Situé dans le XVIIe arrondissement parisien, plus précisément en plein cœur du quartier des Ternes, Comptoir du Son et des Images est établi au dernier étage d’un immeuble parisien où siègent de nombreuses sociétés évoluant notamment dans l’audiovisuel, la 3D ou l’informatique… Compositeur issu du conservatoire, mais également passionné de jazz puisqu’il est à l’origine du Paris-Jazz Festival, Franck Marchal nous accueille dans ses locaux agréablement baignés par une lumière du jour printanière.
À droite, l’accueil, LE comptoir et une vitrine ou trônent les récompenses acquises au fil des années. En face, un couloir animé par une impressionnante sélection de guitares et basses vintages en parfait état.
Plutôt que les standards US type Fender ou Gibson, la collection fait ici la part belle à des pièces rares des années 50 ou 60 estampillées Gretsh, Epiphone, mais aussi des modèles plus confidentiels qui nous font voyager comme cette Burns anglaise de 63 (la guitare des Shadows…), une Eko Barracuda fabriquée en Italie ou encore cette basse Kingston Violin d’origine japonaise… Bref, au-delà du son et des images, on découvre avec plaisir un véritable Comptoir des guitares…
Exploration…
Créé en 1994, avec comme activité principale la production de bandes-son pour la TV, puis pour la publicité, Comptoir du Son et des Images intervient aujourd’hui sur trois pôles de compétences : musique de film, sound design et mixage. L’activité se répartit pratiquement à parts égales entre la publicité, les programmes grand format type Imax et le marché de la télévision.
Parmi les clients récurrents, on trouve Fighting Fish, Cube Creative et N3DLand, Endémol et au niveau de l’activité TV, quelques séries d’animation comme Kaeloo produite par Cube Creative et diffusée sur les chaînes de Canal+ ou encore Les P’tits Diables produite par Futurikon et diffusée entre autres sur M6, Canal+ Family et Télétoon+.
Interrogé sur l’origine du nom de la société, Franck Marchal précise : « Pour moi, le Comptoir signifie la découverte, cette chose un peu rare que l’on va ramener d’ailleurs… Quant au son et à la musique, ce sont des territoires que l’on va explorer pour ramener quelque chose de nouveau. »
Le goût du défi
« Dans nos productions, nous avons toujours aimé les défis artistiques et technologiques, tant au niveau des formats que de la manière de gérer le son. D’autre part, quand je compose, j’aime bien travailler simultanément avec le sound designer, afin de confronter très régulièrement l’avancement de nos travaux. Nous évitons ainsi que certains éléments entrent en lutte au moment du mix, en vérifiant notamment qu’il n’y a pas de surcharge dans le bas du spectre, ce qui peut arriver facilement en multicanal… ».
En pleine préparation d’une séance d’enregistrement pour la musique de la nouvelle attraction du Futuroscope composée pour un orchestre symphonique et qui aura lieu aux Studios Guillaume Tell, Franck Marchal revient sur le style maison : « Nous sommes plutôt orientés vers la musique symphonique qui donne une couleur que l’on adore. Bien évidemment, ce type d’enregistrement s’effectue à l’extérieur. On ramène ensuite la session Pro Tools que l’on mixe ici. »
Après une dizaine de films Imax réalisés, l’expérience parle et la méthode s’affine : « Maintenant, on a tendance à faire les derniers ajustements de mixage, le Fine-Tuning, à la Géode avec un écran de 25 ou 30 mètres d’embase, ne serait-ce que pour apprécier à leur juste valeur la vitesse des mouvements de pan et la spatialisation. »
Autre spécificité maison, le goût pour les projets atypiques et les formats inhabituels : « Il y a trois ans, nous avons réalisé la sonorisation du site Perrier. La difficulté venait du fait que chaque visiteur pouvait, en cliquant simplement sur un des nombreux avatars, changer de peau et donc de point de vue… ». Au menu, plus de soixante perspectives sonores différentes incluant retournements, effets Doppler, changements d’acoustiques, le tout sans moteur audio 3D, ni format HOA. « Au total, pour une expérience de quatre minutes, nous avons fourni l’équivalent en travail de trois longs-métrages ! ».
D’ailleurs Comptoir du Son et des Images se définit plus comme un producteur qu’un prestataire : « Bien sûr, nous pouvons enregistrer une voix et la mixer si telle est la demande du client, mais notre vraie valeur ajoutée est de répondre à une problématique dans sa globalité, de trouver des réponses, des méthodes en fonction d’un budget et d’une attente précise… ».
Une intégration réfléchie
Musique, sound design et mixage 7.1, les trois studios reflètent fidèlement l’activité du Comptoir et bénéficient d’un stockage centralisé de type NAS permettant l’échange des sessions. L’espace étant compté, il n’y a pas ici de cabine speak dédiée, mais un espace traité acoustiquement dans le studio de sound design obtenu grâce à un rideau qui présente l’avantage de faire varier l’acoustique.
« Nous disposons chez moi, à l’extérieur de Paris, d’un quatrième studio de 45 m2 doté d’un écran cinéma et d’un monitoring 5.1, ce qui permet d’enregistrer des formations comprenant jusqu’à cinq musiciens », explique le maître des lieux.
Franck Marchal revient sur la création du studio de mix où la nouvelle Avid S6 vient juste de prendre place : « Auparavant, ce studio était plutôt un labo qui nous permettait de maquetter nos idées avant d’aller finaliser à l’extérieur. En dehors du fait que cela devenait coûteux, nous étions bloqués, voire frustrés dans nos projets, car finalement, ce qui prend le plus de temps, ce n’est pas l’enregistrement, mais la recherche et le mix. Grâce à CTM, nous avons pu effectuer tous les tests en situation dans leur showroom avant de nous arrêter sur le système Avid S6 et le monitoring Focal qui correspondait le mieux à nos besoins. Aujourd’hui, cette configuration nous permet d’être parfaitement autonomes, depuis l’idée de départ jusqu’au mix final. »
Ainsi, le choix de l’écoute s’est arrêté sur un ensemble Focal comprenant trois enceintes Twin 6be et un sub SM6 devant, l’arrière et les sides étant assurés par quatre CMS 50. Notons qu’un pré-câblage permettant une future extension zénithale dès que le besoin s’en fera sentir, a été effectué. De plus, l’optimisation et la gestion de monitoring est assurée par un système Trinnov D-Mon 8 livré ici avec son micro 3D. L’ensemble est jugé « très précieux car il peut simuler le rendu d’une grande salle » et permettre ainsi aux mix de « voyager » sans mauvaise surprise…
Motorisé par un Pro Tools HDX1, l’Avid S6 M10 est ici déployé en version 16 faders avec modules Process. La configuration est installée dans un meuble Argosy : « Certes, il est imposant, mais quel confort ! » se réjouit notre interlocuteur. « On peut travailler à trois avec, par exemple, le mixeur et son assistant et moi en face du producer desk. »
Grâce au design extrêmement modulaire de l’Avid S6, Alexandre Poirier, sound designer et mixeur maison, a ainsi pu opter pour une disposition comprenant huit faders d’un côté et huit faders de l’autre, répartis autour de la section centrale, nous explique Franck Marchal : « Cette disposition nous permet également de travailler efficacement en mode double opérateur avec les faders dédiés aux voix et sound design d’un côté, et les faders musique de l’autre. »
Gain de temps et reconnaissance
Après une installation délicate, puisqu’il a tout de même fallu jouer sur la structure du bâtiment en rajoutant un IPN pour récupérer un peu d’espace, vient l’heure du premier bilan de ce nouveau studio de mixage opérationnel depuis le 15 janvier : « Il aura fallu à Alexandre [Poirier, NDLR] environ un mois pour optimiser son set-up de base et trouver ses marques. Depuis, il passe jusqu’à 45 % de temps en moins sur ses mixages, notamment sur les projets long type docu ou séries. Ensuite, vis-à-vis du client, que la personne connaisse ou non la S6, l’outil dégage indéniablement un effet de sérieux qui met instantanément les gens dans un rapport de confiance. Et en plus, elle est noire ! [rires] » conclut le maître des lieux, plutôt ravi de voir ce nouvel outil s’intégrer parfaitement au code couleur maison tout en nuances de noir et beige…
À propos de la collaboration avec CTM Solutions
« Nous avons, grâce à leurs équipes, pu mener notre projet à bien tout en respectant notre planning très contraignant », résume Franck Marchal.
« Les équipes de CTM ont su nous faire partager leurs conseils et leur expertise en matière de design de studio, de création sonore, tout en respectant notre contrainte budgétaire. Leur accompagnement a été effectif tout au long du projet, depuis la conception jusqu’à l’installation et la mise en route des équipements, en optimisant notamment l’écoute du studio à l’aide des équipements Trinnov. C’est devenu un véritable partenaire de notre studio que je recommanderais pour leur professionnalisme et leurs équipes de passionnés. »
(1) Cet article est paru, pour la première fois, dans Mediakwest #17. Abonnez-vous à Mediakwest (5 nos/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour recevoir, dès leur sortie, nos articles dans leur totalité.