Tentacle Sync-E : une solution de time-code globale

Apparue en 2015 suite à une campagne de crowdfunding, la première série de boîtiers de synchro proposée par Tentacle offrait pour un prix abordable une solution globale de time-code à la fois légère, facile à mettre en œuvre au tournage et incluant un logiciel pour fluidifier la postproduction. Qu’en est-il de cette version E améliorée qui reprend la même philosophie ?
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C’est indéniable, entre les appareils photo, les action cams, les petites caméras fixes ou gyro-stabilisées type Osmo, voire les enregistreurs audio de poing, les chances de rencontrer en tournage des outils de captation dénués de time-code augmentent.

Pour synchroniser ce petit monde sans grever pour autant les temps de montage, faire appel à une solution de TC externe permettant de coucher le LTC sur une piste audio et de synchroniser les ma- chines ayant leur propre générateur prend tout son sens. C’est précisément la nalité de ces petits boîtiers Tentacle Sync-E que nous testons ici en con guration Standard Set. Le pack comprend donc deux boîtiers, deux raccords minijack, ensemble auquel nous avons choisi d’ajouter quelques câbles optionnels avec des raccords à base de minijack, XLR, Lemo et BNC permettant d’exploiter les boîtiers avec la quasi totalité des outils de captation, tant audio que vidéo.

 

Au déballage

Parmi les changements opérés sur cette nouvelle version Sync-E, la qualité du micro interne permettant d’enregistrer le son témoin progresse, mais c’est surtout l’apparition du Bluetooth utilisable pour configurer chaque boîtier, et aussi pour bénéficier d’un retour visuel sur le terminal iOS ou Android de tous les boîtiers qui change la donne. On y vérifiera par exemple l’autonomie restante sur les batteries, ou encore la dérive éventuelle des horloges. Par rapport à la version initiale, Bluetooth oblige, l’autonomie passe de 40 à 35 heures, et le chargement (compter 1 h 30) s’opère cette fois via USB-C ; mais l’ensemble reste très compact (38 x 50 x 15 mm pour 30 g). Au déballage, rien à dire, nous retrouvons dans le pack les deux boîtiers, les velcros autocollants pré-découpés à la bonne dimension, quelques élastiques de couleur pour l’identification, deux raccords minijack et deux glissières conçues pour sécuriser la connexion, ainsi qu’une trousse pour ranger l’ensemble de ces accessoires. Les câbles optionnels commandés sont de bonne facture : câble Sommer coupé à la bonne dimension, fiche Neutrik et Hicon, l’ensemble a été pensé par des gens qui connaissent le métier. Les deux petits boîtiers sont très légers, de la taille d’un briquet Zippo et intègrent un astucieux moulage compatible velcro permettant une fixation aisée sur les appareils. Pas de menu ici, juste une sortie minijack pour le LTC, un port USB-C pour le chargement de la batterie et la communication avec les ordinateurs, un curseur pour la mise sous tension et trois petites Led indiquant l’état : charge, mode maître ou esclave. C’est donc la durée de la pression infligée au curseur à la mise en route qui déterminera le mode esclave (rouge) sur TC externe, ou maître (verte).

 

Contrôle Bluetooth

Après téléchargement de l’application Tentacle Setup pour iPhone, la configuration et le contrôle de ces nouveaux boîtiers se font plutôt via Bluetooth, même si le câble audio fonctionne toujours, à condition bien sûr d’avoir un smartphone muni d’une sortie casque et d’un minijack TRRS à quatre connecteurs. On y contrôle notamment les niveaux de sortie, les niveaux de batterie ou encore la cohérence des horloges, et ce depuis le téléphone. Seule la mise à l’heure des boîtiers à partir de l’horloge système du téléphone est impossible par Bluetooth et demandera soit un câble audio, soit de passer en USB par un ordinateur muni de l’application Mac OS ou Windows. Une fois la configuration effectuée, il convient, juste au début de chaque journée, de rallumer un des boîtiers en mode maître, le ou les autres en mode esclave, de connecter le maître avec chaque esclave via le câble minijack pour bénéficier d’une synchro dont la dérive est estimée à moins d’une image par 24 heures. D’ailleurs, si une dérive de plus d’une demi-trame est détectée par l’application, un panneau « attention danger » informe l’utilisateur. Par contre, l’extinction d’un boîtier demandera de le synchroniser à nouveau via le câble.

 

En production

Par défaut, chaque boîtier fournit le TC sur le canal 1 et le son témoin sur le canal 2 grâce au micro intégré, dont la qualité est correcte pour cet usage. Attention toutefois, en extérieur, il faut assez rapidement le protéger du vent, ce qui ne sera pas si simple, d’autant qu’aucune solution n’est fournie. Nous préférons donc opter pour un son témoin reçu depuis l’enregistreur via une liaison HF Sennheiser Evolution. Le câble en Y optionnel commandé permet en effet de garder le LTC sur le canal 1, et le son témoin sur le canal 2 de l’appareil photo Sony RX10 utilisé pour le test. Nous choisissons d’entrer le time-code à niveau micro et d’affiner le réglage grâce aux vu- mètres de cet appareil.

Pour le son, nous utilisons un enregistreur Sound Devices MixPre-6 sur lequel il suffit de configurer l’entrée Auxiliaire en mode time-code. L’appareil affiche alors immédiatement le TC de l’horloge externe qui sera ensuite enregistré et transmis dans les métadonnées du fichier audio BWF.

 

Un workflow efficace

Pour synchroniser les différents éléments image et son, les utilisateurs d’Avid Media Composer peuvent effectuer une manipulation globale en copiant les valeurs de Start TC vers Auxiliary TC avant de passer à la synchronisation automatique. On peut alternativement se tourner vers le logiciel Tentacle Sync Studio pour Mac OSX, et bientôt Windows. Après téléchargement sur le site de Tentacle, il suffit de connecter un boîtier allumé en USB à l’ordinateur afin d’obtenir la clef d’autorisation. Notons qu’une version PC pour Windows 7 est également disponible, mais elle est encore en version Beta à l’heure où nous mettons sous presse. Une fois le logiciel ouvert, un simple glisser-déposer des dossiers contenant les rushes vers l’application permet de les importer. À part une difficulté avec les pistes audio au format AC3 (résolue en convertissant le rush dans QuickTime), Tentacle Sync Studio est plutôt habile pour interpréter les fichiers images, les metadata et les fichiers son. Il faut juste parfois indiquer au logiciel la piste audio où se trouve le time-code LTC et très rapidement, les groupes de fichiers ayant des TC concordants sont repérés et les alignements effectués : magique ! L’application propose ensuite de nombreuses options d’export suivant la station vidéo utilisée pour le montage : projet XML pour Premiere Pro et FCP (version 7, 10.2 ou 10.3), AAF pour Avid MC (en mode AMA Link ou batch import). On peut également choisir d’exporter des médias, soit en gardant le format du rush, soit en demandant au logiciel une conversion en Apple ProRes ou H264. Testé avec Final Cut Pro 10.3, le fichier XML s’ouvre avec une bibliothèque contenant les fichiers synchronisés et un projet où se trouvent les rushes mis bout à bout. Rien à dire, cet exemple nous révèle un workflow efficace.

 

 

Tentacle vs Ambient vs Plural Eyes : comment choisir ?

Quand on pense time-code au tournage, impossible d’ignorer Ambient, LE spécialiste historique de la synchronisation qui propose depuis bien longtemps une gamme complète de produits dans laquelle figure notamment le petit Nanolockit. Si l’on compare la compacité, l’autonomie, la simplicité d’utilisation et le prix avec Tentacle, les deux offres semblent bien jouer dans la même cour. En y regardant d’un peu plus près, le Nanolockit ne propose pas de micro, ni d’application pour configurer ou monitorer les boîtiers depuis un smartphone. Il offre en revanche une connectique Lemo plus pro à la place du simple minijack bloqué par une glissière, ainsi que plus de boutons et une communication sans fil entre boîtiers via le réseau maison ACN qui rend la mise en route un peu plus simple et permet des configurations plus étendues grâce à la gamme Lockit du constructeur. De son côté, Tentacle se différencie en incluant pour le même prix une licence Tentacle Sync Studio, logiciel Mac OS qui permet de simplifier le workflow vers les principales stations vidéo… L’autre acteur incontournable en matière de synchro est bien sûr Plural Eyes qui, avec sa technologie d’alignement des médias à partir de la forme d’onde, a introduit une approche révolutionnaire. D’un côté, on se libère totalement du time-code au tournage, mais on voit en contrepartie d’autres contraintes apparaître. Il faut en effet et s’assurer que le son témoin soit bien présent sur les pistes audio, que le signal enregistré soit comparable et de qualité suffisante pour effectuer l’alignement en postproduction. Voilà qui suppose que les dispositifs soient suffisamment proches pour capter le même son, que chaque micro soit un minimum suspendu, protégé des bruits du vent… Bref, des outils à connaître et à choisir en fonction des situations de tournage.

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #26, p. 20-21Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.