AJA CION, première prise en main

Petite visite guidée d’une nouvelle venue sur le marché, la caméra CION possède des fonctionnalités intéressantes, et devrait séduire les opérateurs qui ont une expérience cinéma. La caméra est personnalisable, avec de nombreux réglages disponibles. Prêts à partir en exploration ? 
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La firme AJA, spécialisée dans les enregistreurs, convertisseurs, ne voulait pas être en reste sur le terrain des caméras numériques en 4K. Elle a donc mis au point son nouveau bébé : la CION. Dès le premier abord, accordons lui le bon point d’avoir une forme ergonomique. Enfin une caméra dans cette catégorie qui est confortable et équilibrée sur l’épaule. Pas besoin d’ajouter un grand nombre d’accessoires pour la rendre utilisable. Le viseur est au bon endroit et n’oblige pas à faire des contorsions. 

 

 

Prise en main

Elle pèse ce qu’il faut pour être stable. Une caméra trop légère n’est pas toujours notre amie, surtout en ce qui concerne la stabilité. Détail : la poignée est en bois, très jolie, rappelant au passage celle de l’Aaton (nostalgie, quand tu nous tiens…) Elle possède un capteur CMOS APS-C qui est à peu près équivalent au S35 mm , un global shutter et une monture PL. Elle peut donc recevoir toutes les optiques cinéma du marché. Sur le dessus du corps, se trouve une trappe qui permet d’accéder au tirage mécanique de la caméra, option indispensable lorsque l’on utilise des optiques 35 mm de cinéma. Dans ce même registre, un pas de vis au niveau du plan capteur permet de fixer une vis pour accrocher un décamètre (Et non, le point ne se fait pas toujours à l’écran…

Un bon vieux décamètre est souvent le bienvenu). Les tiges porte-accessoires sont au diamètre 15 mm, ce qui limite forcément les possibilités. Pour mémoire, la plupart des caméras professionnelles utilisent des tiges au diamètre 19 mm (standard Arriflex). En revanche, ces tiges plus minces sont plus légères. Les rosettes d’attache des poignées sont au format standard, on peut donc adapter les célèbres poignées bleues sans problème.

On trouve plusieurs pas de vis répartis sur la poignée de portage et des plaques au-dessus et en-dessous de la caméra. Ils permettent de fixer toutes sortes d’accessoires. Le corps est fabriqué en magnésium. Aucune des prises de connexion n’est à une norme propriétaire (SDI, HDMI, XLR, USB2, LAN, Thunderbolt, Jack, Anton Bauer 2 broches pour l’alimentation des accessoires). La caméra est compatible avec tous les accessoires traditionnels comme les viseurs électroniques, les moniteurs, les enregistreurs externes, les microphones, les têtes, etc. L’alimentation se fait avec des batteries Anton Bauer 12V ou via un convertisseur qui permet une alimentation secteur.

 

 

L’image CION

La CION possède un filtre passe-bas et un filtre infrarouge. Bémol, il n’y a pas de filtre neutre intégré et la sensibilité minimum est de 320 ISO. Ce qui implique donc de fermer fortement le diaphragme dans des conditions de forte luminosité si l’on n’est pas équipé de filtres neutres en verre pouvant se glisser dans le pare soleil. Par ailleurs, des filtres neutres intégrés permettent de régler l’exposition plus rapidement et plus facilement lorsque l’on est seul. Cela va manifestement à l’encontre de la conception de la caméra. En effet, toutes les commandes sont conçues pour un opérateur seul. L’écran et les commandes des menus sont toutes situées côté opérateur.

Nous recensons 3 boutons de déclenchement de l’enregistrement : à côté de l’écran des menus côté opérateur, sur le dessus de la poignée de portage et sur la poignée d’épaule. Il n’y a pas de boutons assignables. L’écran de visionnage est placé assez bas. De plus, il est assez petit. Les informations concernant les menus défilent en bas et ne viennent pas en surimpression sur l’image. Conséquence : peu de choix par page de menu et des possibilités de configuration assez restreintes, de plus, les caractères sont assez petits. Les menus ne s’affichent pas dans le viseur. La navigation dans les menus s’opère via un bouton qui permet de les faire défiler et de les sélectionner d’une façon très classique. Pour changer de chapitre, il est nécessaire d’appuyer sur le bouton concerné.

La répartition des réglages n’est pas toujours intuitive, la validation, non plus. En effet, le mode d’emploi stipule qu’il suffit de valider l’option choisie pour qu’elle arrête de clignoter et s’applique. Dans la réalité, il faut appuyer de nouveau sur le bouton du menu concerné pour valider son choix et revenir sur la page. Ce n’est pas toujours pratique et évident. Le choix des formats d’enregistrement se trouve dans le chapitre « FPS » (Frame Per Second), pourquoi ne se trouve-t-il pas dans le menu « Config » ? Dans le menu EI (Exposure Index) on trouve le choix de la sensibilité (320 ISO, 500 ISO, 800 ISO ou 1000 ISO) ainsi que les ré- glages de l’obturateur. Ces derniers peuvent être affichés en angle (15°,30°, 45°, 120°, 144°, 172.8°, 180°, ou 360°) ou en vitesse (1/24, 1/48, 1/50, 1/60, 1/72, 1/96, 1/192, 1/288 ou 1/576). Les réglages de la caméra peuvent se faire via une interface logicielle téléchargeable. L’enregistrement de plusieurs caméras peut aussi être contrôlé par celle-ci. Avec un ordinateur équipé de l’interface logicielle dédiée relié à la CION par la connexion LAN, il est possible de charger et décharger des dossiers de réglages de configuration dans la caméra. On peut en enregistrer 20 différents dans la mémoire et les rappeler très facilement.

 

Réglages & Enregistrement

On peut choisir le mode d’affichage de l’image ainsi que les informations qui nous intéressent (ou les cacher) sur le moniteur externe et dans le viseur. Il est aussi possible de régler le mode des sorties SDI, HDMI et LAN suivant leur utilisation (affichage ou enregistrement externe). De même, les sorties timecode peuvent être paramétrées pour un usage avec une horloge mère ou un TC linéaire. Le type du TC peut aussi être choisi soit NDF (Non Drop Frame) ou DF (pour la norme NTSC). Les réglages propres au viseur électronique (Cinéroïde) s’effectuent dans le menu de ce dernier (peaking, grossissement dans l’image, fausses couleurs, monochrome, cadre, croix du milieu, en revanche, il n’y a pas de zébras). Le mode d’affichage de l’histogramme qui est un des plus sûrs moyens de contrôle de l’exposition peut lui aussi être choisi. Les Vumètres du son sont en option.

En ce qui concerne les réglages possibles de l’image, on trouve trois températures de cou- leurs prédéfinies : 3200K, 4500K et 5600K ainsi qu’une possibilité de correction automatique de la balance des blancs. Au sujet des sensibilités évoquées plus haut, il est recommandé de tra- vailler entre 320 ISO et 500 ISO. Cela voudrait-il dire que ces valeurs correspondraient à la sensibilité native de la caméra et qu’au delà, nous aurions affaire à du gain électronique ? 3 courbes de gammas sont disponibles : Normal, Normal Expanded et Vidéo. La seconde permet de ren- trer plus facilement les hautes lumières dans le signal. En RAW, il est possible de désactiver (disabled) les gammas. On peut aussi jouer sur la saturation des couleurs via 4 réglages : Nor- mal, Flat, Skintones et Vidéo. Les noms parlent d’eux-mêmes.

Terminons par les modes d’enregistrement : 4K, UHD, 2K ou HD. En enregistrement interne sur cartes SSD, il est possible de tourner de 23.98 IPS à 60 IPS. Avec quelques restrictions quand même : le 4:4:4 sur 12 bits n’est valable que jusqu’à 30 IPS. Au delà, c’est du 4:2:2 sur 10 bits. Pour enregistrer en RAW, il faut adjoindre un enregistreur externe relié par les sorties SDI. En 4 K RAW jusqu’à 30IPS, 1 sortie est nécessaire, en 4K RAW jusqu’à 60 IPS, il en faut 2, et 4 sont utiles pour aller à 120 IPS. Il serait intéressant de savoir sur combien de bits le RAW est quantifié, on peut raisonnablement supposer que c’est sur 12 bits.

Au final, cette caméra a tout d’une grande, excepté quelques petits manquements bien compréhensibles étant donné un positionnement économique très intéressant….