Making of de Rising Star avec Mathias Bejanin, directeur technique de M6 ( part I – Web TV Satis/Mediakwest )

Rising Star, produit par Studio 89, filiale du groupe M6, incarne sans conteste l’une des émissions de divertissement de ces dernières années les plus ambitieuses en termes de déploiements technologiques. Un lieu symbolique, le Studio 5 de la Cité du Cinéma, transformé pour l’occasion en plateau de télévision, un écran numérique géant qui se levait comme un rideau de théâtre, une diffusion multicanal 5.1, des développements d’apps pour engager les téléspectateurs, Rising Star avait placé la barre très haut. Lors de son interview  accordée à la Web TV du Satis, Mathias Bejanin, directeur technique de M6, nous emmène dans les coulisses d'une émission aura eu une valeur de projet pilote pour les équipes qui se sont engagées dans l'aventure …
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Rising Star a représenté le premier vrai concept en France d’émission incluant un dispositif de « social tv » de grande ampleur associant le second écran (tablette, smartphone, site web) comme élément décisionnel de vote.

Habituellement, les émissions de cette catégorie déploient des moyens techniques qui reposent sur du vote téléphonique avec des appels surtaxés. Dans le cadre de Rising Star, les téléspectateurs votaient gratuitement pour leurs candidats en utilisant uniquement l’application 6Play. Si M6 avait testé sur de précédentes émissions le vote en ligne, il n’avait jamais été déployé à cette échelle. Sur les cinq premières émissions, ont cumulé 10 millions de votants !

 

 

Un plateau de cinéma transformé en plateau de télévision

L’émission Rising Star occupait le plateau 5 de 2 000 m2 des Studios de Paris au sein de la Cité du Cinéma à Saint-Denis. Le plateau reçoit en moyenne un public constitué de 700 personnes. Jusqu’à présent, la Cité du Cinéma n’avait pas accueilli d’émissions de télévision en direct. Il a donc fallu faire différents aménagements notamment sur la structure même du studio. Les contraintes ne sont pas les mêmes entre un tournage cinéma et une émission de télévision en particulier lorsqu’il y a de l’accueil de public. Le site doit être déclaré ERP (Établissement Recevant du Public). Ce qui impose des normes drastiques de sécurité. Le plateau 5 était nu, il a donc fallu tout installer, que ce soit la scène, des gradins pour le public, ou bien encore construire des espaces VIPs pour les invités. Ce sont 52 semi-remorques de matériel et 140 tonnes d’échafaudage qui ont été amenés sur place.

Outre le plateau, Studio 89 a aménagé des bureaux de production dans les bureaux de la Cité du Cinéma. Un plateau de bureau de 400 m2 a été entièrement aménagé pour y installer des loges pour le jury, des bureaux de production. Des cloisons ont été montées, un réseau informatique et électrique a été mis en place, et le tout a été équipé en mobilier.

Pour rappel, les plateaux des studios de Paris sont gérés par le groupe Euro Media France. Le Groupe a donc fourni une prestation globale pour l’émission (location du studio, réalisation image et sonore). Le choix du Studio 5 et du site de la Cité du Cinéma s’est fait notamment en raison de la grande hauteur sous plafond des lieux. En effet, lors de l’émission, lorsque le « mur digital » se levait, il fallait 4,5 m de haut, ce qui nécessitait deux fois la hauteur du mur, plus la hauteur de la scène, et un espace technique supplémentaire au dessus. « Le seul studio qui correspondait à notre cahier des charges était le plateau 5 des Studios de Paris. Toutefois nous ne pouvions pas l’utiliser tel quel. Il a fallu pratiquer de nombreux réaménagements, pour certains assez lourds. Nous avons renforcé la charpente afin de pouvoir soutenir le poids du mur de leds. Nous avons placé des poutres en acier tous les 7 mètres qui traversent le studio dans sa largeur afin de reprendre et répartir la charge de charpente en charpente », indique Marc Savi, régisseur technique sur l’opération et habitué des dispositifs complexes.

Outre le poids du mur de leds, il fallait associer à la charge totale les moteurs qui font monter le mur, et les projecteurs lumière (le plateau en comprend 300). Soit quelques tonnes de matériels non prévues à l’origine. La structure du mur était elle-même complexe. Il s’agissait d’un mur sandwich de deux écrans incurvés mesurant chacun 65 m2. Chaque côté pouvait se lever indépendamment de l’autre. En effet, en cas de maintenance sur un des panneaux led, il fallait pouvoir y avoir accès. Sept moteurs étaient utilisés à 50 % de leur puissance pour monter l’ensemble. Il y avait un espace de 40 cm entre les deux murs. Si visuellement le résultat était très esthétique,  le faible espace limitait la dispersion de la chaleur. Plusieurs astuces ont donc été imaginées pour refroidir le mur. Quand il n’était pas levé, un système de climatisation le refroidissait par le bas, et quand il montait des capteurs de chaleur analysaient la température et déclenchaient une soufflerie pour refroidir l’ensemble.

 

Levé de rideau numérique

La pièce maitresse de l’émission était donc le mur qui se levait pour laisser apparaître ou non le vainqueur du vote du public. Chaque pays qui diffuse Rising Star apporte sa touche personnelle sur le concept du mur. « En France, M6 a choisi une installation qui était, sans aucun doute, la plus ambitieuse et la plus qualitative. Le rideau se composait de deux murs de leds placés sur les deux faces de l’écran. Nous avons travaillé avec la production israélienne pendant plusieurs mois, et notamment sur le choix de la technologie pour le mur.

Nous avons regardé les émissions diffusées dans d’autres pays. Certains faisaient de la projection mais le résultat n’était pas très qualitatif, et cela limitait vraiment le travail sur la lumière. Nous avons opté pour la meilleure qualité possible avec des écrans leds d’un pitch de moins de 3 mm, ce qui donnait une image très lumineuse et extrêmement définie et contrastée », indique le réalisateur Nicolas Druet.

Pour ce mur d’images, qui faisait 15 m de long sur 4,5 m de haut, M6 a fait appel à la société belge XL Video,  l’une des entreprises leader en Europe sur la projection et les displays. Sa résolution était de 3840 x 1152 pixels. Le mur rassemblait 1200 dalles de 50 cm x 50 cm. Toutes de même puissance et de même durée de vie. Elles étaient neuves, offrant une uniformité. Le pitch des leds était de 2,75 mm côté public et de 3,9 mm côté candidat. Il a fallu résoudre les problèmes de rayonnement électromagnétique des écrans et des sources HF.

Concernant la mise en scène, il y avait de nombreuses contraintes. En effet, quand le rideau était fermé, il fallait pouvoir filmer la prestation du candidat, et sa réaction quand le mur se levait. « Pour assurer une réalisation dynamique, et voir le visage de face du candidat lorsque le mur se levait, nous avons placé une caméra directement dans le mur à hauteur du visage du candidat. Il a fallu scier la structure de l’écran pour y placer une caméra remote », précise le réalisateur. C’est la société Microfilms qui gèrait les caméras remote de Rising Star. Le plan de caméras comprend 14 caméras, un mix de caméra remote, des caméras avec optiques lourdes, une grue et un steadicam HF.

 

Rising Star,  une image visuelle réellement exceptionnelle

Rising Star était une émission en direct qui nécessitait une préparation précise en amont du Primetime. « Lors des répétitions, nous travaillions sur certaines mécaniques, et découpage de mise en scène mais le direct restait le direct. Nous ne pouvions pas deviner quel candidat serait sélectionné, il y avait une large une part d’improvisation, nous ne savions pas non plus quelles seraient les réactions des jurés. Il fallait donc être capable d’être très réactif et souple », souligne le réalisateur.

La mise en lumière apportait à l’émission son identité. Le directeur de la photographie, dont c’était la première émission de cette envergure, s’est montré talentueux. Il arrivait le mardi sur le plateau pour préparer ses presets de lumière. « J’écoutais les différents titres chantés par les candidats, et je créais une ambiance lumière pour chacun d’entre eux. Sur les premières émissions de sélection, 12 candidats en moyenne passaient en Prime. Pour chacun, il a fallu créer une scénographie, une ambiance lumineuse différentes » souilgne Swann Mytnik, le directeur photo de l’émission.

L’infographie dynamique  a été gérée sur place, et le logiciel de création a été fourni par le producteur israélien (Keshet) créateur du format de l’émission. Une intégration a été réalisée avec les plateformes HDVG de la société Orad, d’une part, et le système de votes développé par M6 web, d’autre part, le tout mis en œuvre par la Direction Technique de M6. « Il y avait cinq plateformes HDVG, l’une pour la génération de la jauge affichant le pourcentage des votes positifs, deux pour les photos du mur, et une pour les infographies plateau. La dernière est une unité de backup qui pouvait remplacer l’une des quatre autres » indique Grégory Vital, chef de projets broadcast à M6. Tout le dispositif technique était placé dans un container à proximité du car de production. Le mur principal affichait d’un côté les photos du public qui votait pour le candidat et, de l’autre côté (c’est-à-dire côté public), on voyait l’image du candidat. Il y avait également des totems de leds au fond de la scène vers les musiciens. Et, outre la vidéo, les différents murs étaient habillés par de l’infographie dynamique.

Les photos des votants affichés sur l’écran, provenaient de leur profil Facebook, qui était partenaire de l’émission.  Auparavant, ils devaient impérativement s’inscrire via leur profil Facebook. Le mur pouvait afficher 288 photos parmi les votants (que le vote soit pour ou contre) pour chacune des prestations.

 

Diffusion & Studio Connecté

Rising Star a été la première émission en direct à être tournée sur le site de la Cité du Cinéma. « Nous avons mis en place deux fibres sur des chemins distincts entre le site de Saint-Denis et nos deux principaux bâtiments à Neuilly, eux-mêmes interconnectés. Pour ne pas perdre de temps, cette décision a été prise avant même d’avoir les autorisations finales pour accueillir du public, ce qui a laissé le temps aux opérateurs (Zayo France, anciennement Néo Télécoms, et Ad Valem) de réaliser les travaux de Génie Civil nécessaire », indique Mathias Béjanin, directeur technique du groupe M6. « Ces fibres permettaient l’acheminement vers M6 des signaux HD-SDI programme et clean, et assurent également l’accès au réseau internet, indispensable pour la récupération du résultat des votes, le contrôle de la playlist des apps et les postes de travail des équipes web/technique.  Enfin, pour une sécurité totale, nous déployons avec Ad Valem, chaque jour de prime, un uplink satellite permettant de sécuriser l’audio/vidéo et un faisceau hertzien pour sécuriser l’accès internet. »

Dans une remorque, un espace baptisé le studio connecté était placé le long du plateau. Un lieu hybride et polyvalent, conçu par Christian Rabuteau, servant à la fois de plateau de tournage et de régie de postproduction. Dans le cadre de l’émission, les candidats, à l’issue de leur prestation, venaient s’y faire filmer. Ce plateau était équipé de trois caméras robotisées, d’une régie Newtek Tricaster et de trois bancs de montage Final Cut Pro. Il s’agissait d’une unité de production autonome qui recevait les flux du programme principal et qui filmait les réactions des candidats après leur passage à l’antenne. Le candidat était dans un fauteuil, il pouvait parler en direct avec sa famille, revoir des images de sa prestation. Les images étaient utilisées sur le direct en seconde partie de programme mais aussi sur le web. Il y avait trois systèmes de montage car les images produites étaient distribuées vers 3 canaux différents (Facebook, SFR et M6). Il fallait aussi alimenter les différents écrans du plateau (qui ressemblait à un salon), ce que faisait ke TriCaster avec un programme Broadcast, le programme présent sur le grand écran, et le programme qdiffusé dans la table (table basse écran). Les candidats pouvaient aussi recevoir ou envoyer des messages à leur proche. Il y avait une véritable interaction. Ce studio connecté arrivait dans la nuit du mardi au mercredi et repartait le vendredi matin.

  

M6 Web, pilier de l’interactivité

Depuis deux ans, M6 Web développe des applications de télévision enrichie. Toutes les applications interactives sont développées en interne. « Nous avons l’habitude de développer des applications mais, dans le cadre de Rising Star, le concept est différent, car c’est le Digital qui est le conducteur alors qu’habituellement c’est un complément de l’émission principale. Là le dispositif Digital influe sur le programme principal dans sa globalité et cela change le paradigme » souligne Martin Boronski, directeur technique de M6 Web. Cette émission impose de prendre en compte de nombreux paramètres pour absorber le volume de connexions et pour sécuriser les votes pour qu’il n’y ait aucune fraude possible. Il y a eu une véritable synergie entre les équipes M6 Web de Martin Boronski et les équipes broadcast de Mathias Béjanin pour que les deux mondes s’interfacent.

M6 Web s’appuie sur le Cloud AWS (Amazon Web Service), plus de 200 serveurs virtuels sont déployés afin de soutenir les milliers de votants chaque jeudi soir. Les résultats des votes sont fournis en temps réel à la chaîne, qui transforme les données en affichage graphique. Chaque vote est précédé d’une phase de check-in. Lors de cette étape, les personnes qui souhaitent voter, s’inscrivent. L’inscription se ferme au démarrage de la prestation, ce qui permet de connaitre le nombre de votants, et à partir de ce chiffre, est déduit le pourcentage affiché sur la jauge. Les photos des votants sont choisies de manière aléatoire pour être affichées sur le mur, parmi celles des votants de chaque prestation.

En termes de développement, une trentaine de personnes de M6 Web a travaillé pendant six mois pour créer l’application qui fonctionne sur tous les Os (iOS, Android, Windows 8). Durant l’émission, il y a cinq personnes de M6 Web présentes sur place à la Cité du Cinéma et une dizaine de personnes assurent la gestion technique depuis Lyon (localisation des équipes techniques de M6 Web). D’autres font le suivi des statistiques et enfin à Neuilly au siège, plusieurs personnes réalisent des clips vidéo pour une diffusion sur les plateformes vidéos ainsi que sur les réseaux sociaux.

 

Quelques rappels au sujet du Concept… 

Rising Star est une émission hebdomadaire qui repose sur le format de la société israélienne Keshet Broadcasting. À la différence d’autres émissions basées sur un concours de chant télévisé, les candidats sont sélectionnés par les téléspectateurs. Lors des émissions, ils votent gratuitement via une application pour tablettes et smartphones, ou sur le site Internet de M6. Il y a un jury d’experts qui peuvent voter, leur vote vaut 7 % lors des premières étapes du jeu. Ce pourcentage est progressivement diminué pour ne valoir plus que 1 % lors de la finale. Un candidat est retenu lorsqu’il atteint le score de 70 % et le mur se lève. Il est placé derrière le mur, et ne voit pas le public. En revanche, il voit les photos des téléspectateurs qui votent pour lui. Lors de la phase 2, les candidats qualifiés sont regroupés, par tirage au sort, en duo. Le gagnant doit obtenir le plus grand pourcentage possible. Pour pouvoir voter, les internautes devaient s’inscrire sur l’application 6Play. Cette inscription pouvait se faire via un compte Facebook ou directement sur 6play. Mais pour avoir sa photo sur le mur, il était nécessaire de disposer d’un compte Facebook.

 

A paraître demain :  Audio grand format et microphones numériques pour Rising Star (avec une Interview Web TV de Gwenael Yvon d’Euro Media France).