Une large palette d’applications avec les processeurs vidéo Titan et Callisto de LYNX

L’heure est à la dématérialisation et à la virtualisation, mais pour traiter un signal vidéo live, des équipements hardware sont encore indispensables. Pour sa gamme de processeurs vidéo greenMachine, LYNX associe dans une architecture hybride une plate-forme matérielle à des outils de traitement gérés de manière logicielle. Lorsque les unités greenMachine sont reliées en réseau, les fonctionnalités de l’ensemble sont virtualisées de manière globale grâce à un logiciel de supervision.
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LYNX Technik AG est un constructeur allemand d’équipements vidéo. Depuis plusieurs années, il conçoit et fabrique des modules de traitement et des interfaces pour fibres optiques, regroupés dans la gamme « yellow brick ».

À côté des multiples distributeurs, scalers et convertisseurs, ou désembedders audio présents chez de nombreux fabricants, la gamme yellow brick se distingue surtout par les interfaces pour fibres optiques avec des splitters, des distributeurs et des multiplexeurs travaillant en mode CWDM. Pour des installations plus classiques en baies 19 pouces, une grande partie du catalogue est proposée également sous forme de cartes modulaires pour châssis, la série 5000. LYNX accompagne ses produits avec le logiciel Apollo, un outil de pilotage et de supervision en mode graphique, très ergonomique.

En 2016, LYNX a élargi son catalogue en lançant la greenMachine, un outil de processing vidéo, tenant dans un boîtier 1U demi-rack 19 pouces. L’innovation majeure apportée par la greenMachine est son architecture hybride associant une plate-forme hardware basée sur de puissants circuits FPGA, à des applications logicielles qui remplissent les fonctions de traitement vidéo et audio. Sebastian Schaffrath, directeur technique de LYNX, utilise l’analogie du smartphone pour expliquer les avantages de cette architecture : « La greenMachine reprend le principe du smartphone. Les clients achètent un modèle identique avec un hardware doté des fonctions élémentaires, mais ils l’adaptent à leurs besoins en téléchargeant des applications spécifiques. Avec la greenMachine, c’est pareil, le client qui veut faire de la conversion de format télécharge l’application scaler, y ajoute éventuellement un désembedder audio, alors que celui qui a besoin d’un transport sur FO va choisir l’application de transport et l’associer par exemple à un générateur de mire. »

Avec un hardware identique, ce choix original offre une large palette de fonctionnalités et évolue au fur et à mesure des innovations techniques. L’équipement n’est plus figé comme au moment de sa fabrication et offre ainsi une plus grande souplesse.

 

Une architecture hybride

Le premier modèle de la gamme greenMachine, dénommé Callisto, offre deux canaux de process vidéo HD avec deux entrées et deux sorties 3G SDI (Level A et Level B), une entrée et une sortie HDMI, quatre entrées/sorties audio analogique et AES. Une cage SFP pour fibres optiques complète sur option les entrées/sorties vidéo. Les routeurs présents en entrée et en sortie permettent d’aiguiller les signaux entre tous ces connecteurs. LYNX a lancé, lors de l’IBC 2017, un second modèle de greenMachine, la Titan, conçue pour le traitement des signaux UHD. Elle est équipée de quatre canaux de processing vidéo et donc de quatre entrées et sorties 3G SDI sur connecteurs BNC. Pour les signaux UHD, elles sont associées en mode quad link 2SI et l’une des BNC est également compatible 12G. Les entrées/sorties pour fibres optiques ont été dédoublées. Au niveau des interfaces de commande, les deux modèles sont identiques et disposent d’un écran de contrôle LCD. Il sert à la fois à la configuration locale de l’appareil et aussi à l’affichage vidéo des entrées ou des sorties vidéo. Les greenMachine sont également pourvues d’une interface réseau (port RJ-45 et module fibre optique distinct de celui de la vidéo) pour les piloter à distance et superviser leur fonctionnement. Une remontée des informations SNMP est également disponible. L’écran LCD avec ses touches de navigation sert aussi à se déplacer dans le synoptique des circuits pour aiguiller les signaux et leur traitement. Trois touches sont réservées à une programmation pour les affecter à des fonctions spécifiques sans repasser par un cheminement dans les menus.

 

GreenGUI, le logiciel 
de supervision dédié


Mais pour offrir plus de souplesse à la navigation parmi les multiples options de paramétrage, LYNX fournit avec les greenMachine un logiciel de pilotage et de supervision, le greenGUI. L’un des onglets de l’interface affiche, sous forme d’un synoptique interactif, toutes les fonctions de traitement et de commutation des signaux vidéo et audio. L’utilisateur modifie très facilement le cheminement des signaux entre les modules et en cliquant sur l’icône de ces derniers il accède directement aux paramètres. La bordure colorée du module l’informe de son fonctionnement : en vert tout est OK, en jaune, un défaut est apparu et en rouge, absence de signal. Les modules d’entrée/sortie affichent sous forme de vignette le contenu de la vidéo traitée. Le logiciel sert de véritable tour de contrôle pour surveiller le fonctionnement complet de la greenMachine. Une autre page de l’interface sert à ajuster le timing des signaux vidéo et audio. Un troisième onglet sert à paramétrer l’enregistrement des fichiers log pour éviter d’être submergé par des données inutiles. D’autres pages-écrans sont affectées à la gestion des univers, chacun correspondant à un ensemble de machines raccordées sur un même sous-réseau. GreenGUI sert également à télécharger et à gérer les applications qui vont fournir toute la richesse fonctionnelle des greenMachine.

 

Des applications adaptées 
à chaque fonction


Ces applications (ou APP) disponibles sur le site greenStore de LYNX, au nombre d’une vingtaine, se répartissent en trois grandes familles : traitements vidéo, process audio et utilitaires qui interviennent plus sur l’architecture de la machine. Hormis celles qui offrent des fonctions spécifiques aux signaux UHD, elles sont compatibles avec les deux modèles de greenMachine. Elles s’achètent en ligne, exactement comme sur les stores des applications pour smartphones. Parmi les applications de traitement vidéo, on trouve des outils d’ajustement vidéo, un frame synchroniser, un scaler, un générateur de mires, un correcteur colorimétrique. Pour la partie audio, un processeur et un outil embedder/désembedder sont proposés. La partie Utilitaires offre un outil de switch over, un convertisseur 3G A <-> B, un système de double transport sur fibres optiques, un outil de gestion de timing et de synchronisation, un décodeur de télétexte, un gestionnaire de métadonnées et une application serveur MiniNova qui enrichit les fonctions de pilotage et de supervision. Avec ce dernier, le paramétrage d’une greenMachine devient accessible depuis un iPad et il est possible de créer des panneaux de contrôle sur mesure. Enfin les greenMachine peuvent être couplées aux systèmes de pilotage VSM de Lawo et KSC Core de BFE.

Pour faciliter la mise en place des greenMachine et être tout de suite opérationnel, LYNX propose des packages associant la greenMachine et un jeu d’applications correspondant aux fonctions habituelles de traitement vidéo. Ainsi le package « double synchroniseur » est livré avec deux applications de synchronisation, deux embedders/désembedders, un processeur audio, un gestionnaire de timing, deux outils d’ajustement vidéo, deux générateurs de mires et un serveur MiniNova. Il existe également un package double convertisseur/scaler et un ensemble pour établir une double liaison par fibres optiques.

 

Une gestion très souple 
des licences


Le principe des packages et le téléchargement des applications pourraient laisser supposer que chaque APP est attachée à une machine en particulier. Mais LYNX a repris le principe des licences glissantes conçues pour la gestion des logiciels sur des parcs informatiques en entreprise. Outre ses fonctions de contrôle et de supervision, greenGUI gère sous forme de pool l’ensemble des APP utilisées sur les greenMachine raccordées en réseau, qui constituent un Univers dans la terminologie de LYNX. Pour faciliter l’organisation des applications et leur agencement dans un process, les APP sont regroupées dans des constellations qui correspondent à des tâches ou à des fonctionnalités complètes pour une machine. GreenGUI mémorise les différentes constellations disponibles et les affecte à une machine spécifique. Si une licence est disponible, l’exploitation peut démarrer immédiatement. Par contre, s’il manque des licences, on peut les récupérer sur des machines à l’arrêt. Pour tester des configurations, il est possible d’utiliser une application sans licence, mais dans ce cas, un message est superposé à l’image et un bip est émis régulièrement sur les canaux audio. Depuis greenGUI, il est possible de se connecter directement sur le greenStore pour acquérir des licences supplémentaires. Dans le cas de machines exploitées isolément hors réseau, par exemple en cars régies, il est prévu un transfert des licences via une clé USB entre les ordinateurs gérant les systèmes. L’attribution des licences et leur transfert sont très rapides et permettent une activation momentanée comme un générateur de mires. Cette gestion centralisée des licences apporte beaucoup de souplesse à l’exploitation des greenMachine dont les fonctionnalités sont adaptées aux besoins de chaque tâche, sans intervention directe sur le matériel ni déplacement entre les diverses régies ou salles techniques équipées.

Lors de sa démonstration chez Pilote Films, qui distribue les produits LYNX en France, Sébastian Schaffrath a annoncé une prochaine version du Titan compatible SMPTE 2110 et a dévoilé la liste des prochaines APP en cours de développement : un générateur de mires avec insertion de texte et de logos, un convertisseur HDR avec gestion des courbes S-Log3, HDR10 et HLG, un décodeur DolbyE, un outil de gestion de LUT, la gestion de signaux Madi sur FO. Il prévoit le lancement de cinq à six nouvelles applications en moyenne tous les six mois. La palette d’outils s’ouvre sans cesse et permet d’envisager l’utilisation des greenMachine dans des configurations originales pour la transformer par exemple en stage box pour des postes commentateurs ou comme outil de traitement dans des véhicules DSNG.

 

 

* Article paru pour la première fois dans Mediakwest #27, p. 110-112. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.