En résumé, Technicolor assure donc les étapes du traitement de la pellicule, du montage, de l’étalonnage des couleurs, de la prise de son des voix, de la création des bruitages, du mix final de tous les éléments, et de la conception du master HD qui sera envoyé à la chaîne HBO.

La chaîne américaine câblée HBO n’a décidément pas son égal dans le monde. Forte de succès aussi vibrants que Sopranos, Game of Thrones, Deadwood ou Boardwalk Empire, le network cartonne depuis 2008 avec la saga True Blood. À l’heure de ce papier, 4 saisons ont été éditées en DVD / Blu-ray, la cinquième est en cours de diffusion aux USA, et HBO a déjà signé la sixième saison, dont le premier épisode sera diffusé en juin 2013. Dans les coulisses de la série, on parle d’ailleurs d’un contrat pour 7 saisons (et les idées qui vont avec). Côté audience, la moyenne basse est de 5 millions de spectateurs ce qui, pour une chaîne câblée, est énorme. Pour info, la saison 3 en DVD / Blu-ray a fait un carton en totalisant des ventes dépassant le million d’unités aux USA.