Observatoire Longs Métrages FICAM : Plus de projets, plus de relocalisations mais moins de budget !

La FICAM a, pendant le Festival de Cannes, dévoilé les chiffres de son observatoire Longs Métrages du 1er trimestre. Ce sont 41 projets de longs métrages de fiction d’initiative française (hors films d’animation et documentaires) qui ont été mis en production, ce qui représente un bond de 14% comparé au 1er trimestre 2017, année où l’on avait noté un net recul des projets cinéma.
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Dans le même temps, le nombre total de semaines de tournage, qui est de 279 semaines, accuse une baisse de 3% sur la période, ce qui témoigne de la contraction de la durée de tournage par film.

Il faut dire que le budget alloué aux films a baissé de 19% entre 2017 et 2018. Ainsi, même s’il reste au niveau jugé acceptable de 203 millions d’euros, son érosion est constante : ce budget était de 231 millions d’euros en 2008 et face au pic historique de 2015 (287 millions d’euros), il a perdu 84 M€ en 4 ans. Les gros budgets semblent aussi en régression : on recense 3 films supérieurs à 10 M€ (aucun à plus de 20 M€) soit le plus faible total sur cette catégorie depuis 2014. Les films compris entre 2 et 4 M€, au nombre de 14, obtiennent quant à eux leur meilleur total de la décennie sur un 1er trimestre.

Dans ce contexte, la part des postes techniques ne représente plus que 9% des budgets au 1er trimestre 2018, contre 11,3% au 1er trimestre 2017. La tendance impacte les prestataires et en premier lieu les acteurs de la post-production, qui par la force des choses sont en bout de chaîne de fabrication.

La situation est d’autant plus préoccupante que, comme précisé plus haut, les budgets se rétractent. Le budget moyen « Postes techniques » par film est concrètement estimé à 455 195 € au 1er trimestre 2018 contre 789 444 € au 1er trimestre 2017. La réforme de l’agrément opérationnelle depuis Janvier dernier (cf. notre article Réforme de l’agrément : promesse d’un autre souffle pour l’industrie du cinéma) contribuera-t-elle à doper de nouveau cette enveloppe ? C’est en partie envisageable, dans la mesure où elle favorise la valorisation de certains postes techniques et où elle accorde désormais une véritable place aux effets visuels dans le calcul du soutien financier automatique délivré aux producteurs…

 

Un taux de délocalisation toujours à son plus bas niveau

Le baromètre Ficam souligne toutefois une tendance positive : pour la troisième année consécutive, le taux de délocalisation des tournages avoisine les 20% sur le premier trimestre 2018 (21% pour être excact), il s’agit du taux le plus bas de la décennie après 2017 (19%) et la tendance se prolonge déjà sur les 5 premiers mois de l’année 2018.

On a pu recenser moins de 60 semaines de tournage à l’étranger pour 220 semaines de tournage en France. Malgré ce petit rebond en un an, la délocalisation est à un niveau vraiment faible en comparaison de la période 2012-2015 où elle est montée jusqu’à 39%.

Les effets vertueux du crédit d’impôt mis en place par le CNC depuis le 1er janvier 2016, se reflètent largement dans ces chiffres et la nécessité d’une pérennisation du dispositif, en particulier pour favoriser l’emploi du secteur est très claire.

 

* Cette étude vient compléter celle de Film France, retrouvez à ce propos notre article Tournages 2017 : nos régions ont du talent !