Les femmes largement sous-représentées dans les fictions françaises

Agnès Chauveau, Directrice générale déléguée de l'INA, et Laurence Bachman et Bouchera Azzouz, Co-présidentes de l'association « Pour les femmes dans les médias » (PFDM) ont présenté, au Festival de la fiction de La Rochelle, les résultats d'une étude INA / PFDM consacrée à la parité femmes-hommes dans les fictions françaises diffusées en prime time.
Étude INA x PFDM : Les femmes largement sous-représentées dans les fictions françaises © DRÉtude INA x PFDM : Les femmes largement sous-représentées dans les fictions françaises © DR

Totalement inédite, cette étude analyse l’intégralité des 440 fictions françaises diffusées en prime time en 2019 sur les six grandes chaînes nationales (TF1, France 2, France 3, Canal +, Arte, France 5 et M6). Pour chacune, le genre des titulaires des 14 postes les plus critiques est étudié (voir la liste “postes étudiés au générique”) et malheureusement les lignes ne bougent pas beaucoup…

 

Les hommes sont surreprésentés dans les rôles “techniques” et “de pouvoir”

L’essentiel des données et des indicateurs révèle que les femmes restent sous-représentées par rapport aux hommes, en particulier sur les postes “techniques“ et “de pouvoir”..  Ainsi, sur les métiers techniques, 92 % sont des chefs-opérateurs tandis que les ingénieurs du son représentent 96 % d’hommes. Les auteurs de l’idée originale du film ou de la série sont à 65 % des hommes, 63 % pour les chefs-monteurs, 72 % pour les chefs décorateurs et 83 % pour les réalisateurs. L’écart est moins important pour les métiers de scénariste (47 % de femmes), de producteur (41 % de femmes), et de directeur de production (28 % de femmes). Autre chiffre éloquent, les scriptes sont 98 % des femmes !

 

Une très faible autonomie des femmes à la réalisation et à l’écriture

Pour ces fonctions particulièrement importantes, les femmes apparaissent comme “sous tutelle” : elles sont bien plus souvent co-autrices ou co-réalisatrices que leurs homologues masculins. Pour la réalisation, discipline reine, le panel fait apparaître 84 % de réalisateurs uniques (sans co-réalisateur) quand c’est seulement le cas de 16 % des réalisatrices. En outre, 22 % seulement des auteurs uniques sont des femmes tandis que la proportion de co-auteures grimpe à 43 %.

 

Unitaire ou série, les mêmes inégalités

Dans un paysage où les fictions diffusées en prime time sont largement des épisodes de séries, on observe peu de différence sur le nombre de postes occupés par des femmes et des hommes en fonction du format, unitaire ou série. Les fictions unitaires, dont les équipes varient davantage que celles des séries, par définition, ne sont pas l’occasion de combler le déficit de parité des séries. On rappelle que l’étude précédente INA/PFDM (2020) avait établi que, dans les fictions diffusées à la télévision entre 2008 et 2018, « les personnages féminins disposaient de seulement 35,4 % du temps de parole, contre 64,6 % pour les personnages masculins ».