
Technicolor anime le paysage des effets visuels depuis plus de 110 ans. Basé en France, le groupe possède un rayonnement international grâce à ses sociétés (MPC, The Mill, Mikros et Technicolor Games) présentes dans divers pays (France, Allemagne, Royaume-Uni, Etats-Unis, Inde) et emploie plus de 10 000 salariés selon BFM Tech. Malgré de grands projets aux succès mondiaux (Emilia Perez, Le Roi Lion ou Kraven le chasseur), l’ensemble du groupe est mis à mal depuis fin février.
Vendredi 21 février, les employés américains de Technicolor ont reçu une lettre d’avertissement concernant une possible fermeture du groupe sur leur territoire. Cette décision, qui pourrait affecter plusieurs centaines d’emplois selon Variety, a été justifiée par ces lignes rapportées par le magazine américain : « Technicolor a été confronté à de graves difficultés financières. Malgré des efforts considérables – notamment des initiatives de restructuration, des discussions avec des investisseurs potentiels et l’exploration d’opportunités d’acquisition – nous n’avons pas été en mesure de trouver une voie viable pour l’avenir. Malheureusement, cela ne nous laisse pas d’autre choix que de reconnaître que la société pourrait être forcée de fermer. »
Si aucune déclaration n’a été faite officiellement concernant la fermeture ou le rachat des branches américaines de Technicolor (The Mill US serait actuellement en discussion avec Dream Machine FX, selon le journal 3DVF), le groupe a rapidement annoncé que l’ensemble des filiales était concerné. Du côté français, une procédure de redressement judiciaire concernant notamment Mikros Image et The Mill France a été ouverte le lundi 24 février auprès du tribunal de commerce de Paris. Des procédures similaires ont été engagées pour les sociétés présentes au Royaume-Uni menant au licenciement de plus de 400 personnes selon la BBC.
Quelles sont les raisons de ces difficultés ?
Le groupe avait déjà frôlé la faillite en 2020, ce qui l’avait mené à une restructuration. Malheureusement, les évènements de ces dernières années n’ont pas favorisé sa reprise d’activité. « Après la grève à Hollywood, la reprise n’a pas été aussi rapide que prévue. Puis, à cela s’ajoutent les conséquences du Covid et des incendies à Hollywood. Enfin, en ce qui concerne l’animation, il est vrai que les plateformes ont réduit leurs investissements ces derniers temps. Ce sont tous ces éléments qui ont fragilisé le groupe », souligne Jean-Yves Mirski, délégué général de la FICAM ((Fédération des industries du Cinéma, de l’Audiovisuel et du Multimédia).
« Pas d’inquiétude pour le marché français »
Si certains craignent un effet domino sur le marché de l’audiovisuel français, le délégué général de la FICAM appelle à l’apaisement. « Il faut garder en tête que Technicolor est un groupe international, il évolue donc dans un écosystème complexe. Sa situation ne s’applique pas à l’intégralité du marché ni à tous les secteurs. En ce qui concerne le secteur des effets visuels et de la post-production française, il se porte plutôt bien ».
Toujours selon le délégué général de la FICAM, aucun rachat ni fermeture potentielle des sociétés françaises n’a encore été annoncé. La situation pourrait évoluer au cours du mois. « Nous attendons la décision du tribunal de commerce, mais pour l’instant, l’entreprise continue de fonctionner et les contrats seront honorés », rassure-t-il.