Annecy 2015, l’animation a franchi un cap

En juin dernier tout ce qui compte dans l’animation se trouvait à Annecy pour l’édition 2015 du Festival International du Film d’Animation. Fréquentation en hausse, avant-premières en masse, conférences pléthoriques sans compter la venue de guest-stars (mais pas Salma Hayek, hélas) : incontestablement, l’animation est un secteur qui suscite les appétits... 
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Deux études sur l’animation ont été dévoilées lors de cette édition : l’une, par Unifrance consacrée à l’animation française et ses capacités d’exportation, l’autre, par l’Observatoire Européen de l’Audiovisuel sur l’industrie de l’animation en Europe.

Unifrance a recensé 66 films français d’animation majoritaires sortis dans les salles étrangères entre 1999 et 2014, générant 39,5 millions d’entrées. 12 d’entre eux ont dépassé le million de spectateurs soit 18,2 % des films d’animation sortis à l’international. Il est intéressant de noter que ce sont les films aux budgets les plus conséquents qui « marchent » le mieux à l’international – un phénomène accentué si l’on rapproche le fait que 51% des entrées sont réalisées par « seulement » 4 films…

Plus « touffue », celle diffusée par l’Observatoire s’est attachée aux destinées des films en Europe. Leurs auteurs constatent que les films d’animation ont représenté 14,7 % des entrées en salles en Europe en 2014 avec des marchés dynamiques en Russie, Royaume-Uni, Irlande et… France.

Autre enseignement remarquable : entre 2010 et 2014, 250 longs métrages d’animation européens ont été produits (et diffusés en salles), soit 50 par an, à peine 3 % du volume de production et 3 % des entrées européennes totales. La France, l’Espagne et le Royaume-Uni sont les principaux producteurs d’animation ; ils représentent 40 % de la production globale d’animation en Europe. 

 

Un ancrage de plus en plus provincial

Il est loin le temps d’une bipolarisation des stu- dios d’animation entre Paris et Angoulême. Dé- sormais, il n’est quasiment pas un territoire qui ne voit émerger des auteurs, producteurs voire des studios.

En Bretagne, on peut clairement parler de filière : 202 établissements dont 61% ont moins de cinq ans d’existence. La notion de filière n’est pas anodine : outre des auteurs et sociétés de pro- duction (JPL Films, Vivement Lundi !), on y croise des centres de R&D (Technicolor), des presta- taires de postproduction (AGM Factory), un institut de recherche technologique (B-Com). Plu- sieurs entreprises innovantes et performantes à l’international comme Golaem, spécialisée dans l’animation et la gestion de foules en 3D ou encore Dynamixyz qui propose un système de performance capture sans capteur, ont fait partie des sociétés particulièrement sollicitées sur le MIFA.

Un peu moins à l’Ouest, c’est à Vendôme que Ciclic, l’agence régionale du Centre pour le livre, l’image et la culture numérique a installé son nouveau lieu dédié à l’animation… en volume. Ciclic Animation, qui sera inauguré le 18 septembre prochain, compte 2 plateaux de 35 m2 chacun, plusieurs ateliers pour la construction des décors. Outre le volume, le nouvel espace accueillera aussi les professionnels désireux de réaliser des films en banc-titre ou en 2D. La Région complète l’attractivité de l’ensemble via des systèmes d’aides : à la production de courts en résidence, au développement de longs et, enfin, au développement de séries et « spéciaux » TV. 

 

Technicolor : 14 M€ pour Mikros Image

Annoncé en avril dernier, la procédure de rachat de Mikros Image par Technicolor est désormais entérinée depuis le 8 juin. Sur son site, Mediacontech, précédent « propriétaire » du prestataire VFX devenu studio de longs métrages d’animation (à succès), fait état d’une cession à hauteur de 14 M€ – un montant relativement faible au regard des performances de Mikros : 3 millions d’entrées pour Astérix et le domaine des dieux et un chiffre d’affaire à 44 M€ (contre 18 en 2009).

Quelles sont les conséquences d’un tel rachat pour Mikros ? « Strictement rien sur notre activité », répond Gilles Gaillard, son directeur général. « Après avoir eu des financiers, le fait d’avoir des industriels comme actionnaires est un point très sécurisant à plus d’un titre » : une meilleure com- préhension du secteur, des métiers, des enjeux mais aussi l’assurance de pérenniser l’activité, sans perspective de sortie au bout de 3 ans par exemple…

Si Technicolor est bien implanté commercia- lement aux Etats-Unis, ce n’est pas le cas de Mikros qui y voit donc une complémentarité toute stratégique avec leurs studios au Canada et en Belgique.

 

Mikros Image et M6 : acte II

Après le succès au box-office France de Astérix et le domaine des dieux, également bien accueilli à l’étranger, Mikros met les bouchées double sur le long métrage d’animation avec plusieurs projets, à différents stades d’avancement : outre le déjà pressenti nouvel opus des aventures du petit gaulois à moustache, avec M6, le studio travaille avec La Station Animation et Mandarin sur le film Sahara. Dans une interview du patron de Dreamworks, Jeffrey Katzenberg, publiée dans Variety, ce dernier évoquait également qu’il avait confié la production de Captain Underpant au studio français. 

 

Un studio VFX et mocap à Marseille

Présente pour la première fois au MIFA, la Ville de Marseille en a profité pour annoncer officiellement le lancement de son studio de VFX et mocap qui a depuis, ouvert ses portes en octobre . 2e ville de tournages en France, Marseille a enregistré 362 tournages en 2014 et plus de 30 M€ de retombées économiques dont 30% dédiées à l’emploi.

En soutenant la création d’un studio de postproduction VFX et mocap au sein du pôle média, la ville souhaite multiplier les opportunités de tournage à plus gros budget. Cette installation se décompose en deux lots : « un plateau de 700 m2 sur une hauteur de 5,20 m, permettant des surfaces utiles pour la mocap oscillant entre 240 et 390 m2, plus un cyclo 3 faces », explique Olivier Bechat, directeur des studios et représentant du groupe Newen qui, via sa filiale Studios Post & Prod, va se charger du futur studio. Un second lot, de 300 m2, accueille le pipeline de postproduction, notamment les stations de travail.

 

1,6 M€ d’investissement

Le financement des travaux d’aménagement ont été assuré par la Ville de Marseille, en partenariat avec la Communauté urbaine Marseille Provence métropole, le département des Bouches-du-Rhône et la Région PACA, pour un montant de 800 000 €. De son côté, Post & Prod a investi la même somme sur les matériels. Quant à l’offre de MOCAP financée par Newen, elle bénéficie, en premier lieu, à la série « Plus belle la vie », tournée à la Belle de Mai et produite par Telfrance… du groupe Newen ! Plus largement, « ce studio participe d’une volonté de Newen d’ouvrir à d’autres productions nos activités de postproduction et d’implanter des technologies innovantes à Marseille. »

 

 

 


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