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Flux:: Evo Channel :
 un ChannelStrip de plus ?

Mis au point avec la collaboration de l’ingénieur du son Yves Jaget, Evo Channel, proposé par Flux::, est un plug-in ChannelStrip qui se propose donc de réunir en une seule entité l’essentiel des traitements audio répondant à 
70 % des besoins quotidiens de tout ingénieur du son. L’idée n’étant pas nouvelle, qu’est-ce que cette « tranche de console virtuelle » peut donc apporter sur un marché déjà largement occupé par de nombreux acteurs comme Avid, UAD, Izotope, Mc DSP, Metric Halo ou Waves ?
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C’est un fait, avec la disparition des consoles audio, les principaux éditeurs se sont mis à proposer des plug-ins tout-en-un censés réunir les traitements de dynamique et d’EQ essentiels aux besoins quotidiens de l’ingénieur du son en reprenant plus ou moins implicitement les outils que proposaient jadis les reines du mixage estampillées SSL, Neve, API, et plus récemment Euphonix.

Flux:: proposant déjà des outils d’EQ (Epure) de traitement dynamique (Pure Compressor, Syrah, BitterSweet Pro…), l’idée était de réunir cet arsenal au sein d’un outil pratique et facile à utiliser tant à la souris que via les encodeurs d’une surface de contrôle, agrémenté d’une analyse de spectre dérivée du Pure Analyzer pour contrôler visuellement les opérations. Sauf qu’ici, l’éditeur avoue s’être écarté quelque peu de sa ligne éditoriale en proposant un produit où l’efficacité prime, donc avec un accès aux réglages simplifié, et où la signature sonore Yves Jaget l’emporte sur la neutralité sonore habituellement de mise chez Flux::.

 

Une boîte à outils complète

À la première insertion, on retrouve le look maison que les habitués de la marque connaissent avec en outre un mode nuit/ jour qui permet de faire passer l’analyseur graphique du noir au blanc. Le plug-in comporte plusieurs sections clairement agencées sans le souci d’évoquer l’apparence d’une console. Dans la partie supérieure, l’œil est attiré par cet analyseur dérivé du Pure Analyzer, un plus appréciable, mais qui suppose une taille de fenêtre non négligeable. Ainsi, l’ensemble est nettement plus large que le Channel Avid par exemple. Autour des « incontournables » du genre comme la section EQ, les gains d’entrée et de sortie, ou encore le compresseur, on trouve des traitements plus inhabituels. Ainsi, en début de chaîne, on a droit à un réglage de Drive qui enrichit le son en générant des harmoniques, ou encore une correction de phase pour réaligner tous les micros appartenant à un même groupe. Enfin, l’intriguant module Touch permet de focaliser sur une plage du signal, un des sept traitements dynamiques proposés (Transient Boost ou Kill, Sustain Boost ou Kill, De-esser 1 et 2 et Expander). Comme sur le ChannelStrip Avid, on dispose de quatre slots afin de choisir l’ordre des traitements ( ltre, EQ, compresseur et Touch), sauf qu’ici, la trousse à outils est incontestablement plus complète.

 

Rapide à mettre en œuvre

Dès l’insertion sur des pistes de voix parlée ou chantée, on est immédiatement tenté de tester le réglage de Drive. En gardant un réglage modéré, le signal s’enrichit effectivement en harmoniques, un peu à la manière d’un Aural Exciter Aphex en version simplifiée. La section EQ se montre quant à elle facile à utiliser à la souris via les boutons virtuels ou directement sur les points qui font automatiquement apparaître une liaison entre le graphique et les potentiomètres virtuels. Le principe est intéressant, d’autant plus que le plug-in affiche l’ensemble des valeurs en permanence donnant ainsi toutes les informations utiles numériquement et graphiquement. On retrouve, sinon, les raccourcis qui commencent à se généraliser sur ce type de produits, afin de faciliter l’exploitation à la souris à molette ou au track-pad. Les réglages par défaut incitent à faire des corrections plutôt douces, mais il n’est pas interdit d’être plus drastique puisqu’on peut atteindre les +/-24 dB de gain et des largeurs de bande très étroites. Un clic sur le compresseur dévoile un module doté de cinq réglages plutôt standard, mais c’est plutôt par le biais de ses neuf modes que le module se différencie. En effet, ce ne sont pas de simples présélections, mais plutôt des jeux de macro commandes qui actionnent en coulisse un ensemble de paramètres non apparents (Dyn Factor, Knee, balance Peak/RMS, LID…) dont certains sont d’ailleurs spécifiques à l’éditeur. Au final, un compresseur très polyvalent, facile à mettre en œuvre et permettant d’obtenir des résultats plus rapidement qu’avec d’autres produits de l’éditeur. Même si ces modes sont majoritairement orientés musique, ce qui est somme toute compréhensible vu le profil d’Yves Jaget, les modes Start, Drums Bus ou Vocal nous ont semblé constituer une bonne base pour les voix, donnant des résultats concluants en quelques clics, suivant que l’on cherche à obtenir un rendu transparent ou plus coloré. Notons que comme dans tout compresseur « moderne », un réglage wet/dry, toujours intéressant pour appliquer des réglages extrêmes tout en conservant les attaques du signal original, est également de la partie…

 

Quelques goodies

Après toutes ces corrections, on peut souhaiter affiner encore le résultat ou se débarrasser de quelques sifflantes ou plosives. C’est principalement dans ces deux derniers cas que je me suis servi du module Touch. Ainsi, l’algorithme Transient Kill appliqué dans le bas du spectre enlève les « pops » de manière convaincante sans « manger » le signal utile comme le ferait une simple égalisation. À l’autre extrémité du spectre le De-Esseur se montre à la fois efficace et discret. Tellement efficace d’ailleurs qu’on aimerait bien disposer de deux traitements Touch en simultané. Autre goody, le réglage de correction de phase n’est pour l’instant pas automatisable et ne remplace pas un rephasage manuel lorsque les microphones sont trop distants. L’utilisateur bénéficie malgré tout d’un réglage fin qui améliorera le rendu de toute prise effectuée avec plusieurs microphones, type perche et micro cravate par exemple.

Par rapport aux ChannelStrips du marché, l’Evo Channel se distingue par un retour visuel agréable et complet, une facilité d’utilisation et des petits plus comme les modules Drive ou Touch. Il est disponible aux formats VST, AU, AAX (Native et AudioSuite), Waves WPAPI, et bientôt VS3 MassCore. D’autre part, l’éditeur nous annonce que, dans un avenir proche, l’ensemble des modules sera disponible sous forme d’une collection de plug-ins indépendants et compatibles AAX-DSP. À découvrir…

 

* Article paru pour la première fois dans Mediakwest #27, p. 84-85. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.