Avec le développement du Cloud d’entreprise, une nouvelle étape s’engage vers la virtualisation des stations informatiques en général, et des postes de travail des métiers opérant sur des médias audiovisuels en particulier. Après avoir bien mesuré les enjeux de la virtualisation des processus multimédias, tiré avantage de la dématérialisation des supports, et négocié le virage de la dé-linéarisation des contenus, c’est un nouvel épisode de la numérisation des industries de l’information qui se joue actuellement. Tous les producteurs de sons et d’images savent combien les contenus audiovisuels sont hautement consommateurs de ressources
numériques. La dématérialisation des médias, facilitant notamment leur captation et leur distribution, a irrémédiablement démultiplié les volumes d’images et de sons captés et consommés. On poursuit par ailleurs une recherche constante d’améliorations pour la qualité de reproduction visuelle (en termes de définition, résolution, cadence, contraste, couleur, relief…), et sonore avec des sons multicanaux à spectres étendus ; tout cela participe activement à l’augmentation significative des volumes numériques consommés en termes de bande passante, de capacité de stockage et de puissance de calcul. Parmi les innovations technologiques qui rendront possible la poursuite des améliorations qualitatives et quantitatives de notre environnement audiovisuel, le Cloud est sans doute celle qui modifiera le plus profondément notre compréhension des processus technologiques en jeu. Pour en percevoir les enjeux, en voici un aperçu avec deux acteurs référents qui occupent une position de leadership dans le secteur du media cloud storage & computing.
C4M de SmartJog
En France puis en Europe, le groupe historique TDF s’est rapidement positionné au coeur de la convergence des nouvelles technologies numériques en agrégeant l’exploitation de moyens de transmission hertziens terrestres, satellites et IP. Media Services est une division du groupe TDF rassemblant 6 sociétés de services avancés à destination des industries de médias ; c’est dans ce périmètre qu’opère la société SmartJog. Fondée en 2001, elle dispense ses services dans 3 domaines d’activité : Media Solutions, qui regroupe des solutions collaboratives clé en main pour stocker, reformater et échanger des contenus ; Digital Cinema, qui offre des services de distribution des copies numériques DCP (Digital Cinema Package) pour l’exploitation des films en salle ; et CDN, Content Delivery Network, une infrastructure nationale de distribution des contenus numériques dédiée au secteur audiovisuel.
SmartJog propose depuis quelques mois une nouvelle offre de prestations dématérialisées de type SaaS (Software/ as a Service) et PaaS (Platform as a Service) pour répondre aux besoins de stockage, de reformatage et de transfert, basée sur un réseau dédié garantissant très haut débit, résilience et sécurisation.
Cette offre, baptisée Cloud4Media (C4M), s’appuie entre autres sur un réseau de 3 000 serveurs interconnectés dans 70 pays à travers deux grands datacenters basés à Los Angeles pour le continent américain et à Paris pour
l’Europe, et qui assurent une redondance stratégique des données traitées. L’infrastructure réseau de SmartJog combine des moyens terrestres et satellites dédiés à l’industrie des médias et de l’Entertainment : elle se caractérise par plusieurs centaines de serveurs lame déployés dans 15 datacenters, d’un backbone de plus de 1 000 Gbps reliant l’ensemble des clients, et est complétée par trois plateformes satellitaires. Chaque liaison est sécurisée par VPN pour assurer la connexion au réseau fermé SmartJog par le biais d’un serveur passerelle ou d’un client léger. Un protocole de transfert spécifique nommé RBC, permet des transferts de données fiables utilisant un débit maximal et s’affranchissant des latences élevées ou des pertes de paquets. Les échanges de contenus peuvent s’effectuer entre serveurs, entre clients logiciels ou encore entre serveurs et clients logiciels. Intégrés à l’environnement Linux, les composants logiciels des systèmes SmartJog sont basés sur des applications Open Source et des modules développés en interne. Des applications permettent des traitements audio et vidéo tels que le transcodage, la création de copies en basse résolution, l’encapsulation dans un nouveau format conteneur (wrapper) et la concaténation de fichiers.
« Avec la multiplication des supports de diffusion (ordinateurs, tablettes numériques, Smartphones, TV connectées), les acteurs du monde de l’audiovisuel (distributeurs, chaînes de télévision, plateformes VOD, IFE, IPTV…) sont à la recherche de solutions globales de gestion de leurs contenus toujours plus souples et performantes. Grâce à cette nouvelle offre Cloud4Media, nous permettons à nos clients de stocker, de transcoder et d’échanger leurs contenus avec le monde entier dans un environnement totalement sécurisé, et
ceci sans avoir à investir dans une infrastructure lourde et onéreuse » précise Fernando Ribeiro, Directeur de Media Solutions – Technology and Special Events. Afin d’optimiser son intégration et son interopérabilité avec les systèmes des clients, les composants de C4M (Storage, Exchange, Repurposing) peuvent être pilotés par des systèmes tiers via Web-Services. L’API SmartJog s’interface avec les différents systèmes de programmation, d’automation, de numérisation, de gestion de média afin d’automatiser les commandes et le suivi d’opérations. Les évolutions des services de C4M dans le Cloud permettent aux centaines de post-producteurs, diffuseurs, distributeurs, exploitants… d’optimiser leurs processus de travail dans un environnement technologique performant, fiable, sécurisé et évolutif. SmartJog compte parmi ses clients BeTV, le Groupe Canal+, HRT, RTE,
SBS, YLE, pour ne citer que quelques diffuseurs, mais aussi de nombreux détenteurs de droits ou laboratoires de Post-Production tels que BBC Worldwide, CBS, Deluxe, Disney International Television, Sony Pictures, Technicolor, Universal, Warner Bros, …
Aspera et fasp au service du Cloud
Autre point d’abordage du Cloud : la société américaine Aspera, fondée en 2004 en Californie, et représentée en France comme en Grande-Bretagne. Réputée pour ses solutions logicielles de transfert numérique accéléré pour des données en masse, Aspera développe un savoir-faire réputé dans l’optimisation des échanges sur réseau,
avec son protocole fasp qui revendique 32 brevets d’innovation technologique et des performances inégalées à ce jour. Ce protocole fasp, pour Fast Adaptive Secure Protocol, a pour objet de tirer les meilleures performances des connexions aux réseaux WAN en termes de rapidité et de fiabilité, quelles que soient les tailles de fichiers et
distances des transferts en présence.
Andrea Di Muzio, Director of Professional Services – EMEA – Aspera Inc France, déclare : « La technologie brevetée fasp d’Aspera est la solution idéale pour profiter au maximum des avantages et de la flexibilité du Cloud, de façon tout à fait transparente. En utilisant une solution logicielle Aspera pour le transfert des données à vitesse maximale, le cloud devient simplement une option de configuration et de déploiement ».
Depuis huit ans, le nouveau concept de transfert de fichiers utilise le protocole fasp optimisé qui apporte une amélioration déterminante par rapport à FTP et HTTP, les protocoles les plus courants basés sur TCP. fasp présente une résistance optimale aux pertes de paquets sur Internet, une immunité totale face aux effets de la distance entre expéditeur et destinataire, et aux réductions intempestives de bande passante. Distribué sous forme d’outils logiciels classiques ou de serveurs dédiés, fasp permet d’opérer des échanges de points à points ou vers des destinataires multiples pour des volumes de données importants. En 2012, l’organisation des Jeux Olympiques et la fédération internationale de football UEFA ont utilisé ce type de transfert rapide pour la distribution de médias avec contrôle d’accès vers des centaines de diffuseurs à travers le monde. Aspera développe des solutions pour le Cloud depuis trois ans, et travaille en complément des fournisseurs de services de renommée mondiale comme Amazon S3, Microsoft Azure, Google, HP ou Rackspace. Cloud, c’est un mot dans l’air du temps, mais ce sont surtout des services d’un genre nouveau : avec des machines virtuelles et du stockage de type object store. Ce stockage est bon marché – on ne paie que ce qu’on utilise – et il est surtout adaptatif grâce à sa capacité élastique. À une échelle mondiale, la localisation géographique des points d’upload et download peut impacter la vitesse de transfert : le passage obligé par certaines passerelles techniques de
connexion introduit un délai supplémentaire aux échanges entre les grandes zones de découpage des territoires mondiaux. Par exemple, le Cloud Amazon est structuré en zones géographiques : USA west, USA east, Europe, Asie. Les transferts sont optimisés à l’intérieur d’une zone, mais un délai supplémentaire s’impose en transfert interzone : la vitesse de transfert FTP est retardée de 100 millisecondes entre la France et l’Irlande.
Se positionnant comme un opérateur indépendant des autres acteurs du Cloud, Aspera propose des solutions de transfert de données propres à simplifier les échanges… et à promouvoir la mise en concurrence des services qui permettra, à terme, une réduction des coûts. Deux modèles économiques proposent le choix entre une licence utilisateur achetée par le client pour une exploitation locale, ou un service Cloud en paiement au volume de données transférées. Les fournisseurs de service en Cloud donnent la possibilité d’adapter les ressources matérielles à des configurations d’utilisation diverses. Mais le protocole HTTP est souvent employé pour écrire des données sur object store, avec une vitesse de transfert théorique souvent limitée à 100 Mb/s, qui descend souvent en pratique à 20 Mb/s. Avec la nouvelle version fasp3, on peut utiliser le stockage object store dans des conditions semblables à celle d’un stockage local, dit on premise. Aspera recense plus de 2 000 utilisateurs de ce logiciel qui exploitent au mieux les caractéristiques des réseaux et ressources existants pour leurs migrations de données en masse. Pour les workflows de production, l’utilisation du Cloud est conditionnée à l’existence d’interfaces aussi semblables que possible de celles des outils « maison », et surtout d’une latence comparable à celle des équipements installés sur place ; vitesse et fiabilité du transfert de données deviennent des facteurs décisifs pour le développement du Cloud pour les médias. Le Cloud est une réponse particulièrement bien adaptée à des contextes différents qui se traduisent par un appel des ressources nouvelles : pour une production temporaire liée à un événement sportif, culturel, politique… En 2012, un gros client comme UEFA utilise le Cloud Amazon pour la distribution mondiale de vidéo des matches de football internationaux. Pour qu’une structure existante absorbe une surcharge d’activité de durée limitée. Pour expérimenter de nouveaux services et évaluer un modèle économique en validant des processus de production. Pour assurer un plan de reprise d’activité en cas de déficience majeure d’une infrastructure sensible. Dans ces configurations, le recours aux ressources du Cloud évite les investissements en bande passante et en stockage, et permet de définir des processus techniques sans obligations d’investissement ni engagements vis à vis de fournisseurs.
Aspera propose aussi une solution d’automation de workflow du nom d’Orchestrator : ce dispositif encadre et pilote les opérations de transfert aux protocoles fasp 3, FTP, HTTP, et peut notamment automatiser les autres opérations courantes de traitements des médias ; celles de transcodage avec des outils Telestream, Encoding.com, ZenCoder et celles de validation de conformité technique (Quality Control) avec Baton ou Aurora. Aspera Orchestrator permet d’implémenter des processus médias déjà existant ou nouveaux, avec une grande flexibilité, comme par exemple à l’occasion des J.O. ou de la coupe Euro 2012. Une amorce de standardisation
des outils du Cloud est en cours avec OpenStack une initiative de la communauté OpenSource. Organisation non commerciale, la fondation Openstack favorise et encadre le travail commun des développeurs pour simplifier le
contrôle des processus grâce à des API (Application Programmable Interface). De nombreuses sociétés commerciales soutiennent OpenStack, parmi lesquelles Dell, HP, IBM, Yahoo, AT&T, Cisco, aux côtés d’organisations engagées dans la défense du logiciel libre comme Canonical, Red Hat, SUSE et Linux. L’implication d’Aspera dans ces évolutions apporte une solution alternative aux clients qui ne souhaitent pas dépendre d’un fournisseur de Cloud, conservant la possibilité de choisir le stockage chez un fournisseur et le
calcul chez un autre.
Andre di Muzio précise : « Grâce aux nouvelles infrastructures Cloud, les acteurs du monde de la création et distribution de contenus numériques sont maintenant à même de lancer des services innovants, avec un investissement limité en infrastructure et une flexibilité d’utilisation hors pair. De façon à utiliser une infrastructure Cloud dans le cadre d’un workflow dématérialisé, il est essentiel d’employer une solution de transfert des données à haute vitesse : la technologie logicielle fasp permet dès aujourd’hui d’obtenir des débits
jusqu’à 700Mbps directement sur les object stores, en toute sécurité ». Et de citer les nombreux cas d’usage des clients d’Aspera : UEFA, UFC, UNIVERSAL, SKY ITALIA consultable sur http://asperasoft.com/customers/case-studies/.
Le transfert rapide en masse d’Aspera permet de combiner les services des fournisseurs et de redistribuer à souhait les cartes de storage et de computing selon l’évolution des offres commerciales et technologiques du marché. À ce jour, 90 % des clients Aspera continuent d’utiliser les infrastructures locales et les datacenters, alors que les 10 % restant produisent sur le Cloud : ces pourcentages évoluent bien sûr en faveur de la production sur le Cloud. Les équipes d’ingénierie, notamment les jeunes ingénieurs qui recherchent des solutions compétitives pour répondre aux nouveaux besoins du broadcast et du multimédia, ont bien compris que le Cloud
était à même de proposer un terreau technologique propice à leurs innovations. Actuellement, de nombreuses expérimentations de services sur le second écran (2nd screen application) utilisent les ressources du Cloud pour éviter le recours à des investissements importants sans garantie de pérennité de ce type d’activité. Actuellement, ce sont les fournisseurs de solutions logicielles pour le Cloud, avec des services de transferts accélérés, associés aux facilités d’automation de workflows, qui contribuent à rendre le Cloud aussi transparent que possible pour les utilisateurs.
Cloud / Remote… / Mobilité
Hébergement et accès à son infrastructure chez soi ou ailleurs, depuis son ordinateur, station de travail ? Portable ? En Wifi ? Mais pourquoi pas son smartphone ou sa tablette ! Le tout avec du 4K bien sûr !
Adobe Anywhere s’attaque aux plus grosses difficultés rencontrées en production vidéo : transferts de fichiers volumineux, duplication des supports et fichiers proxy. Il réunit les équipes virtuelles qui enregistrent, montent, partagent et finalisent leurs productions vidéo en faisant appel aux réseaux et équipements standard.
« La production vidéo a toujours posé problème aux monteurs qui souhaitent travailler à plusieurs sur un même projet, car l’échange de fichiers volumineux par Internet est extrêmement compliqué », souligne Jim Guerard, Vice Président, Enterprise Solutions, chez Adobe. « Adobe Anywhere simplifie considérablement les choses. La centralisation des supports et ressources permet aux membres d’une équipe de collaborer sur un même projet, où qu’ils se trouvent. »
Adobe Anywhere est une solution d’entreprise hébergée sur site (Cloud privé) qui fluidifie et sécurise la collaboration des équipes de production. Le logiciel est installé sur un cluster de serveurs et repose sur deux composants clés : la plate-forme de collaboration Adobe Anywhere et le moteur de lecture Adobe Mercury. Le premier contient toutes les informations et métadonnées du projet, gère les accès utilisateur et permet à plusieurs membres d’une équipe de travailler simultanément sur les mêmes fichiers.
Le second composant est la technologie phare Adobe Mercury utilisée par toutes les applications Adobe. Elle met en oeuvre des flux de visualisation dynamiques en temps réel avec des effets à accélération GPU pour les séquences Adobe Premiere Pro CC et Adobe Prelude CC. Le moteur de lecture Adobe Mercury permet d’économiser des heures de transfert ou de copie de fichiers volumineux, mais aussi d’avoir instantanément accès aux fichiers multimédias, où que vous soyez.
« Il y a quelques années à peine, nous avons franchi une étape majeure avec les fichiers interopérables permettant d’accéder à notre contenu partout dans le monde. Le prochain objectif est de rendre cet accès transparent. Adobe Anywhere promet d’être une technologie phare dans ce domaine, en aidant nos journalistes
à interagir avec le contenu et à collaborer sur tous les sujets, où qu’ils se trouvent » explique Michael Koetter, Senior Vice President of Media Technology and Development chez Turner Broadcasting.
Grâce à sa technologie Adobe Mercury déportée dans l’infrastructure, Adobe Anywhere prend en charge tous les traitements liés à la fabrication d’un contenu vidéo. Les applications « métier » (Premiere Pro CC ou Prelude CC) ne font qu’envoyer des ordres au moteur Mercury distant. Cette architecture est parfaitement adaptée pour solutionner les enjeux présents et à venir : la collaboration en réseau (filaire, non filaire, distant, non distante), le support de formats vidéo volumineux (4K, voire plus), l’intégration de périphériques mobiles (smartphone, tablettes : outils de productivité devenus omniprésents dans les organisations). Elle permet d’ores et déjà de simplifier le choix du poste de travail de l’utilisateur, celui-ci pouvant être plus raisonnable en performance (CPU, GPU et réseau), et donc réduire des coûts importants.