Les chaînes de sport comme Eurosport sont de gros consommateurs d’éléments graphiques pour de l’habillage, mais aussi et surtout pour les résultats sportifs avec une nécessité : aller vite pour afficher les « scores » et éviter les erreurs. Eurosport fut l’un des tous premiers clients en France à adopter les solutions d’habillage de Ross. Un appel d’offres avait été lancé il y a un peu moins de quatre ans, avec la volonté de n’avoir qu’une seule technologie d’habillage graphique pour la production, la postproduction et les graphiques de flux « schedule graphic ».
Dans la course à l’audience que se livrent les chaînes, les thématiques sportives comme Eurosport doivent être à même de produire rapidement des contenus enrichis pour fidéliser les téléspectateurs. Cela induit une forme de complexité dans les habillages, nécessitant un workflow optimisé et semi-automatisé. « Nous avons développé de nombreux scripts pour simplifier les processus de fabrication des éléments graphiques. Le premier objectif est de placer l’intelligence à l’intérieur des templates de manière à accélérer le processus de mise à l’antenne. Le second objectif est de permettre au système graphique d’aller puiser des informations dans une base de données, plutôt que d’avoir plusieurs opérateurs qui tapent en même temps les résultats d’une même journée de championnat », insiste Patrick Jeant, responsable de la postproduction.
Plus de chaînes localisées
Depuis la reprise du groupe Eurosport par Discovery Communication, la philosophie de la chaîne a changé. En effet, à l’époque de la gouvernance TF1, Eurosport avait une politique internationale avec peu de présence dans les pays où étaient diffusés ses canaux. Désormais, Discovery souhaite développer la localisation, modèle qu’elle applique déjà aux autres chaînes Discovery et qui a fait son succès. La tendance est de négocier les droits pays par pays selon les opportunités possibles et les intérêts des pays par rapport à un sport en particulier. L’idéal étant d’acquérir des droits majeurs sur l’ensemble des pays, comme cela a été le cas l’année dernière avec un accord sur 10 ans avec le CIO sur les Jeux olympiques pour tous les pays européens (à part la France et le Royaume-Uni avec lesquels des discussions sont en cours) pour tous les médias et toutes les plates-formes.
L’équipe de postproduction travaille pour les différentes entités du groupe Eurosport, que ce soit les antennes, le département création Starteam ou le digital, qui prend une part croissante dans la production de contenu. « Nous commençons à fournir du contenu pour le digital, en produisant des films VR et en envoyant, par exemple, des monteurs sur certains événements sportifs ; ils vont participer à la captation, monter des sujets courts, isoler des interviews, l’idée étant d’avoir une approche innovante et d’adopter les codes du digital. Lors du dernier Open d’Australie, nous avions des personnes de l’équipe qui filmaient avec des smartphones à 240 images par seconde pour mettre à disposition des fans des ralentis sur les plates-formes digitales et les réseaux sociaux. C’est intéressant de suivre cette évolution. Nous essayons là aussi de mettre en place de plus en plus d’automatisation dans les étapes de fabrication », poursuit Patrick Jeant.
En terme de diffusion, Eurosport diffuse deux canaux principaux, Eurosport 1 et Eurosport 2. Chacune de ces deux chaînes internationales a des chaînes filles qui sont des versions localisées. Il y a, pour le moment, dix régies finales sur le site d’Issy-les-Moulineaux. Des versions localisées d’Eurosport sont déjà opérationnelles et autonomes avec leurs propres décrochages, comme en France et en Angleterre.
L’habillage antenne est réalisé avec la plate-forme Ross Xpression. « Nous essayons d’encourager les filiales à s’équiper avec le système Xpression ; cela est plus simple pour les échanges ; il suffit de leur transmettre le projet avec les scripts d’automatisation sous forme de package. Pour ceux qui n’ont pas de Xpression, nous leur donnons les fichiers sources, des vidéos et des images de référence pour qu’ils puissent reproduire fidèlement chaque élément d’habillage », souligne Richard Lievre.
En termes d’équipements, Eurosport possède dix Xpression pour l’habillage Live, quinze Xpression sur Bluebox pour le Schedule Graphic et des plug-in Xpression pour Avid Media Composer. Il y a également un logiciel développé en interne, Cocoon, qui permet de générer et gérer de manière mutualisée les « schedule graphics » de l’ensemble des chaînes (les différentes versions de logos d’Eurosport, les pop-up de promotion des programmes et les logos des sponsors).
« Pour encore simplifier les processus de mise à l’antenne, Eurosport s’est récemment équipé de l’option Tick-It qui permet d’agréger différents flux de données, et de diffuser très simplement et intuitivement les informations sélectionnées provenant de ces flux », indique Richard Lievre. Tous les projets d’habillage sont centralisés sur un « project server » et les opérateurs vont chercher les habillages dont ils ont besoin sur le serveur afin de pouvoir bénéficier de la version la plus à jour.
Habillage, Réalité augmentée, VR
Le département Starteam joue le rôle d’une agence de création, de production et effectue la direction artistique. Il produit plus particulièrement les bandes annonces, des clips pour la chaîne, pour les commerciaux, des films publicitaires pour les annonceurs qui les sollicitent et l’habillage antenne des différentes chaînes et des programmes. Starteam est scindée en deux parties, d’un côté une partie production avec un directeur et des chargés de production ; de l’autre, une équipe technique de fabrication qui dépend du service postproduction.
« Nous avons envie de continuer à nous lancer des défis, à innover, à créer des choses que ne font pas les autres, et Ross nous aide dans cette aventure. Nous avons réussi à mettre en place une relation de confiance efficace avec Ross qui répond à nos besoins et propose des solutions qui participent à l’élaboration de nouveaux concepts. Nous avons, par exemple, fait l’acquisition d’une option XPression qui, couplée avec des développements internes, nous permet de trier, sélectionner et diffuser des tweets moins de dix secondes après leur publication », conclut Patrick Jeant.
Dans les projets en cours de développement, Eurosport a lancé la production de films VR dès la fin 2015, avec la descente de Bode Miller en caméra embarquée VR sur la piste de Beaver Creek. Cela permet aux fans de sport de s’immerger et de partager l’expérience des athlètes. Une application VR Eurosport verra d’ailleurs prochainement le jour, à l’image de celle de Discovery, « Discovery VR », déjà téléchargeable. Stay tuned.
* Cet article est paru pour la première fois en intégralité dans Mediakwest #16, p. 56.
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