Les deux chaînes Joueur du Grenier (JDG) et Bazar du Grenier rassemblent quelque 5,5 millions d’abonnés, Mais après près de dix ans de création de vidéos, l’équipe des deux chaînes, confie volontiers s’être quelque peu enfermée dans un schéma de mise en scène composé majoritairement de plans fixes…
« Nous n’avions pas les moyens de proposer autre chose, et il y avait clairement une volonté de notre part d’offrir des images plus belles à notre audience. Cela a également quelque peu décuplé notre créativité. Derrière cette volonté de modifier entièrement nos méthodes de production, il y a aussi une envie de prendre encore plus de plaisir grâce à une plus grande variété de contenus », explique Frédéric Molas, cofondateur avec Sébastien Rassiat de Joueur du Grenier.
Lequel poursuit : « Une de nos exigences principales était d’améliorer notre flux de production sans trop compliquer les choses. Après quelques discussions préliminaires, nous avons rapidement opté pour Blackmagic Design, qui couvrait l’ensemble du spectre, de la capture d’images à la postproduction. De plus, nous étions déjà utilisateurs de DaVinci Resolve, ce qui n’a fait que renforcer notre décision. »
Jusque-là, la chaîne s’appuyait sur un workflow de caméras reflex. « Nous avons fait un grand pas en avant lorsque nous avons décidé de mettre en place un workflow de plateau virtuel basé sur la URSA Mini Pro 4,6K G2 », estime Nicolas Sénac, technicien vidéo.
Passer d’un reflex numérique à une caméra de cinéma a constitué une étape importante pour l’équipe. Et bien qu’il y ait eu une période d’adaptation, les résultats en termes de qualité d’image ont parlé d’eux-mêmes. De même, cela a débloqué un nouveau monde de possibilités créatives.
« Je mettrais particulièrement en avant l’étalonnage, que nous pouvons exploiter pleinement, ce qui n’était pas forcément le cas auparavant. Maintenant, nous avons beaucoup plus de liberté. La caméra est montée sur un slider Edelkrone et nous utilisons les objectifs Vespid Prime de DZO Film, le 50 mm étant notre meilleur choix. Nous obtenons la résolution maximale du capteur à 25 images/s en utilisant Blackmagic RAW (BRAW) pour Joueur du Grenier et Bazar du Grenier. La caméra est conçue pour une sensibilité de 800 ISO », précise Nicolas Sénac qui apprécie particulièrement le ND intégré « vraiment ultra pratique et efficace. Nous avons installé des SSD pour le stockage des rushes, ce qui fait que nous avons 4 To de disponibles, ce qui correspond à un gros épisode entier de Joueur du Grenier avec beaucoup de mise en scène ».
Dans l’absolu, l’équipe dit avoir ainsi moins de mauvaises surprises en postproduction, d’autant qu’elle utilise également beaucoup le Blackmagic Design VideoAssist 7″ 12G HDR qui lui permet de vérifier l’exposition avec les false color. « Auparavant, les épisodes étaient tournés en Log. Le passage en BRAW a été un grand gain pour tout ce qui concerne l’étalonnage des épisodes, souligne Karim Debbache, réalisateur. La possibilité de modifier des paramètres à l’aide du fichier sidecar, comme l’ISO ou la balance des blancs en postproduction, a été très bénéfique et nous a donné plus de flexibilité sur le plateau pour expérimenter. De même, le gain en termes de plage dynamique était également significatif, ce qui nous a permis de prendre des risques supplémentaires dans la conception de nos décors ».
Découverte d’Unreal Engine et de ses possibilités
Pour réaliser ses ambitions créatives, Joueur du Grenier a dû investir dans des techniques de production virtuelle, notamment en adoptant Unreal Engine, lequel a ouvert un large éventail de possibilités.
« Lorsque nous filmons une scène, la caméra est connectée à notre PC à l’aide d’une carte de capture vidéo DeckLink 8K. Cela nous permet d’avoir un flux vidéo en direct directement dans Unreal Engine. Ensuite, à l’aide d’un système de tracking, nous pouvons recréer le mouvement de la caméra, puis combiner les éléments studio et 3D en temps réel », explique Jordan Bélot, technicien VFX et postproduction.
Mais les avantages ne s’arrêtent pas là. « L’utilisation d’Unreal Engine a permis de réduire considérablement les temps de rendu. Avec un budget de polygones illimité et la possibilité d’ajouter un éclairage réaliste aux scènes, nous pouvons obtenir un rendu photoréaliste sans avoir à attendre des heures, ce qui est impressionnant. De plus, nous pouvons visualiser un effet spécial presque terminé sur l’écran de retour, ce qui nous permet de trouver des cadrages différents et de mieux imaginer le résultat final. Une fois le tournage terminé, nous effectuons une passe de compositing dans Fusion et une correction colorimétrique dans DaVinci Resolve. Enfin, la vitesse de la gestion des rushes dans Resolve et l’intégration de Fusion comme solution de compositing intégré correspond à un net gain de temps », détaille-t-il.
Et Frédéric Molas de conclure : « Nous avons eu d’excellents retours sur les améliorations apportées à nos studios et sur la meilleure qualité de notre production. Non seulement nous avons pu hausser le niveau en termes de qualité, mais nous sommes également en mesure de repousser les limites lors du développement de nouveaux formats en utilisant les dernières techniques ».
Fondé en 2009, Joueur du Grenier s’est directement inspiré de la cha^ne YouTube américaine Angry Video Game Nerd. Le succès fut quasi immédiat grâce à son ton irrévérencieux lors de sessions de jeu rétrogaming.