Evénement international par essence, les Cannes Corporate Media & TV Awards ont enregistré une augmentation du nombre de pays participants. « Si nous conservons naturellement une forte présence des participants historiques comme l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne », explique le fondateur de l’événement Alexander Kammel, « il convient de noter une importante poussée de l’Asie et du Moyen-Orient qui ont soumis beaucoup de films cette année et ce, dans les catégories les plus importantes ». A contrario, des pays comme la Russie et le Japon enregistrent un recul du nombre de films déposés.
Communication intégrée : en avant toute !
A l’instar des chaînes de télévision qui misent – du moins en paroles – sur les contenus transmédia dans l’espoir de conserver leur audience la plus jeune, les grandes marquent et entreprises souhaitent voir leur communication en mode multi-écrans. Thomas Arnold, producteur partner chez ZIGGY Mediahouse à Münich, et lauréat de trois Prix (voir palmarès complet ci-dessous), le confirme : « Nous avons la chance de travailler pour des grands comptes comme Audi ou Deutsche Telekom ce qui nous confère des budgets très confortables pour travailler et lancer des idées. A contrario, ce qui nous est demandé désormais est de penser le film non plus seulement comme un outil de l’arsenal de communication mais comme un élément d’un tout largement plus important qui englobe tous les médias et tous les écrans. »
Cette catégorie est d’ailleurs celle qui a enregistré la plus forte croissance en termes de films participants aux Cannes Corporate Media & TV Awards. « Ce que le jury devait retenir, c’est non seulement le film – car c’est ce qui prime dans notre événement – mais également son usage au milieu du media mix », complète Alexander Kammel. « La question qui se pose, c’est quel rôle joue le film au sein de ce groupe de communication, dans ce concert symphonique ».
Il est d’ailleurs prévu, dans l’édition 2015 de demander aux sociétés qui soumettront leur film dans la catégorie Communication intégrée d’y ajouter un autre film qui va « expliquer le concept de la création de l’environnement pluri-média », ceci afin de faciliter l’accès à cette section de plus en plus représentée.
Stéréo 3D : de l’innovation à l’usage
Cette année, seuls trois films stéréoscopiques étaient inscrits : « Antibodies » produit par Random 42 Medical Animation pour AMGEN, « Love, Lift Me » de MUVI AG pour MC-Maria Christina et « Omega Speedskater » produit par Quite Frankly Productions. Quand on lui parle de la possibilité d’une désaffection pour cette technique, Alexander Kammel préfère répondre que « peu importe le moyen employé, seule la communication prime. Certes, on admet que le nombre de sociétés capables de produire des bons et beaux films stéréoscopiques est restreint mais je crois qu’il faut plutôt dire qu’après l’innovation vient le temps de l’usage ». Autrement dit, que la stéréoscopie n’est plus, à elle seule, un argument de vente.
Tourisme : la France à la traîne
Si la France demeure parmi les plus attractifs en terme de tourisme, ce n’est pas grâce à la politique volontariste de ses structures de représentation en termes de production de films ! Et Alexander Kammel avoue ne pas comprendre cette incongruité remarquable : la France n’a pas inscrit un seul film dans cette catégorie en 2014 ! « Alors que l’année passée, c’était un film d’Autralie qui avait obtenu le Grand Prix et cette année, nous avons l’Azerbaïdjan et la République Tchèque qui nous ont soumis des films », commente le fondateur des Cannes Corporate Media & TV Awards. « En fait, il y a bien des films qui mettent en valeur le territoire mais ils demeurent confidentiels ce qui n’est pas le moindre des paradoxes ! »
Ailleurs, la Nouvelle-Zélande a parfaitement compris tout l’intérêt de communiquer sur… la Terre du Milieu et Fondcombe plutôt que Wellington pour faire venir des touristes sur les pas des Hobbits. Et les exemples de synergie entre tourisme et tournages de films se multiplient à l’international. La France, elle, semble à la traîne.
Internet : le meilleur atout de l’audiovisuel
Au regard du palmarès 2014 et des films présentés, la tendance générale serait donc autour du média social. « Ce que je constate, c’est que l’on va vers l’idée de faire plus de films, avec des budgets moindres et, en effet, orientés social media », complète Alexander Kammel. « L’équation financière demeure la même en termes de production mais cette multiplication va forcer les créatifs à repenser leur approche. D’ailleurs, je pense que les agences de communication vont de plus en plus prendre une place dans ces bouleversements et ce foisonnement d’idées. Par exemple, la ville de Vienne, en Autriche, a fait réaliser l’année dernière un calendrier de l’Avent vidéo avec 24 films à découvrir durant tout le mois de décembre jusqu’à Noël ! »
Le fondateur des Cannes Corporate prédit « un futur superbe pour l’audiovisuel car le ‘grand adversaire Internet’, tel qu’on nous le prédisait, est devenu notre meilleur atout. Cela ne suffit plus de mettre un film sur YouTube et d’attendre que les gens viennent le consulter. Il faut des professionnels qui ont des idées, qui font de belles images. Il faut que ces films bénéficient d’un bon marketing… et d’un bon distributeur. Je crois énormément au retour en grâce du distributeur… »
Véritable pouls de la communication corporate, les Cannes Corporate Media & TV Awards pourraient bien prendre une place plus importante dans les années à venir, avec une orientation pluri-média plutôt bienvenue. En attendant, elle demeure une vitrine où chacun peut venir piocher les bonnes idées ou tout simplement, comme l’équipe de BNP Paribas, dont le département Banque de détail produit 5 films par an (1), rencontrée à la médiathèque, « voir comment nos compétiteurs ont choisi de communiquer auprès de leurs clients et, potentiellement, des nôtres ». Et vice-versa. Autrement dit : montre-moi ta communication, je te dirai qui tu es…
Pour découvrir le Palmarès 2014 : http://cannescorporate.com
(1) : et récompensés pour trois films dans la catégorie Communication Interne.
Crédits photos : Filmservice International / Blaise Tassou- Filmservice International / Isabelle Saurer