On l’appelait Willy, Pierre-William, le Grand, ou simplement Glenn selon qu’on le connaissait un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout.
C’était une grande gueule, il prenait beaucoup de place, avait un avis sur tout, participait avec passion à tous les combats qu’il trouvait justes, dénigrait ceux qu’il n’aimait pas avec autant de vigueur que de mauvaise foi.
Certains l’aimaient pour ça, d’autres se méfiaient de lui ou ne l’aimaient pas, pour les mêmes raisons.
Deux choses étaient certaines : il ne passait pas inaperçu et on pouvait compter sur lui. Sur un tournage, c’était une inarrêtable locomotive. C’est avec cette même force qu’il a défendu le Festival du film français de Richmond aussi longtemps qu’il l’a pu.
Tout l’intéressait et quand il ne savait pas, il apprenait aussitôt. C’est ce qui a fait de lui le premier opérateur steadycam en France sur La Mort en Direct de Bertrand Tavernier, et c’est aussi ce qui l’a amené à diriger la section image de la FEMIS et à être pendant dix-sept ans le président de la CST.
Il fut le chef opérateur de près de quatre-vingt films avec des réalisateurs aussi différents que François Truffaut, Costa Gavras, Yannick Bellon, Alain Corneau ou André Téchiné pour n’en citer que quelques-uns. Il en réalisa plus d’une dizaine où se mêlaient ses passions, l’aventure, la politique et la moto.
Willy va nous manquer, il va manquer à sa famille que nous saluons ici, il va manquer à ses amis, il va manquer à l’ARP dont il fut membre dès l’origine, il va manquer au cinéma.
Jean Achache, pour les Cinéastes de L’ARP