Gestion des rushes en miroir
« De cette “contrainte géographique” nous avons fait une particularité technique, et avons proposé à France Télévisions de procéder au déchargement des cartes caméras sur une station à Vendargues », précise François Lefebvre, architecte solution chez Magic Hour. Aux Studios de Saint-Cloud, son miroir alimenté via une liaison IBM Aspéra reçoit les rushes. Des opérateurs parisiens procèdent tout au long de la journée à leur ingest dans le système de postproduction architecturé autour d’un serveur Avid Nexis Entreprise de 240 To et d’une solution d’asset management Avid Interplay. Autour du couple Nexis-Interplay gravitent cinq stations de montage et de finishing Avid Media Composer, deux stations Nuke dédiées au VFX, deux stations d’étalonnage DaVinci Resolve. Deux stations de montage son et mix Pro Tools et surface de contrôle S6 viennent compléter le dispositif.
Robustesse et souplesse de l’infrastructure
Si France Télévisions a fait le choix de solutions Avid, fort de ses expériences sur la postproduction d’autres séries quotidiennes (« Plus belle la vie » sur France 3, « Demain nous appartient » sur TF1), Magic Hour a imaginé un workflow collaboratif autour d’Interplay, et proposé une offre d’intégration incluant l’ingénierie système.
« Un système puissant, fiable et adapté à nos méthodes de travail. Il nous permet de réaliser une fiction quotidienne hautement qualitative alliée au rythme des productions de flux. Un tel workflow contribue chaque jour, cinq fois par semaine, à la création d’un épisode de 22 minutes », précise Olivier Roelens, producteur exécutif.
« Pour garantir ces délais de fabrication, montage, finishing, mixage et étalonnage doivent s’inscrire dans les plus grandes conditions de fluidité et de robustesse. Les outils sont connus de tous, mais notre expertise d’intégration s’est avérée essentielle pour assurer et sécuriser les processes », ajoute François Lefebvre
Artistique & final cut
Au sommet de la pyramide créative, une station Media Composer et DaVinci Resolve est destinée aux recherches à l’usage de Christophe Canis, directeur artistique postproduction. Également monteur et étalonneur, il met les épisodes à longueur, valide le montage, l’étalonnage et le mixage quotidiennement. « Garant de la continuité éditoriale, visuelle et sonore, je prends en compte les demandes des réalisateurs, des producteurs et de la chaîne, et je m’assure de leur faisabilité en termes techniques et artistiques. Si besoin, je propose des solutions », précise-t-il.
Stade ultime, une station Media Composer est dédiée à l’insertion de l’habillage et des génériques, et aux PAD acheminés en délinéarisé vers le système PAD Def de la chaîne. Parallèlement, l’archivage est effectué sur support LTO associé à un serveur et librairie Quantum Scalar i3 (rushes, masters, éléments d’habillage et épisodes consolidés).
VFX : un mix 2D/3D pour les découvertes
« Un si grand soleil » est la première série quotidienne française à bénéficier de découvertes truquées. Dans les studios de Montpellier, c’est à la société les Tontons Truqueurs qu’a été confiée la mise en place du système « previz-on-set » de tracking caméra et d’incrustation HalideFx signé Lightcraft Technology.
« Le système permet à ce jour de produire des plans avec découvertes dès le tournage, que nous affinons et enrichissons en postproduction, faisant de « Un si grand soleil » la seule série quotidienne bénéficiant de deux workflows : de flux pour la rapidité des process, et de fiction lourde pour les VFX », souligne Jeanne Marchalot, directrice de la postproduction.
Sur cet aspect VFX, l’équipe de Christophe Canis veille à la pertinence et à la cohérence visuelle de la quinzaine de découvertes présente sur sept décors truqués de la série. « En amont de ce déploiement, ajoute le directeur artistique, nous avons fait les repérages et confié à la société Do The Film la création d’un scan en photogrammétrie d’un quartier de Montpellier pour le recréer en 3D. Nous pouvons ainsi jouer sur les lumières et les cieux, et ajouter des éléments en mouvement pour plus de réalisme. »
De la compétition à la livraison
« Pour la postproduction, notre cahier des charges était si ambitieux que nous souhaitions nous voir proposer les meilleures solutions, insiste Jean-Philippe Lançon, chef de projet France Télévisions sur l’implantation des moyens de postproduction et contributeur aux cahier des charges. L’appel d’offre initial fut donc organisé sous forme de “dialogue compétitif”, lequel vise à se concentrer sur une shortlist hautement qualifiée. »
En seulement six mois, la plate-forme de postproduction fut parée à traiter les premières images. « Toute l’ingénierie et la configuration se sont déroulées sur notre site de Meudon, avec un précâblage en atelier avant le transfert et le déploiement des équipements à Vendargues et aux Studios de Saint-Cloud. Dernières configurations obligent, France Télévisions a bénéficié d’un démarrage optimal, paré à recevoir les premiers ingests… », conclut François Lefebvre.
Article paru pour la première fois dans Mediakwest #31, p.68. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.