13e Journée de la création TV – « Construisons ensemble l’avenir de la télévision »

La Journée de la création TV, qu’organise depuis 2004 l’Association pour la promotion de l’audiovisuel (APA), en partenariat notamment avec la Commission des affaires culturelles du Sénat, s’est déroulée fin juin au Studio Gabriel sur le thème, cette année, de « Construisons ensemble l’avenir de la télévision ». Le matin, se tenait une table ronde sur les enjeux de la télévision face à l’avènement du numérique. Quant au grand débat de l’après-midi, il s’intitulait : « Hyper-concentration et création : les frères ennemis ?...».
JourneeAPA.jpg

 

Dans son discours d’ouverture, le président de l’APA, Jean-François Boyer, s’est réjoui de la diffusion toujours plus large de cette Journée grâce à la poursuite d’un partenariat historique avec Public Sénat, mais aussi au nouveau partenariat avec TV5 Monde.

Animé par Caroline Deschamps (Public Sénat), le débat sur « Les nouvelles technologies et la création TV » a réuni Sophie Berque, responsable de la cellule Webcréation, RTBF ; Gilles Freissinier, directeur du Pôle web d’Arte France ; Gilles Galud, producteur et directeur général, Studio+ ; Oskar Guilbert, président & CEO, Dontnod Entertainment ; Laurence Katrian, réalisatrice et coprésidente du Groupe 25 Images ; Claire Leproust, productrice Fablab Channel ; Sébastien Perron, responsable des partenariats stratégiques, YouTube et Angela Soupe, scénariste (Les Textapes d’Alice). Il a permis de mettre en lumière la grande liberté des formats offerte par l’écriture web : un autre ton est possible, avec beaucoup plus d’audace et d’impertinence.

Les nouvelles technologies permettent d’aller trouver d’autres publics, plus jeunes, notamment en s’appuyant sur le développement d’une offre de type jeux vidéo. À ce propos, Arte France a développé plusieurs expérimentations dont « Type Rider ».

Pour aller à la rencontre des nouveaux modes de consommation du public, outre les formats, il devient aussi nécessaire d’envisager de nouvelles approches digitales et de partir à la conquête des nouveaux écrans… Dans cette perspective, Vivendi a annoncé, sur le dernier MipTV, la naissance de Studio+ d’ici fin 2016. Gilles Galud, directeur de Studio+, a, sur la journée de l’APA, expliqué que son offre, disponible sous la forme d’une application, proposera des séries premiums et exclusives sur la base d’un format de 10×10 min dans le cadre d’un abonnement de l’ordre de 3 à 5€ par mois.

Le grand débat de l’après-midi a, lui, fait l’objet d’une émission exceptionnelle diffusée sur Public Sénat (canal 13) le vendredi 1er juillet de 11h00 à 13h00 et sur TV5 Monde. Animée conjointement par Caroline Deschamps (Public Sénat) et Estelle Martin (TV5 Monde), il avait pour thème « Hyper-concentration et création : les frères ennemis ? ». Sont intervenus : Martin Ajdari, directeur des médias & des industries culturelles ; Thomas Anargyros, producteur et président de l’USPA ; Delphine Ernotte Cunci, présidente du Groupe France Télévisions ; Emmanuel Priou, producteur et président du Collège audiovisuel, SPI ; Pascal Rogard, directeur général, SACD ; Hervé Rony, directeur général, SCAM et Maxime Saada, directeur général du Groupe Canal+.

Delphine Ernotte Cunci a souligné que l’hyper concentration est déjà très présente dans le paysage mondial avec l’acteur américain Netflix qui sera rejoint, d’ici la fin de l’année, par Amazon… « Netflix investit 5 milliards d’euros par an dans la création. France Télévisions, qui abonde à hauteur de 50 % du budget de production français, investit 400 millions pour une volumétrie de production de 800 millions par an ».

Pour la présidente de France Télévisions, une concentration française ne représenterait pas une solution face aux enjeux de la montée en puissance de Netflix et d’Amazon. « Si la chaîne de valeur a changé, le talent représente toujours le cœur la création », a-t-elle mentionné. Une concentration serait, pour elle un facteur défavorable à la prospérité de la création dans la mesure où celle-ci tuerait la production indépendante… Et par ricochet, la diversité culturelle à la française…

« Chez Canal+, les séries produites par Studio Canal sont largement supérieures en attractivité aux programmes américains achetés, a souligné Maxime Saada. Versailles a focalisé une audience de 2 millions de personnes sur la BBC dès le premier épisode… ». C’est un fait, la créativité française est reconnue et récompensée dans le monde et intéresse déjà une audience internationale, sans passer par une étape de concentration…

Pour Delphine Ernotte Cunci, la riposte face à l’invasion des géants américains serait une plate-forme française réunissant toutes les œuvres de toutes les chaînes de télévision; une plate-forme qui soit la vitrine de la culture française…

En écho, tous les intervenants du débat se sont accordé sur la nécessité de défendre un modèle culturel français et européen pour contrer celui, très puissant, des Américains. Les représentants de la SACD et la SCAM ont en outre formé le vœu que les auteurs soient associés en amont des négociations producteurs-diffuseurs…

À noter, qu’au cours de cette journée de l’APA, le président de Public Sénat, Emmanuel Kessler, a annoncé la création d’une nouvelle case documentaire le dimanche après-midi sur sa chaîne, ainsi que la diffusion de neuf fictions sur de grands moments et des figures politiques et historiques, une première pour la chaîne !

Thomas Anargyros a souligné, qu’il y a 15 ans, l’industrie TV produisait 1 000 heures de fiction, un chiffre qui aujourd’hui s’est réduit à 750 heures, alors que l’Angleterre produit entre 1 200 et 1 400 heures et l’Allemagne quelque 2 000 heures. Ces deux pays vivent une croissance de l’ordre de 200 millions par an, tandis que le paysage audiovisuel français vit une récession.

Les prises de parole d’introduction et le débat « Nouvelles Technologies et Création TV » sont accessibles en vidéo ici ; le grand débat politique (vidéo intégrale) ici