Avec tous les systèmes d’automatisation d’exposition et de mise au point des caméras, caméscopes et smartphones actuels, il faut vraiment le faire exprès pour rater sa prise de vues. Par contre, la prise de son reste plus délicate et un son « amateur » se repère tout de suite. Par ailleurs, si un problème d’image passe inaperçu, il peut presque toujours se corriger au montage, ne serait-ce que par un plan de coupe. A contrario, une mauvaise prise de son est généralement irrattrapable.
Simple et efficace
C’est avec ces contraintes en tête que Dji à conçu son système de prise de son sans fil composé de deux micros-émetteurs/enregistreurs et un récepteur HF qui se connecte à une caméra ou un smartphone. Il est donc possible de capter séparément le son de deux personnes et les affecter aux voix gauche et droite affiner le mixage en post production. Les trois composants se rechargent dans un petit boitier de transport très pratique, lui-même comprenant une batterie qui se recharge via un port USB-C. Sur le terrain, Dji garantit une autonomie de batterie de 5,5 heures pour les transmetteurs, de 5 heures pour le récepteur et jusqu’à 15 heures avec l’Étui de recharge. Noter que la charge des transmetteurs et récepteurs se coupe automatiquement quand ils ont atteint leur maximum de capacité, ce qui n’est pas le cas de leur système concurrent de chez Rode, qui est vendu sans boitier chargeur de transport.
Le boitier comprend donc deux mini boitiers émetteurs et un récepteur, ainsi que trois raccords différents pour le récepteur, qui peut ainsi se connecter soit à un appareil photo ou caméscope via un socle pour le flash et un raccord Jack-Jack, soit sur un iPhone, avec un connecteur Lightning, soit sur un smartphone Android, avec un connecteur USB-C. Ces deux derniers mini-connecteurs ne sont cependant pas très faciles d’accès. Il n’est pas très commode de les extraire du boitier, mais, à l’usage, un peu de jeu doit se faire dans la mousse de calage et l’opération devenir plus facile à réaliser. Dans le cas d’une connexion sur appareil photo de type Vlog, comme le Sony ZV-1 pour ce test, le boitier peut se fixer indifféremment en tournant l’afficheur vers l’avant ou vers l’arrière, selon qu’on est en mode « selfie » ou normal. C’est une autre différence avec le système concurrent de Rode dont l’afficheur est sur le dessus. Ici, en mode « Selfie », il est ainsi possible de visualiser facilement la modulation du signal audio tout en regardant vers l’objectif.
Un appairage rapide
Les différents réglages et commandes du boitier récepteurs s’effectuent sur un mini-écran LCD tactile qui exige un peu précision dans le doigté. Vu sa taille réduite, il vaut mieux avoir les doigts d’une couturière que ceux d’un bucheron canadien ! Une fois mis sous tension, une diode verte sur les émetteurs clignotent jusqu’à ce que l’appairage WiFi se fasse. Dji affirme utiliser un nouveau codec pour les transmissions mais ne précise pas la norme utilisée. Le fabriquant annonce une portée de 250 m maximum…. En ligne droite… sans obstacle… et avec le vent dans le dos ! En pratique, on a testé une portée de captation d’une vingtaine de mètres, mais qui tombe à une dizaine si un mur ou une cloison s’interpose. En intérieur, la liaison a été maintenue sur une distance de 5 m à travers le mur porteur d’une maison.
Donc, globalement, la liaison HF est plutôt fiable. C’est d’autant plus nécessaire qu’une interruption de transmission, même infime, peut ruiner une prise de son. En sécurité, chaque émetteur comprend une mémoire interne de 8 Go, suffisante pour enregistrer jusqu’à 15 heures d’audio mono, avec une fréquence d’échantillonnage de 48 000 Hz et un format audio WAV 24-bit. Il suffit pour cela d’appuyer sur le bouton « Rec » de l’émetteur, ce qui allume une diode rouge. Le niveau est de 6dB inférieur à un niveau nominal, ce qui permet de se protéger d’éventuelles saturations.
Nous l’avons testé comme complément de prise de son pour un récital de piano, en plaçant directement l’émetteur dans le piano ! Pas de saturation pour autant. Il a suffit d’augmenter légèrement le gain pour retrouver un bon niveau, sans pour autant récupérer du bruit, ce qui confirme la bonne qualité du convertisseur et du microphone intégré. Une fois la journée de tournage terminée, il suffit de connecter les émetteurs via une prise USB-C à son ordinateur qui les reconnait instantanément comme unité de stockage. Les fichiers audios peuvent alors être importés dans la timeline de montage et resynchronisés automatiquement avec le son « témoin ». En l’occurrence, pour notre test, le son de l’émetteur est venu compléter celui de la caméra pour faire ressortir l’instrument solo.
Une connectique bien pensée
Chaque émetteur dispose d’un prise Jack femelle qui peut accueillir un éventuel micro-cravate type Lavalier. Toutefois, les émetteurs sont relativement discrets et peuvent s’accrocher avec leur pince intégrée ou à l’aide d’un aimant petit mais costaud, à l’intérieur d’un pull par exemple. En prise de son extérieur, il est possible de leur ajouter une bonnette anti-vent fournie. Coté récepteur, la connexion avec le caméscope ou l’appareil photo se fait via une prise jack TRS. Sur les smartphones, le récepteur se fixe directement sur la prise Ligthning ou USB-C. Il faut alors veiller à ce que le connecteur soit bien enfoncé à fond, sans quoi le smartphone ne « voit » pas l’émetteur.
Il vaut mieux donc retirer les éventuelles coques protectrices. Le son peut être contrôlé en direct via une sortie Jack de type casque. Noter qu’il n’est pas possible d’écouter le son du fichier en lecture enregistré avec Filmic Pro par exemple via le jack du récepteur … Il faut le détacher et reconnecter d’autres écouteurs Lightning… C’est un peu fastidieux, d’autant que la jonction des deux semble très fragile : attention à la casse !
En conclusion, nous avons été convaincus par la qualité sonore du système, la facilité d’utilisation et l’intelligence de la conception du produit. L’ergonomie, la taille très réduite du panneau de commande/display et la fragilité des connecteurs smartphone pourraient cependant être améliorés. A un prix de 329 euros, cette combinaison 2 émetteurs, 1 récepteur fera sans conteste « le job » et se positionne comme concurrente très sérieuse de celle proposée par Rode.