Mediakwest : Quelles sont les différences notables entre la réalisation d’un long métrage et d’une série ?
Eric Rochant : Ce qu’il faut noter tout d’abord, c’est qu’à une certaine époque la série s’inspirait du cinéma, tandis qu’aujourd’hui, c’est l’inverse qui se produit.
Par contre, avec entre 8 et 12 jours de tournage par épisode, une série se tourne 3 à 4 fois plus vite qu’un long métrage, ce qui implique que le réalisateur n’a pas le temps d’être en recherche sur le plateau. Tout doit donc être pensé en amont, il n’y a pas de place pour l’improvisation. Mais je remarque que les jeunes réalisateurs sont accoutumés à ces contraintes de temps.
Mediakwest : Quelles sont les implications au niveau du workflow et de la technique ?
Eric Rochant : Sur une série, c’est le producteur qui est véritablement aux manettes du projet artistique, en plus de l’aspect financier ! Dans le cas du Bureau des légendes, je réalise le premier épisode pour donner une tonalité générale à la série, mais ce sont ensuite d’autres réalisateurs qui dirigent le tournage. C’est donc une réalisation plus collective qu’un long métrage. J’interviens beaucoup à l’étape du montage.
Du point de vue du scénariste, on peut faire évoluer les personnages en fonction des épisodes et des saisons. De plus, on commence à travailler sur la saison suivante alors que la première est toujours en cours de production. Bien entendu les retours effectués par le diffuseur (NDR : Canal+ est également coproducteur) sont aussi à prendre en compte, et il faut apprendre à gérer ces échanges.
Mediakwest : Vous considérez vous plus comme un réalisateur de long ou de série ? Et avez vous mis beaucoup de temps à vous adapter à la série ?
Eric Rochant : Je suis d’abord un scénariste et un réalisateur de films. Mais j’ai pris goût à la série depuis une dizaine d’année. J’ai commencé par accepter de réaliser des épisodes de Mafiosa sans en avoir été le créateur. Je dois dire après coup, que j’ai commis énormément d’erreurs de méthodes. Des erreurs qui m’ont bien servi par la suite et qui me permettent aujourd’hui de bien aborder la série.