La création d'une chaîne locale de télévision thématique ou locale ne doit pas être freinée par le coût de l'infrastructure et des moyens techniques.
Diverses solutions professionnelles existent à des tarifs abordables sans sacrifier à la qualité ni aux fonctionnalités.
La création d’une chaîne s’accompagne aussi d’une collaboration avec intégrateur qui dispense ses conseils en fonction de la ligne éditoriale et du budget : comment choisir ce prestataire technique?
Pierre Chevalier, directeur technique de Softron, présente les produits de sa société, destinés à l’automation des chaînes de TV locales. Softron a démarré ses activités en 1982, en Belgique d’abord comme revendeur Apple, puis a conçu des logiciels de diffusion radio. Elle s’est ensuite tournée vers le marché des chaînes locales, très développé en Belgique. Ses logiciels tournent sur Macintosh exclusivement et comprennent un logiciel d’ingest qui permet aux monteurs de commencer le montage même si l’enregistrement n’est pas encore terminé. Une seconde gamme est consacrée à la diffusion automatisée. « Nous mettons l’accent sur la simplicité, explique Pierre Chevalier. Nous ne répondons pas aux besoins des chaînes haut de gamme mais nos solutions sont abordables, fiables et simples à comprendre ». Softron fait évoluer sa gamme de logiciels pour répondre aux nouveaux besoins de diffusion multi-écrans, streaming et TV connectée. L’éditeur se doit d’être novateur pour aller au-delà de ce que font les TV locales. Elles peuvent plus facilement innover car elles offrent plus de flexibilité dans leur programmation et dans leur gestion.
Avec sa société Soft4TV, Dominique Bizard représente, en France, l’éditeur de logiciels d’automation Pebble Beach. Il propose divers systèmes d’automation destinés aux chaînes broadcast (par exemple les chaînes Lagardère à Cognacq-Jay Images ou bien BeInsport). Il s’intéresse de plus en plus au marché des TV locales. Ainsi Pebble Beach a présenté, lors du dernier IBC, une solution de Channel in a Box dénommée Stingray. Basé sur les produits Marina et Dolpheen, déjà exploités en broadcast, c’est un système intégré et autonome de diffusion. Équipé de cartes Matrox avec deux entrées et deux sorties, il associe dans la même play list des éléments de résolution SD et HD avec des codecs différents, la conversion s’effectuant à la volée. Avec un stockage interne de 1,8 ou 3,6 To il offre une capacité de 100 ou 200 heures d’antenne avec un codage à 50 Mb/s. La configuration et l’exploitation du système s’effectuent grâce à des interfaces graphiques ergonomiques. Le système accepte des plug-in pour gérer l’habillage graphique, en particulier en Flash. Il s’interface si nécessaire à des équipements traditionnels comme les grilles ou les enregistreurs vidéo.
Pour Jean-Marie Barthélémy, directeur de Ninsight, la TV linéaire avec sa programmation rigide à heure fixe n’a plus d’avenir que ce soit pour les grandes chaînes ou les TV locales. Avec Media 360, groupement entre CTM Solutions et sa société, il souhaite amener une réflexion plus profonde pour les aider dans leur migration. « Il s’agit d’assister les TV locales dans ce qu’elles peuvent apporter de mieux au niveau local et ce que les gens attendent ». Tout en améliorant leur productivité car leurs moyens sont limités. Plutôt que de passer 3 heures à préparer une playlist ou à gérer les droits, un MAM et une automatisation bien pensés doivent les aider à libérer du temps pour aller recueillir du contenu intéressant à l’extérieur.
Hervé Obed, directeur de Pro Consultant Informatique, reste plus nuancé. Sa société développe, depuis 15 ans, des systèmes d’information pour les chaînes généralistes et les grandes thématiques. Le linéaire est encore le moteur qui porte l’activité des chaînes TV. Leur part de marché a tendance à se réduire mais le business et le chiffre d’affaires vient encore de là. Avec Pro Consultant, il s’intéresse aux chaînes locales car le métier reste le même malgré des échelles différentes. Dans tous les cas il faut faire preuve de professionnalisme pour obtenir de l’audience et garantir des revenus publicitaires. Ce sont des entreprises et il faut rester extrêmement productif. Tout mettre dans une boîte ça reste un concept. Dans toute chaîne TV, il y a deux pôles, l’un en aval qui consiste à diffuser avec le hardware et l’automation. Et en amont il faut savoir anticiper, planifier et gérer les contenus. Il faut un système d’information très bien géré qui se charge d’alimenter la couche aval au moindre coût pour l’antenne mais aussi vers les divers flux sur le web et les plateformes délinéarisées pour la VOD et le catch-up. Plus on gère correctement les informations en amont, mieux on peut automatiser l’aval.
Jean-Marie Barthélémy constate que très souvent les TV locales ont essayé d’être des TV généralistes en copiant le modèle des grandes chaînes sans en avoir les moyens. Comme exemple alternatif, il donne celui de Grand Lille TV qui a fait le choix d’une chaîne permanente de news locales et dont la diffusion est gérée directement par le journaliste en plateau pour en limiter les coûts d’exploitation. Ses contenus sont disponibles sur Internet et bientôt sur les TV connectées. Selon Hervé Obed, « une chaîne locale, pour trouver son audience, doit mettre en valeur son territoire. Il y a de belles histoires économiques et culturelles. Les TV locales doivent être le prisme qui va valoriser tout cela À la fois pour les spectateurs locaux mais aussi pour le monde entier grâce aux nouveaux réseaux ». Mais attention de ne pas se faire « googleliser » ses contenus. Il faut structurer les contenus de manière à ce qu’ils ne puissent exister que lorsque c’est la chaîne qui les présente. D’où l’importance des métadonnées pour décrire le contenu et le traiter le plus en amont possible. Cela permet aussi de valoriser ses archives sur un autre axe pour les rentabiliser. Archiver ce n’est pas juste stocker le fichier. Il faut aussi le documenter. Pierre Chevalier rappelle l’exemple de TV Rennes 35 qui a vendu ses archives au Conseil régional.
Tant qu’on garde la structure du contenu et les métadonnées qui accompagnent le programme, on est sûr de garder son propre patrimoine. Il n’y pas que le programme, il y a tout un environnement à créer autour du programme pour créer de l’activité et des recettes, ce que les généralistes ont bien compris avec le merchandising. L’avenir des TV locales c’est de se donner ces moyens-là, d’avoir une réflexion stratégique et de ne pas se soucier uniquement des choix techniques.