Cartoon Springboard – Rencontre avec Yolanda Alonso et Agnès Bizzaro

Cartoon Springboard, dont la quatrième édition s’est déroulée en décembre dernier à Valenciennes, vise à faire émerger les jeunes récemment diplômés des écoles européennes d’animation ou dans la vie active depuis moins de cinq ans, et à donner un coup de projecteur à leurs projets de série, d’unitaire, de long-métrage, de jeu vidéo ou d’application transmedia. Rencontre avec Yolanda Alonso, sa directrice, également à la tête de Cartoon Masters et Cartoon Connection, et Agnès Bizzaro, responsable de la programmation.
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Mediakwest : Pourquoi Cartoon a-t-il créé Cartoon Springboard ?

Yolanda Alonso : Cartoon avait initié Training for Trainers, un événement destiné aux directeurs pédagogiques d’une trentaine d’écoles d’animation européennes. Il a existé pendant une dizaine d’années. L’objectif était déjà d’amener plus d’industrie dans les écoles, qu’elles partagent leurs compétences et qu’elles élaborent ensemble des contenus. Puis est né Animation sans frontières, un module Production imaginé par quatre écoles du réseau (Gobelins en France, Animation Workshop au Danemark, Université Mome à Budapest et Filmakademie Baden-Wurtemberg en Allemagne) permettant aux étudiants de circuler librement dans ces écoles en fonction de leurs spécificités et de leurs projets. Le marché de l’animation devenant de plus en plus global avec une offre de contenus très étendue et une concurrence plus forte en termes de formats (etc.), nous avons créé en 2015 Cartoon Springboard.

Agnès Bizzaro : La création de cet événement répondait aussi à la demande des producteurs. Ceux-ci avaient de plus en plus envie de se positionner très en amont sur les projets, et de découvrir de nouveaux talents et idées. Les diffuseurs ont besoin aussi de connaître les projets qui viendront sur le marché, même s’ils ne se décident pas tout de suite à investir. Le Springboard, c’est une manifestation où tous les professionnels se rencontrent de manière sympathique, dynamique et intense…

 

 

M. : Le fait d’aider les jeunes talents à développer leurs projets sur place peut-il les faire rester en Europe ?

Y.A. : Nous le pensons. En Europe, le marché de l’animation est devenu très tendu : la demande est supérieure à l’offre. Il est donc important de retenir les talents formés en Europe. Le meilleur moyen d’y parvenir est de montrer aux producteurs quels sont les projets développés ici et de les persuader d’investir sur eux.

A.B. : Springboard fait le lien entre les écoles et le marché professionnel. Nous sommes ravis lorsque les projets trouvent ici leur producteur…

 

 

M. : Le Springboard est-il appelé à se développer comme le Cartoon Forum ou le Cartoon Movie ?

Y.A. : Le Springboard, qui a réuni cette année 145 participants (45 professionnels de l’animation), n’est pas destiné à devenir aussi important. Nous essayons de maîtriser le nombre de projets. Pour 2018, nous avons retenu 24 projets (sur 50 envoyés). Ils arrivent en général au stade du concept ou du développement. Ils ne sont pas encore mis en production. Certains d’entre eux sont néanmoins assez avancés comme le projet tchèque de long-métrage en stop motion, Tony, Shelly & Genius provenant de la Film Academy of Performing Arts (Prague), qui a déjà réuni 60 % de son financement. Sa production va sans aucun doute stimuler l’animation dans la région et créer une émulation.

 

 

M. : Peut-on dégager des tendances au Springboard 2018 ?

Y.A. : Nous avons reçu moins de projets pre-school que l’an dernier et plus de projets ado-adultes. Moins de longs-métrages également. Mais c’est variable. En 2017, cela s’équilibrait. Concernant les techniques, c’est encore plus délicat à déterminer car les projets arrivent souvent à un stade où rien n’est encore décidé. Nous pouvons néanmoins noter que la stop motion revient et qu’il y a moins de 3D pour la 3D.

 

 

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #30, p.112. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.

Certains projets, comme le long métrage tchèque en stop motion, Tony, Shelly & Genius ont déjà réuni une grande partie de leur financement. © Cartoon