Ordures raconte l’histoire de Gobi, jeune gobelet à usage unique, qui se retrouve plongé malgré lui dans un univers hostile… Convaincu qu’il a été abandonné par erreur, il est déterminé à retrouver Marie, sa propriétaire © Foliascope/ Darjeeling / Arte
Produite par Darjeeling et ARTE, en collaboration avec Foliascope, Ordures, film de 48 minutes en ligne sur Arte.tv depuis le 18 juin – réunit stop motion et live action pour raconter l’odyssée d’objets jetables livrés à eux-mêmes. Si le message écologique est fort, le défi technologique qu’il représente en fait aussi une production singulière puisqu’il s’agit d’un film hybride photoréaliste tourné avec un budget de série télévisée.
Un défi créatif écologique et responsable
« Ordures est le résultat de beaucoup de bidouille », explique le réalisateur Benjamin Nuel, dont l’esprit low-tech et “do it yourself” est la marque de fabrique. Un défi technique auquel s’ajoute celui de la mise en scène : comment donner du mouvement à des objets, par définition immobiles ?
« Animer nos ordures en 3D aurait été moins laborieux, mais on avait envie de travailler avec un matériau réel », défend Benjamin Nuel. « D’être dans un rapport physique à nos objets, de pouvoir les toucher et les manipuler.». Et ce, sans prendre de gants !
« Le véritable enjeu était de trouver un équilibre entre réalisme, fluidité narrative et faisabilité technique », complète Nicolas Flory, directeur artistique et technique chez Foliascope.
Un workflow centré sur la collaboration cloud
Pour coordonner les équipes de fabrication réparties entre Paris, Valence et Annecy, Foliascope a bâti l’intégralité de sa chaîne de post-production sur DaVinci Resolve Studio et Blackmagic Cloud.
Ce choix a permis une collaboration en temps réel entre les différents pôles : tournage live, animation stop motion, 3D, compositing et étalonnage.
« Blackmagic Cloud est devenu la colonne vertébrale de notre approche de production », explique Flory. « Il nous a permis de partager instantanément les rushes, les pré-étalonnages et les séquences animées tout en gardant une cohérence créative. »
Les scènes filmées en direct étaient pré-étalonnées à distance, puis intégrées dans Dragonframe pour l’animation image par image. En parallèle, les équipes de compositing d’Inthebox pouvaient suivre l’évolution des plans via Fusion Studio pour nettoyer les rigs, stabiliser les images, ajuster les couleurs et intégrer les éléments 3D.
Resolve et ShotGrid ont servi d’outils de suivi technique et créatif pour synchroniser le travail de chaque département.
Plusieurs défis complexes
L’un des enjeux majeurs a été de conserver un photoréalisme homogène entre les prises de vues réelles et les séquences animées. Pour cela, Foliascope a conçu ses marionnettes à partir d’objets recyclés, renforcées, étanches et articulées.
Certaines séquences, notamment dans les égouts de la ville, ont nécessité la construction d’un réservoir sur mesure et une gestion minutieuse de la lumière, des reflets et de la synchronisation caméra.
« L’eau a été l’un de nos plus grands défis. Les interactions entre les personnages animés et le milieu réel devaient rester crédibles à chaque image », se souvient Nicolas Flory.
Rationaliser la production grâce à la donnée et à la modularité
L’utilisation de métadonnées partagées via le cloud — angles, focales, éclairage — a permis aux animateurs de reproduire fidèlement les conditions du tournage réel en studio.
Le workflow a également intégré un suivi précis du pipeline de post-production : montage, VFX, animation et étalonnage centralisés dans Resolve, avec un mode Présentation permettant des revues collaboratives à distance entre le réalisateur, les chefs de poste et les techniciens. « Ce modèle hybride nous a permis de tenir un calendrier serré sans sacrifier la qualité visuelle », mentionne le directeur technique.
Une prouesse technologique au service du sens
En alliant cloud collaboratif, animation traditionnelle et production virtuelle, Ordures démontre comment les outils modernes peuvent servir une narration engagée.
Soutenu par Syctom, Gestes Propres et Refashion, le film met en scène le recyclage jusque dans son processus créatif, prouvant qu’innovation technologique et responsabilité environnementale peuvent aller de pair.
« Donner vie aux déchets, c’est aussi apprendre à produire autrement. Cette expérience nous a poussés à repenser nos workflows pour les rendre plus intelligents et responsables », confie Nicolas Flory, fier d’avoir participé à cette production hors norme.
