Salon japonais du CEATEC 2013

La chaîne nippone NHK annonce le lancement du broadcast en 4K pour 2014… en guise d’appetizer !
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Le salon nippon du CEATEC vient d’ouvrir ses portes le premier octobre dans une ambiance sage et disciplinée…Mais néanmoins emplie d’intérêt ! Cette première journée a été marquée par l’ouverture en grande pompe des conférences internationales autour de l’ère du 4K et du 8K (7680 x 4320). Sur la scène, la crème des fabricants ainsi que des chaînes TV nippones et coréennes. Devant la scène, MediaKwest aux abois. Nous n’avons pas été déçus du voyage !

Le lieu : le salon nippon du CEATEC prend place, non pas à Tokyo, mais dans une lointaine banlieue à deux encablures du siège de Sharp, soit à la Makuhari Messe. Le salon est divisé en plusieurs segments de matériels et solutions, et a fait, cette année, une place grandissante à la santé connectée, au lifestyle, aux matériels connectés (nomades ou non), ainsi qu’aux Smartphones, TV et appareils photo. Chaque visiteur pouvait y trouver une source d’intérêt tant le CEATEC couvrait la plupart des segments de l’industrie, dont l’éclairage, les satellites et la photovoltaïque (Sharp notamment). Des grandes firmes d’automobiles de l’étoffe de Nissan et Honda étaient également présentes avec des modèles électriques futuristes monoplaces ou de type « Seagate ». Bref, c’est la fête, et cette liesse est largement dominée par deux chiffres et une lettre inscrite en majuscule : 4 et 8K !

 

 

La journée de conférences : histoire de donner le ton, le salon du CEATEC a directement plongé les visiteurs – majoritairement nippons – dans le grand bain de l’image. En effet, la plus grande salle de conférence a été réquisitionnée pour ouvrir le show sur la thématique suivante : La nouvelle ère du 4K/8K a débuté !

Avec une telle accroche, autant vous dire que l’immense salle était pleine à craquer. Sur scène, un large panel de représentants de marques et de broadcasteurs : la NHK – Nippon Hoso Kyokai –, première chaîne nippone avec 27 % des foyers atteints (dont on suppute qu’elle est étroitement liée au CEATEC depuis les prémices du show), Sony Corp (un seul homme pour parler de Sony pro, Sony Pictures et Sony grand public), Toshiba Corp, Panasonic Corp (idem Sony, un intervenant couvre tous les segments), SkyPerfect TV (TV & satellite Corporation) et NTT (Nippon Telegraph and Telephone). Le débat est animé par une universitaire renommée. La conférence a duré 3 heures, et d’autres îlots de discussions se sont installés au fil de la journée.

 

 

Premier point étonnant : 4K et 8K sont mêlés dans les discussions, sans distinguo aucun !

C’est fou à quel point le Japon aime prendre de l’avance. En l’occurrence, il s’agit de la chaîne étatique NHK qui intègre depuis des lustres son propre laboratoire de recherches sur les signaux audio et vidéo. C’est à cette entité de légende qu’est revenu l’insigne honneur d’ouvrir le tir. Et le mot n’est pas faible. Alors que tous les intervenants étaient présents pour parler d’Ultra HD et de 4K, la NHK a d’entrée de jeu misé sur le 8K, dont elle a annoncé la prédominance sur le sol nippon en 2020 et, ce, dans le cadre de « la nouvelle ère 4K/8K ». On s’explique.

La NHK est un creuset à idées qui aime faire ce type d’annonces. De par le passé, elle s’est rapidement associée aux géants Panasonic et Sharp autour du Full HD, puis du 4K, et plus récemment du 8K et, ce, histoire d’imposer sa vision avant-gardiste du Broadcast. Cette chaîne publique fournit notamment des images 4K et 8K aux fabricants nippons et développe conjointement ses solutions de broadcasting. Selon les mots de la NHK « Le choc de cette nouvelle ère 4K/8K sera aussi puissant que celui du passage de la diffusion analogique vers la diffusion numérique ». Voilà, la messe est dite, du moins de son point de vue.

Quoi qu’il en soit, il semble que l’avenir du 4K et du 8K soit parfaitement lié. En écoutant les intervenants, dont la NHK, on a carrément eu l’impression que le 4K n’était qu’un premier palier, et que le Japon vise en effet le 8K, du moins en tournage/production. Intéressante façon de voir les choses.

 

La clé du développement : les sources !

Avant d’attaquer la réalité du terrain – très éloignée des beaux discours, comme vous le verrez – ces Messieurs-Dames ont tout de même reconnu que la clé de ce chambardement en vue est la production. Enfin, il s’agit plutôt de la façon de diriger la production vers le spectateur, en 4K, sans pixels sauvages et dans les règles de l’art. Chaque marque (Sony, Panasonic, Toshiba…) a préparé le terrain en clamant, à nouveau, que l’Ultra HD / 4K allait changer la vie de tout le monde. Selon eux, et la NHK a appuyé le discours, les programmes sportifs seront la clé de voûte de l’édifice. Rien d’étonnant à cela quand on sait que les Jeux Olympiques de Londres ont servi de laboratoires d’essais en 4K et 8K de la part de la NHK + Panasonic (entre autres). Tous les acteurs de conférences misent sur une nouvelle expérience en matière de diffusion de sports à domicile qui devrait rapporter les suffrages du public et accélérer le taux de pénétration du 4K (Ultra HD). Le football ? Enfin en « close play » grâce au 4K. Le golf, enfin, avec un gamut suffisamment optimal afin d’observer les nuances dans le green. La natation, avec une eau qui est carrément rafraîchissante tant elle est réaliste. Bref, c’est Broadway à tous les étages. Ajoutez à cela les possibilités de split screen et de multiscreen (4) de haute qualité, et vous obtenez un tableau idyllique auquel personne ne peut résister, n’est-il pas ?

Sony a mis les pieds dans le plat en vantant ses accords avec les cinéastes nippons, et a présenté sa caméra pro PMW-F55 ainsi que le modèle HandyCam 4K baptisé FDR-AX1. Le géant a confirmé ce que nous savons : tout tend à évoluer vers le 4K, du tournage au montage en passant évidemment par le nombre de salles de cinéma équipées. On est dans l’ostentatoire. La production et la post-production sont Okay au Japon, mais qu’en est-il des normes finalisées, de la diffusion en TNT et/ou satellitaire, de l’évolution ou pas du Blu-ray ?

 

La norme de compression HEVC / H265 : oui, mais !

Comme vous le sentez peut-être venir, au fil de ces conférences, nous avons eu le sentiment qu’une partie de la « chaîne 4K » était prête (prod & post-prod), que le broadcasting était en devenir, et que le 8K se devait de montrer le champ des possibles. Au bout d’une heure de conférence, les langues se sont déliées et la NHK a répondu aux questions relatives à la diffusion en 4K à destination du public. Commençons pour ce faire par retracer le tableau de famille des satellites de communications nippons liés à la NHK :

– 1996 : premiers essais fructueux en MPEG-2

– 2008 : la compression MPEG-4 (Full HD) est lancée

– 2010 : 3D

– 2012 : premiers essais de 4K en direct-live

– 2014 : on espère donc le broadcasting satellitaire en 4K via le codec HEVC (High Efficiency Video Coding/codec H265).

Voici-voilà le roadmap de la NHK pour le sol nippon. Avec une franchise inhabituelle, le responsable du labo de R&D, titillé par les autres panelistes, a avoué un retard à l’allumage concernant le 4K via le codec HEVC en diffusion satellite. Les essais sont en cours et, si tout va bien, un rapport final devrait être donné aux fabricants (et au gouvernement) en mars 2014. En juin 2014, il faudrait que la chaîne de diffusion 4K soit finalisée, depuis la source jusqu’aux décodeurs présents dans le téléviseur du particulier. Le monde des Smartphones est également concerné.

 

 

Mais des mots mêmes des intervenants, on sait que :

– Compression HEVC pour Broadcasting via satellites = non finalisée

– Standard = non finalisé (on parle d’un ajustement du nombre de pixels…)

– Multiplexing, fort problématique (tous s’accordent à le dire) = non finalisé

– Tuners / décodeurs des TV = non finalisés (comment pourraient-ils l’être ?)

Il existe déjà en Corée des modèles de TV LG disposant de décodeurs HEVC évolutifs via upgrade software. Nous allons y revenir, car la Corée (LG) semble aller plus vite…

 

 

On résume le chantier :

Donc, pour l’heure, on a les sources finalisées, pas encore de satellites nippons prêts pour leur diffusion, pas de projets d’évolution rapide du format Blu-ray vers l’Ultra HD (murmuré par Sony, mais pas confirmé), et les tests continuent afin d’ajuster et de tomber d’accord sur la « version » du codec HEVC destinée au broadcast via satellite. Mais tout le monde reste très optimiste quant au lancement effectif du broadcast grand public 4K pour 2014, avec une période cruciale et charnière en juin 2014.

 

 

L’exemple coréen : la chaine KBS est prête et diffuse en Ultra HD !

Les Japonais ont été obligés d’avouer publiquement, devant leurs homologues coréens, que KBS « est allée plus vite que le Japon en matière de 4K ». Une phrase que nous pensions ne jamais entendre. Pour info, fondée en 1923, la KBS est une chaîne étatique qui dispose d’un gros département R&D (souvent des universitaires). Elle a récemment fait parler d’elle en permettant le broadcast 4K via TNT, et ce, à destination de téléviseurs LG disposant du décodeur idoine, et même de Smartphones LG. KBS utilise le standard DVB-T2, et quatre acteurs majeurs du monde du broadcasting coréen participent au projet (dont LG Electronics).

KBS a déjà émis en 4K / 30p, et depuis mai 2013, est à même de diffuser en 4K / 60p avec encodage en temps réel (alors que la NHK favoriserait un encodage en « différé » de quelques secondes pour peaufiner l’image). La chaîne KBS utilise le codec HEVC / MPEG-2TS. Fort de sa puissance de tir, KBS vise les 4 et 8K à l’occasion des Asian Athletic Games en 2014, et surtout des Jeux Olympiques d’hiver qui prendront place en Corée en 2018. Il ne reste plus qu’à standardiser un peu les choses (dixit les intervenants coréens). À noter que le DVB-T2 n’est pas encore compatible 8K, KBS y travaille pour 2018.

Comme vous le constatez, il y a donc deux écoles, deux visions, mais un même but : faire évoluer la qualité des images vers l’Ultra HD et le Super Hi-Vision (8K). 

 

 

Les 4K et 8K ouvrent de nouvelles voies en termes d’interaction avec le spectateur.

Les panelistes n’en sont pas restés là, et on les comprend. Pour eux, comme pour MediaKwest, le 4K ouvre la porte à un univers interactif d’une précision étendue. L’idée de l’Hybrid Casting est immédiatement arrivée sur le tapis. L’hybrid Casting revient à regrouper dans un même flux, et donc sur le même écran du particulier, le programme TV et un contenu (Internet) interactif. La bande passante des 4K et 8K est telle, que tout semble possible avec une très haute qualité, dont le multiscreen avec infos, réseaux sociaux, interventions autour du programme visionné, etc. Certains y voient même un nouveau type de réalité augmentée tant l’image est réaliste.

Bref, entre la fiction et la réalité, il n’y a donc qu’un pas que le Broadcasting asiatique semble prêt à franchir après avoir apporté des solutions aux écueils précités dans ce reportage sur le terrain. Au bout de cette première journée de conférences, une chose a émergé : la machine est lancée, il n’y aura plus de retour en arrière.

 

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