Produire de la réalité virtuelle: quelques conseils de Michel Reilhac (Interview vidéo)

Michel Reilhac a été engagé par le Marché du Festival de Cannes comme consultant en réalité virtuelle sur le village Next… C’est là que nous l’avons rencontré. Après avoir défini la réalité virtuelle (voir ici la première interview), il donne des conseils d’écriture et techniques aux réalisateurs et producteurs désireux de se lancer dans la production de ce type d’expérience. Il souligne aussi l’impact des tâtonnements technologiques et des barrières physiologiques…
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« Mon premier conseil à un producteur ou à un réalisateur de cinéma ou de télévision qui voudrait se lancer dans la production de réalité virtuelle c’est de s’entourer de techniciens qui connaissent  bien les particularités de la réalité virtuelle… Car les précautions à prendre sont nombreuses.

…Dans mon dernier film, nous avons utilisé quatorze caméras en même temps. Les enjeux techniques sont déterminants, que l’on parle de synchronisation ou de « stitching », c’est-à-dire de faire en sorte que les images générées par ces quatorze caméras soient bien raccordées ensemble, afin de créer l’illusion d’un univers sous forme d’une sphère tout autour de soi.

Il y a d’autres enjeux techniques qui compliquent le tournage, comme le fait que l’on ne peut pas être sur le plateau avec les comédiens parce qu’autrement on sera filmé dans l’image ; le fait que les techniciens, la lumière, ne peuvent pas non plus être installés de  manière traditionnelle, autrement ils seront enregistrés dans l’image… Il faut arriver à comprendre, à maîtriser, à anticiper tout un ensemble de contraintes techniques qui ne sont pas petites et l’apprentissage est complexe, il ne faut pas le minimiser !

En même temps, je m’aperçois, au fil des films, que le savoir-faire narratif du cinéma, c’est-à-dire comment on construit une histoire, comment on incarne un personnage, comment on écrit le voyage des personnages et la transformation et comment on prend en compte l’expérience du spectateur pour faire en sorte que « ça marche »… Bref, toutes les lois du genre qui font qu’une histoire est une bonne histoire, s’appliquent à la réalité virtuelle.

La seule différence c’est que, comme le spectateur est virtuellement présent au cœur de l’histoire, au cœur du dispositif narratif, il faut prévoir qui il est. Il y a tout un champ qui, personnellement, me passionne beaucoup, c’est la question du design de la présence. C’est-à-dire de décider qui je suis en tant que spectateur à partir du moment où je suis là, où je suis présent, au milieu du monde qu’on me décrit. Et on ne peut pas ne pas traiter cette question, c’est tout un nouvel enjeu de sculpter la présence du spectateur à l’intérieur de l’histoire…

Une particularité de la réalité virtuelle, en tout cas dans son état actuel, c’est aussi le format : la plupart des expériences durent au maximum 20 min. Pour le moment, on pense que c’est le maximum, parce que la technologie des casques et des écrans dans les casques est encore primitive. On est vraiment à la même étape que l’était le cinéma avec les frères Lumière à la fin du XIXe siècle. On fait des expériences, on tâtonne, pour arriver à rendre le dispositif matériel moins lourd et de plus en plus confortable. Mais on n’y est pas encore !  Ce qui fait que, pour des raisons techniques et physiques, on limite actuellement la durée des séances publiques à 30 min.

Mais, au fur et à mesure que les casques deviendront de plus en plus légers, de moins en moins encombrants, que la luminosité dans les écrans sera mieux gérée, on pourra commencer à augmenter la durée des films. Et je pense que, d’ici un an ou un an et demi, on aura les premiers longs métrages en réalité virtuelle…

Et on verra des expériences intéressantes de longue durée dans un univers de réalité virtuelle avec les jeux dès octobre, lors du lancement de la PlayStation VR et du casque de réalité virtuelle Sony. Les joueurs vont rester probablement plusieurs heures immergés dans les jeux en réalité virtuelle. Cela interroge parce qu’il y a évidemment autour des questions d’addiction, d’isolement, mais aussi des question physiques. Finalement, on ne sait pas quel est l’impact sur les yeux, le cerveau.

…Donc, il faut y aller prudemment, même si le champ créatif de la réalité virtuelle est juste complètement passionnant ! ».

 

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Deux jours autour de 3 thèmes:

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     – Production Cinéma/Broadcast : Nouveaux métiers et nouvelles pratiques liées au numérique
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Screen4ALL propose aussi une formation de 5 jours intitulée  “Nouveaux écrans, nouvelles expériences” et soutenue par le programme Europe Creative ainsi que le 360 Film Festival…

 

Les partenaires de l’événement : 

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