Un workflow à flot

 
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Le groupe TSF a participé à la production technique du film En solitaire réalisé par Christophe Offenstein avec François Cluzet. Un quasi huis-clos se déroulant lors du Vendée Globe. Filmer sur un bateau en pleine mer est sans doute l’un des exercices les plus difficiles. TSF a dû faire preuve de créativité et d’imagination pour trouver les meilleurs outils et méthodes afin de filmer sur le catamaran filant à tout allure.

 

« Depuis longtemps nous dialoguions avec la production (Jean Cottin et Pascal Bonnet) afin de trouver les solutions les plus adaptées pour positionner des caméras sur le bateau. Les contraintes sur un bateau sont énormes par le manque de place, les agressions climatologiques, la difficulté des sorties en mer. Pendant un temps, le réalisateur (Christophe Offenstein) envisageait d’utiliser plusieurs caméras, de différentes tailles comme des paluches. Pour utiliser des petites caméras il fallait que la narration intègre cette contrainte sur un plan artistique. Petit à petit, le concept a évolué, et finalement il a été décidé de tourner avec des Red Epic en fabriquant sur-mesure des caissons étanches », indique Danys Bruyère, directeur général de TSF.

 

Mettre à l’abri les caméras

Les caméras numériques intègrent une électronique fragile. TSF a donc conçu de toute pièce des protections étanches. Plus que des caissons, il s’agissait plus précisément de « splash bag » offrant plus de souplesse que des caissons pour un encombrement moindre. La difficulté était de fabriquer une protection étanche, résistante, compacte pouvant tenir dans un environnement contraint. Une fois le concept designé, les opérateurs ont souhaité y apporter des modifications que TSF a prises en compte. Les splashs bags ont continué à être améliorés même durant le tournage. Les caméras RED ont fait preuve d’une résistance à toute épreuve malgré les maltraitances climatiques et hygrométriques, « La caméra placée dans le splash bag étanche atteignait 73°, il était impossible de la prendre à main nue, et pourtant les caméras ont fonctionné sans aucun problème », indique Danys Bruyère. Un dispositif ingénieux avait été mis en place, soufflant de l’air comprimé pour évacuer l’air chaud et la condensation du splash bag, mais aussi pour créer un rideau d’air empêchant l’eau d’aller sur l’optique de la caméra.

Pour tourner dans ces conditions extrêmes, il faut garder le plan de travail à l’esprit. En gros, tourner vite et bien. Sur un bateau, cela prend toujours plus de temps d’équiper une caméra, changer d’optique, d’accessoires. Pour gagner en efficacité sur le tournage, ce sont quatre caméras qui ont été utilisées. Deux caméras en extérieur, placées dans les deux sacs étanches avec des rapports de focales différents. Il y avait deux caméras pour l’intérieur du bateau. Les caméras à l’épaule étaient équipées avec des zooms Optimo 15-40 et 28-76 et les caméras occasionnellement placées sur les accroches, équipées avec des focales. Même si cela paraît incroyable quand on connaît l’espace disponible sur un monocoque de course prévu pour une personne, mais il y avait jusqu’à 15 quinze personnes à bord. Concernant l’éclairage, il se composait d’éclairages LED sur batteries Lite Panel et de HMI Joker Bug de K5600.

 

Après le tournage

À l’issue de chaque journée de tournage, le matériel était placé dans un container. Une équipe d’assistants les nettoyait, dessalait, reconditionnait pour le lendemain. Le tournage a duré 11 semaines, dont 8 semaines en mer.
Chaque journée, 2h30 de rushes étaient tournés par les caméras principales. Les quatre Red Epic jouaient successivement entre l’extérieur du bateau et la cabine. Quelques plans spéciaux ont été tournés avec des petites caméras GoPro, Canon 5D Mark2, et Canon EOS-C300. Pour mener à bien la numérisation des images, ou plus exactement le transfert des images des caméras vers les éléments de sauvegarde, Guillaume Poirson, le DIT présent sur le tournage, a commencé à travailler de nuit afin de pouvoir établir un rapport dès le lendemain matin à l’équipe de tournage. Il n’y avait pas à proprement parler de « moniteur » sur le bateau pour voir les images, autre qu’un BTLH-900 dans une housse étanche. Dans un premier temps, il avait été envisagé d’avoir un bateau suiveur à moteur avec un monitoring HF, mais le monocoque a vite semé le bateau à moteur. D’où la nécessité de savoir si les plans étaient corrects le plus rapidement possible. Les Red Epic étaient équipés d’enregistreur sur carte SSD de 256 Go, offrant une grande autonomie en mode 4K 5 :1, l’assistant opérateur ne changeait qu’une fois la carte dans la journée. Guillaume Poirson, sur la terre ferme, était équipé d’un Scratch Lab, pour visualiser les images, faire un pré-étalonnage et assurer les 3 back-ups. Parmi ces sauvegardes, il y en avait une pour Eclair (Eclair recevait les rushes une fois par semaine pour faire des copies LTO qui ont servi à la conformation du film), une sauvegarde locale sur une tour en Raid 5, une sauvegarde placée sur un site distant. En dehors de ces backs-ups technique, une sauvegarde était faite chaque semaine à la production. La totalité des rushes était vérifiée par le DIT, une fois la LUT de pré-étalonnage appliquée, les fichiers étaient encodés en deux versions. Une version Quicktime pour iPad, destinée au réalisateur et au chef opérateur, et une version DnX 36 pour le montage. Les rushes étaient synchronisés avec le son, et le bout à bout était fait avec les prises sélectionnées. Il n’y avait pas de scripte sur le bateau.
Un workflow robuste permettant de fluidifier au mieux le tournage et la postproduction.