Initialement, c’est à Clermont Ferrand que ce troisième écran devait ouvrir. Les travaux du nouveau multiplexe ayant pris un peu de retard, l’inauguration a été reportée au début du mois de mai. Mais si Torcy a devancé Clermont Ferrand, c’est aussi parce que CGR a décidé d’accélérer le développement du programme ICE.
Huit salles ICE seront opérationnelles d’ici fin juillet, soit quatre écrans premium mis en chantier dans les prochaines semaines. Cette accélération qui ne devrait pas laisser beaucoup de loisirs aux équipes de CGR en charge des travaux – il faut à peu près un mois pour achever une salle – n’est pas seulement due aux bons résultats qu’obtient l’écran de Blagnac : les huit écrans ICE doivent être impérativement prêts le 26 juillet pour projeter le nouveau film de Luc Besson, Valérian et la cité des mille planètes.
Le fait que Luc Besson s’intéresse au concept premium de CGR n’est pas vraiment surprenant : le cinéma EuropaCorp d’Aéroville, repris en début d’année par Gaumont-Pathé, faisait une large place aux écrans haut de gamme. Mais Luc Besson a été aussi séduit par une composante de l’offre des salles ICE qui n’était pas présente à Aéroville : le dispositif de lumières LightVibes sur les murs latéraux qui peuvent être synchronisées avec les images et le son de la projection.
Conçu à l’origine pour animer les avant-séances, ce dispositif d’éclairage va être utilisé pour la première fois pendant la projection d’un long métrage lors de la sortie de Valérian dont il accompagnera certaines séquences. Des membres de l’équipe de postproduction du film vont se former pendant les prochains jours à l’utilisation de LightVibes pour créer les animations souhaitées par Luc Besson.
Ce partenariat avec EuropaCorp est une aubaine à la fois pour le concept ICE et pour les LightVibes dont le concepteur, Philips, n’a pas réussi à tirer de résultats réellement significatifs jusqu’à présent dans les cinémas. L’engagement de CGR, qui en est devenu en mars le revendeur exclusif auprès des exploitants de salles, pourrait changer les choses. Le circuit s’en donne en tout cas les moyens en allant jusqu’à réaliser en interne les habillages lumineux des premières parties de séances destinées à ses écrans ICE pour mieux évaluer le potentiel artistique de la solution.
Une erreur de communication pourrait être en partie à l’origine de cette nouvelle orientation stratégique de CGR. Ses dirigeants expliquent qu’à Blagnac (premier écran ICE et premier aussi à être équipé du système Philips), des spectateurs assez nombreux se sont plaints du fait que le système d’éclairage fonctionne uniquement pendant l’avant-séance : ils étaient persuadés qu’il serait exploité aussi pendant la projection des films.
CGR reconnaît que ses premières publicités sur le concept ICE pouvaient laisser croire que les LightVibes seraient une partie intégrante des projections. Si l’erreur de communication a fait quelques déçus, elle a peut-être mis aussi la puce à l’oreille des responsables du circuit sur le potentiel de la solution de Philips avant que Luc Besson vienne conforter leurs points de vue. Deux autres réalisateurs seraient tentés par l’idée de coupler le système LightVibes à la projection de leur long métrage.
CGR, qui croit plus que jamais à son concept ICE, pourrait-il pousser son programme de développement jusqu’à installer un écran premium dans chacun de ses établissements ? La direction du circuit juge pour l’instant cette hypothèse très improbable. Vu le coût d’un écran ICE (1,2 million d’euros investis à Torcy), le premium ne paraît pas viable hors des cinémas CGR les plus fréquentés.
Mais en ce qui concerne la solution d’habillage lumineux de Philips, qui n’est pas réservée aux salles ICE, la question de la viabilité ne se pose pas dans les mêmes termes : en plus des 8 salles premium, 16 écrans CGR doivent être équipés du système Lightvibes pour la sortie de Valérian.