Du phonographe au son sur pellicule
Du film accompagné au piano, et de la machine à bruits au phonographe synchronisé, que de chemin parcouru ! Les origines du son au cinéma se confondent avec les inventions de l’enregistrement sonore depuis 1870, avec successivement le phonographe de Charles Cros, le phonographe à cylindre d’Edison et le Gramophone de Berliner.
En 1900, Léon Gaumont propose un système appelé Chronophone basé sur la projection d’un film 35 mm avec un disque synchronisé dont le cinéma sonore va s’emparer avec le procédé Vitaphone exploité par Warner dans le film Le Chanteur de jazz en 1927 à New York. Ce film d’Alan Crosland fonctionnait avec des disques Vitaphone synchronisés.
Très vite, en 1930, pour des raisons techniques et commerciales, les firmes américaines adoptent le son enregistré photographiquement, directement sur la pellicule. C’est le film sonore 35 mm normalisé avec sa piste étroite photographique placée entre les perforations et le bord du film. Il deviendra le standard mondial jusqu’à la fin de vie de la pellicule !
Du son mono au son spatialisé
Au début, le film 35 mm ne comportait qu’une seule piste sonore et était diffusé par un seul haut-parleur placé derrière l’écran de projection. Plusieurs expériences de spatialisation furent tentées. En 1932, c’est Abel Gance qui associe le son enregistré sur pellicule à un orchestre placé dans la salle de projection pour la version sonore de son film Napoléon sur triple écran.
En 1940, ce sont les ingénieurs de Disney qui proposent un système multicanal pour le film Fantasia. Ce sera le premier film commercial sorti avec plusieurs pistes sonores. Il comportait cinq canaux (à l’avant gauche, centre, droite et pour le « surround » gauche et droite arrière en fond de salle) l’ensemble étant élaboré à partir de trois canaux de production (gauche, centre, droite). Il est à la base du format 5.1, puis du 7.1.
En 1952, le Cinérama apparaît en reprenant l’idée d’Abel Gance, celle de l’utilisation d’un triple écran « extra large » doté d’une courbure de 146 °. Cette image panoramique est alors accompagnée d’un son multicanal diffusé sur sept canaux pour envelopper littéralement le spectateur. L’année suivante, le Cinémascope se développe pour offrir une image panoramique et un son spatialisé sur quatre canaux (trois avant et un son arrière d’ambiance). Le son est alors enregistré sur des pistes magnétiques déposées sur la pellicule, procédé qui améliore certes la qualité sonore par rapport à celle de la piste photograhique, mais qui est beaucoup plus coûteux.
Pourtant, dès 1954, le format de film 70 mm avec son magnétique diffusé sur six canaux, se développe pour améliorer le confort visuel et d’écoute. Citons d’autres tentatives comme le Todd AO qui, avec ses cinq enceintes à l’avant, devient le précurseur des formats 7.1.
En 1970, on assiste au développement de l’Imax (Image Maximum) qui va se décliner en Imaxdome et Imax 3D.
En 1977, Ray Dolby propose un système de spatialisation quadriphonique à partir de copies 35 mm à piste photographique. C’est le Dolby stéréo qui va s’imposer dans le monde pour sa facilité d’exploitation. C’est le film A Star is born qui marquera le début de l’exploitation du procédé Dolby stéréo en production 35 mm. Ce procédé 5.1 du cinéma est normalisé en Dolby stéréo SR (Spectral Recording) avec réducteur de bruit. Grâce à une matrice, ce signal peut être produit à partir de deux canaux inscrits en analogique sur la pellicule, avant l’introduction d’une version numérique en 1992 du Dolby SRD (Spectral Recording Digital) qui va améliorer la reproduction sonore et son exploitation.
L’audio-numérique sur film
L’idée de numériser le son sur la piste photographique va révolutionner les procédés de reproduction multicanal avec la diffusion sonore en salle de trois à cinq canaux avant et deux canaux d’ambiance arrière, plus un canal spécifique de renfort des basses.
Kodak, qui a conçu un système, le CDS, laissera finalement le champ libre à Dolby et DTS. Ils vont développer leurs propres procédés, notamment des systèmes multicanaux et immersifs. En effet, l’espace sonore horizontal des systèmes précédents se trouve amputé du son vertical, d’où l’idée d’une nouvelle dimension, pour le spatialiser !
* Extrait de notre article paru pour la première fois dans Mediakwest #22, p. 54-56. Abonnez-vous à Mediakwest (5 nos/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.
La seconde partie de cet article sera publiée sur ce site demain…