Dossier : Les systèmes de contribution IP

Retours d’expérience d’utilisateurs
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Dans le cadre du programme Media Engineering Intelligence, Mesclado propose un webcast de 45 min, disponible en VOD, sur les systèmes de contribution IP : avec des témoignages de Sky News, ITN, TF1, RTBF, Eutelsat, StryderTV et Broadcast IP Systems. Sous la houlette de Guy Pelham, ex BBC, les invités débutent par un état de l’art de l’utilisation IP avant d’évoquer les avantages et inconvénients des systèmes IP. Le webcast se conclut par l’avenir de ces systèmes dans l’industrie des médias.

 

Pourquoi l’IP ?

Fort de plusieurs années passées à la BBC, Guy Pelham, maintenant consultant média indépendant, a cherché à comprendre l’origine du choix de ces systèmes dans l’industrie des médias.

 

À la question « Quand sont apparus les systèmes IP pour la diffusion live ? », Helen Brown, fondatrice de Broadcast IP Systems (Royaume Uni) répond : « Des professionnels de la télévision utilisaient des services qui n’étaient pas dédiés à la diffusion en direct et pourtant ils trouvaient des idées pour les utiliser en vue de faciliter leur travail ».

 

Les véhicules DSNG traditionnellement utilisés sont équipés de plateformes de montage et des contributions satellites très fiables pour la diffusion en direct. Mais l’allocation d’un transpondeur dédié pour seulement quelques minutes se révèle déjà coûteuse. Les équipements eux-mêmes sont volumineux et imposants et limitent la mobilité des journalistes.

 

Pour le consommateur, le développement des infrastructures internet et des réseaux sociaux a permis aux bloggeurs et citoyens ordinaires de diffuser de l’information à l’international. Ils sont devenus des reporters amateurs filmant avec un Smartphone et diffusant sur les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter ou YouTube. Ces « nouveaux journalistes » s’approchent au plus près de l’action, pour le plus grand bonheur des téléspectateurs qui en redemandent.

 

Pour les professionnels, la flexibilité ouvre la porte à plusieurs cas d’usage. On peut adapter le workflow IP aux situations : un ou plusieurs flux, diffusion audio seulement ou vidéo/audio, etc. Bevan Gibson, CTO d’ITN (Independent Television News), souligne l’importance de l’adaptation au changement pour une chaîne de production, plus compliquée avec un car DSNG. « C’est un point clé pour n’importe quelle chaîne de news » déclare Bevan Gibson.

 

Avec les systèmes d’agrégation, les équipes de reportage ont la liberté de filmer depuis n’importe où, sans avoir à revenir à un point fixe pour charger le contenu. Ce nouveau workflow leur permet de se concentrer davantage sur la qualité de la ligne éditoriale et leur fait gagner du temps en montage. Ils peuvent même être connectés à une plateforme collaborative de l’entreprise (ex : NRCS ou NewsRoom Computer System, MAM ou Media Asset Management). Ajoutons que le développement de nouvelles applications de sécurité pour les flux IP rend plus fiable la distribution du contenu vers le studio. Les utilisateurs peuvent avoir des retours en temps réel grâce à la caractéristique bidirectionnelle des systèmes IP.

 

Un autre avantage des systèmes de contribution IP : la rentabilité.

Comparés au coût des cars DSNG, les systèmes IP d’entrée de gamme sont beaucoup plus abordables, souligne Steve Ryder de StryderTV. L’application « Newspotter » d’Eutelsat s’appuie sur le satellite en bande Ka pour fournir une connexion IP. D’après Cristiano Benzi, Director Line of Business Video and Broadcasting d’Eutelsat, ces systèmes sont mobiles et flexibles, et restent un complément à la contribution DNSG traditionnelle en bande Ku traditionnel. Benoît Moulin, Directeur des Opérations info/sports de la RTBF, juge néanmoins qu’Eutelsat pourrait aller plus loin dans son « Newspotter » en assouplissant le système de réservation (aujourd’hui un minimum de 30 minutes doit être laissé entre deux réservations).

 

Concernant les systèmes d’agrégation IP, des retours d’expériences ont prouvé que les reporters les adoptent facilement car ils sont légers, petits, avec une prise en main rapide. Yves Bouillon, Responsable de Département des Moyens Techniques des Productions Extérieures, nous explique que l’utilisation de l’IP pour TF1 est une stratégie gagnant-gagnant pour toute l’équipe. Idem pour les téléspectateurs et opérateurs télécoms : de l’info en direct pour les téléspectateurs, un gain du temps pour les journalistes, des économies pour les rédactions et des nouveaux contrats pour les opérateurs télécoms.

 

Grâce à l’IP, l’ensemble des éditeurs de chaînes peuvent jouer à armes égales : elles sont toutes capables de diffuser en direct depuis le terrain. La concurrence se joue à présent sur la synergie au sein de l’équipe elle-même pour être réactive sur les actualités chaudes ou sur des conflits armés. « Je suis certain que cette technologie rendra TF1 plus compétitive » confirme Yves Bouillon quand Guy Pelham l’interroge sur la différence qu’a introduite l’IP pour la couverture live.

 

Un secours du secours du secours » pour Steve Ryder

La seconde partie du webcast aborde la question des avantages et inconvénients des systèmes IP.

 

Benoît Moulin, Directeur des Opérations info/sports de la RTBF, nous signale la difficulté d’utilisation des systèmes IP dans une zone de réseau mobile 3G ou 4G congestionnée.

 

Steve Ryder, fondateur de StryderTV, s’interroge sur la fiabilité de ces nouvelles technologies : un fournisseur indépendant de services de transmission n’a pas le droit à un écran noir lors d’un direct. Pour atteindre une fiabilité à 100 %, StryderTV utilise le satellite Ka-Sat comme secours du DSNG en bande Ku, et les systèmes 3G/4G comme secours du Ka-Sat.

 

Deux éléments sont donc à prendre en compte : la disponibilité du réseau IP et la continuité de service depuis le terrain.

 

Malgré la simplicité d’utilisation des équipements IP, les utilisateurs peuvent être déroutés par le changement de workflow. Il faut se déplacer pour rechercher une bonne couverture réseau et ainsi pouvoir diffuser directement.

 

Et si les performances réseau 3G/4G diminuaient soudainement ? Ils doivent stopper le streaming, enregistrer et rechercher à nouveau un réseau pour streamer ce qui a été enregistré. Le rôle du coordinateur est de s’assurer que les équipes aient les compétences et les bons réflexes quelles que soient les conditions. Dans le webcast, Bevan Gibson d’ITN évoque les changements majeurs que l’IP a apportés à son entreprise : « C’est un changement d’esprit pour les équipes… c’est une manière différente de travailler, de nouvelles compétences sont requises. Il s’agit de s’assurer que notre équipe soit aussi efficace avec ces nouvelles technologies IP qu’avec les technologies traditionnelles ».

 

Richard Westwood du Centre des Opérations News à Sky News, souligne l’importance de la préparation. « Vous avez besoin de mettre en balance le lieu et les ressources disponibles ». Pour pallier cela, Sky News a mis en place un processus complet : « se rendre sur le terrain, vérifier la disponibilité du réseau », et parfois faire le choix du satellite pour assurer à tout prix le direct.

 

Dans les grands groupes, une telle rupture technologique « effraie » parfois les décideurs et les rend réticents pour une migration « totale » vers les systèmes IP. Pendant des années, certains ont élargi leurs flottes DSNG pour leurs besoins de production sans aucune anticipation du potentiel des systèmes d’agrégation IP. L’investissement conséquent effectué rend difficile l’abandon total de ces applications traditionnelles.

 

L’IP sera partout…

Aujourd’hui, les chaînes de télévision ont à leur disposition une multitude d’offres pour gérer le direct. Le marché évolue plus vite que les organisations.

 

Steve Ryder pense que d’ici quelques années tout sera géré via de l’IP, puisque ces systèmes commencent déjà à prendre la relève des systèmes traditionnels. Le streaming IP est maintenant totalement accepté pour diffuser en direct, en remplacement des applications SNG traditionnelles, et cela même pour des événements majeurs. La facilité d’utilisation de ces systèmes permet aux journalistes de se rendre dans des endroits auparavant inaccessibles.

 

Avec le développement continu des réseaux 4G et des applications de sécurité, les systèmes IP sont une réelle opportunité, même pour des petites entités, pour « faire le buzz » à moindre coût.

 

Certains éditeurs de chaînes de télévisions continuent à privilégier l’utilisation du satellite en Ku ou Ka tant que le réseau 4G n’offre pas la fiabilité à 100 %. Ils ne veulent pas qu’une technologie prenne le dessus sur une autre. C’est ce qu’a exprimé Yves Bouillon : « Pour être sûr que le sujet arrive à temps pour l’émission, […] je suis sûr que nous allons avoir les deux technologies. Les équipes décideront quelle sera la meilleure à utiliser suivant l’événement à couvrir ».

 

Ne pas être limité à une seule technologie et « être maître de son destin » : ce sont les clés de la flexibilité sur lesquelles les éditeurs de chaînes télés veulent capitaliser.

 

Ce webcast a été organisé en partenariat avec la SMPTE, avec le soutien de notre Sponsor Gold DEJERO.

 

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Fort de son labo indépendant de recherche appliquée et de veille techno, Mesclado réalise un important travail sur les moyens de contribution IP. L’équipe s’est entourée d’experts internationaux afin d’analyser l’offre en équipements, logiciels et services. Au sein du programme Media Engineering Intelligence (MEI), une étude du panorama des solutions du marché sera disponible en septembre 2014. Elle analyse notamment les offres de : Aviwest, Code One, Dejero, LiveU, Nucomm, Quicklink, Mobile Viewpoint, Prodys, Streambox, Teradek, TVU, Vislink Broadcast.

 

L’agrégation, ou « bonding », est l’une des bases de fonctionnement des systèmes de contribution IP. Le principe est de mettre en commun tous les canaux de transmission disponibles afin d’obtenir la meilleure bande passante possible, et donc la meilleure qualité d’image possible. Ces canaux peuvent être 3G/4G, wifi, Ethernet, BGAN, etc.