Comment vendre la french touch à l’étranger ?

Paris FX (septième édition), qui s'est tenu pour la seconde fois à Enghien-les-Bains au Centre des Arts, a fait salle pleine. Étaient présents un jeune public mais également des futurs professionnels venus assister durant deux jours à des présentations de leur ainés : professionnels des effets spéciaux et de l'animation français et étrangers. Parmi les nombreux sujets traités, des présentations technologiques qui permettent de décortiquer la création numérique et le savoir-faire des studios, une conférence avait pour thématique « Les stratégies internationales des sociétés françaises VFX et Animation ».
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Pour illustrer ce thème, se sont succédées deux entreprises ou plutôt deux visions différentes de la manière d’aborder la conquête de nouveaux territoires.

La société Digital District, créée en 2008 et née d’un essaimage de Def2Shoot après son rachat par Monal Group (CMC, Digimage, LVT…). Digital District, travaille sur les effets spéciaux pour le long-métrage et la publicité. La société à une stratégie de développement international en ouvrant des filiales à l’étranger. Digital District, outre son bureau parisien, est présente à Bruxelles, Montréal et Shanghai.

En termes d’effectifs, la société emploie une cinquantaine de personnes à Paris. « La problématique de l’international est quotidienne pour nous car nous avons de nombreux clients. 50 % du chiffre d’affaires réalisé en France est issu d’une clientèle étrangère. Nous travaillons principalement en Europe, Pays du Golfe, Russie, États-Unis et Asie » indique David Danesi, PDG de Digital District, qui poursuit : « Pour travailler sur des projets ambitieux, il faut aller à l’international. En France la crise économique rend de plus en plus concurrentiel le marché intérieur. Il y a la concurrence des autres prestataires, la réduction des budgets, la compétitivité des petites structures et la concurrence des agences et des sociétés de production. »

Pour se développer Digital District a donc privilégié l’ouverture de bureaux à l’étranger, sur des pays à forte potentialité comme la Chine avec une installation récente à Shanghai mais aussi sur des pays qui bénéficient d’avantages en termes de tax-shelter et de défiscalisation comme la Belgique et le Canada.
« Nous pensons qu’il faut mieux mettre en place mieux des petites structures avec une satellisation à l’international et d’aller chercher des films à fort potentiel VFX. Le dispositif français d’aide est peu compétitif et pas assez intéressant pour les gros projets. Le crédit d’impôt international a un dispositif très encadré. Les dispositifs fiscaux à l’étranger sont plus attractifs, notamment en Belgique et au Canada. »

Rappel sur le Crédit d’impôt international (C2I) qui a pour objectif de renforcer l’attractivité de la France pour les œuvres initiées par une société de production étrangère et qui comportent des éléments rattachés à la culture, au patrimoine ou au territoire français. Les œuvres éligibles sont agréées par le CNC. Le crédit d’impôt bénéficie au producteur exécutif de l’œuvre en France. Il représente 20 % des dépenses éligibles du film en France, et peut atteindre au maximum 4 M€ par œuvre. Les dépenses éligibles incluent les droits d’auteur (contrats français), les salaires des techniciens, des artistes-interprètes (plafonnés au minimum fixé par la convention collective), les dépenses techniques (location et achat), les locations de décors, le transport, la restauration et toutes les charges sociales.

Digital District s’est implantée en Belgique à Bruxelles, avec le rachat de Victor 3D. En Belgique la société s’est rebaptisée Benuts. Le studio comprend 30 personnes, un savoir-faire et réseau en place. Benuts travaille étroitement avec Digital District et permet la réalisation de projets néerlandophones, allemands et anglais.

À Montréal, Digital District a ouvert un studio d’animation nommé Ballerina. Quant à la Chine, le marché est très dynamique, en plein développement, avec 85 projets réalisés depuis janvier. Il y a une forte demande locale avec un haut niveau qualitatif, bénéficiant de budgets de pub qui sont les mêmes qu’en France.
The Bridge

Autre initiative d’Internationalisation, la création de The Bridge, une joint venture de trois entreprises : la Compagnie Générale des Effets Visuels, Autre Chose et Chez Eddy, avec, à la direction commerciale et du développement, Carla Diamond, une productrice américaine, qui possède une culture francophone et une maîtrise du marché des effets spéciaux. Carla s’est occupée durant trois ans des projets internationaux chez Buf.

The Bridge, fondée il y a quelques mois, en 2013, a été créée pour répondre à la demande de projets internationaux, sur les effets visuels et sur la production digitale pour le long-métrage, les séries TV et la pub.

Même si la structure est récente, elle bénéficie de 40 ans d’expériences combinées, les dirigeants des sociétés partenaires sont présents sur le marché depuis de nombreuses années, que ce soit Alain Carsoux (Compagnie Générale des Effets Visuels), Jean-François Bourrel (Chez Eddy) ou Stéphane Bidault et Matthias Weber (Autre Chose). Au total The Bridge c’est trois centres de production au centre de Paris utilisant 1 300 m2, avec une équipe de production bilingue et une très haute capacité de livraison de plans. Les studios ont déjà livré plus de 4 300 plans en 2013. Pour maintenir une cohésion avec les demandes des clients, ils ont un seul interlocuteur superviseur par projet qui fait le lien entre les sociétés.

La stratégie internationale s’inscrit dans le long terme, comme le souligne Jean-François Bourrel : « Le développement international vient en plus des autres activités. Donc nous prenons le temps nécessaire pour le faire bien, aller voir les gens en face à face, créer de la confiance ». The Bridge souhaite collaborer avec les studios ou les producteurs indépendants.