La toute nouvelle étude de l’INA sur la parité s’intéresse aux premières diffusions de documentaires de l’année 2021, sur les sept principales chaînes télévisées, de TF1 à Arte. Près de 1000 œuvres ont été passées au crible pour envisager la parité femmes-hommes aux postes de réalisation, d’écriture et de narration…
Des auteurs et réalisateurs hommes largement sur-représentés
70 % des réalisateurs de prime time et plus de 80 % des réalisateurs d’access prime time sont masculins. Les femmes occupent non seulement moins de postes de création sur les documentaires diffusés, mais les documentaires qu’elles écrivent et réalisent sont en plus moins vus.
Les sujets jugés considérés comme les plus sérieux sont en grande majorité confiés aux hommes
On observe de fortes des disparités selon les thématiques… Comme le constatait déjà l’INA dans une étude publiée dans La Revue des Médias sur la parole en période de coronavirus dans l’information télévisée, la parole d’autorité est très largement masculine. Les sujets jugés plus techniques sont majoritairement confiés à des hommes. C’est aussi le cas des documentaires d’histoire, pour lesquels plus de 75 % des auteurs et réalisateurs sont des hommes.
Idem pour l’autre thématique reine du genre documentaire, les films de société : les hommes réalisateurs sont également majoritaires. Les femmes sont davantage favorisées dans l’écriture et la réalisation de documentaires sur des sujets socialement vus comme plus féminins : les beaux-arts (plus de 80%), la santé (plus de 60%).
Pour ce qui est de la religion et la littérature, la parité est presque de mise….
Du côté des voix off…
Les hommes dominent largement le temps de parole même si les postes de voix off connaissent une répartition plus égalitaire entre femmes et hommes que pour la réalisation ou l’écriture. Les interprètes femmes sont plus souvent engagées spécifiquement sur le poste de narration, alors que les hommes cumulent beaucoup plus fréquemment les fonctions de narrateur, auteur et réalisateur. Les femmes prêtent donc leur voix aux hommes pour des documentaires qu’elles n’ont ni écrits, ni réalisés…
Des résultats cohérents avec l’étude de l’INA sur 20 ans de documentaires
L’INA, qui s’était déjà intéressé à la place des femmes dans le documentaire entre 2002 et 2022 avait déjà constaté une légère amélioration. En effet, les cinq dernières années montrent une augmentation constante des postes de réalisation assurés par des femmes. 2020 et 2021 sont même les deux meilleures années depuis 20 ans avec respectivement 30 % et 33 % de réalisatrices (25% en moyenne de 2002 à 2022).
Si l’on a pu noter une amélioration de plus de 10 points depuis 2002, on peut néanmoins souligner que cette évolution restait très lente jusqu’à présent… Mais les lignes bougeront sans doute désormais très vite après l’annonce – toujours sur le Sunny Side 2022 – de France Télévisions qui s’engage à parvenir dès 2023 à une parité de réalisatrices et réalisateurs dans les projets documentaires (voir l’article publié dans Mediakwest : France Télévisions soutient et promeut la place des femmes dans la création documentaire).
Cet engagement sera, en outre, peut être suivi par d’autres chaînes…