Parmi les plus anciennes plates-formes SaaS, LibCast est née dès 2006 dans l’esprit entrepreneurial de Cédric Montet et Brice Vercoustre. Voyant qu’il était impossible de trouver sur le marché une plate-forme d’hébergement vidéo à la fois capable de gérer des volumes importants d’échanges de vidéos streamées et d’offrir des droits d’accès à de multiples niveaux pour des usages BtoB, les deux fondateurs de LibCast ont développé un CMS dédié à la vidéo et doté d’une rare richesse fonctionnelle.
Au fil des ans, ils ont patiemment bâti une plate-forme SaaS permettant à des organisations utilisatrices de la vidéo au quotidien de trouver le moyen de gérer de nombreuses micro-chaînes TV sur le web très facilement, tout en contrôlant leur sécurité de manière très stricte.
En France, cette offre a ainsi rapidement séduit des institutions de renom comme l’Insep (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) qui y a vu un moyen simple et peu onéreux de partager la multitude de vidéos pédagogiques qu’il utilise au quotidien pour peaufiner l’entraînement des sportifs de haut niveau. Autre atout séduisant les grandes organisations, la localisation des serveurs en France a très tôt aussi convaincu un grand compte comme la Société générale et France Télévisions.
LibCast, alternative à YouTube pour le BtoBtoC
Au-delà de la sécurisation, c’est le modèle de tarification évolutif de LibCast en fonction du volume de vidéos partagées qui lui a permis de s’adapter à tous les profils d’utilisateurs, du professionnel débutant dans le streaming, aux webTV les plus solides générant plusieurs centaines de gigaoctets de vidéos chaque mois. Cette « scalabilité », Libcast l’a même renforcée récemment en commercialisant une offre de streaming Live qui démarre à moins de 100 euros par mois pour un maximum de 50 sessions simultanées, ce qui laisse le temps de voir venir pour des retransmissions en direct BtoB.
Autre évolution récente, l’ouverture à d’autres solutions en ligne complémentaires de LibCast. La plate-forme a ainsi enrichi son offre avec le module Multicam Systems, outil de production permettant de réaliser des vidéos multicaméras en Live sans postproduction sur la base d’un mélangeur logiciel et d’une dalle tactile. Une fois la captation réalisée à l’aide de Multicam Systems, les flux, y compris en direct, peuvent être hébergés et partagés de manière ciblée via Libcast. Ce genre de fonctionnalité a séduit l’école de commerce HEC Paris qui en a fait son principal outil de streaming des cours en ligne et produit chaque semaine près de 50 heures de vidéo.
Libcast s’interface également avec un outil qui améliore la productivité des films postproduits YouScreenIt en proposant l’annotation timecodée des vidéos lorsqu’elles sont au stade de work in progress. Plus récemment encore, Libcast a ouvert sa plate-forme à Authôt, spécialiste de la transcription automatique des vidéos en textes (speech to text), avec des corrections manuelles possibles. À noter que l’ajout d’un speech to text en marge des vidéos améliore grandement leur référencement naturel.
À ces fonctions productives, Libcast a ajouté dans son giron des fonctionnalités de monétisation des vidéos qui en font une plate-forme tout à fait efficace pour une organisation, grande ou petite, qui veut valoriser ses vidéos. Libcast intègre un outil de mesure de l’audience tout aussi puissant que celui de YouTube… en plus précis, car il mesure les audiences des vidéos au timecode près, évitant ainsi les artefacts présents sur la plate-forme de Google concernant la durée réelle de visionnage des vidéos streamées. Libcast offre également la possibilité de gérer en toute autonomie ses publicités, y compris les publicités (ADservers) qui s’insèrent en pre-roll (amont) d’une vidéo.
Enfin, un module de paiement à l’acte ou sous forme d’abonnement est également présent sur la plate-forme et en fait une solution en ligne complète particulièrement adaptée aux organisations, grandes ou petites, qui drainent des audiences ciblées du type BtoB, voire BtoBtoC. Une alternative réaliste à YouTube, Vimeo et autres Dailymotion…
iReplay.tv, le premier CMS dédié à la TV multicanal
Au sein des plates-formes de mise en ligne et de monétisation des vidéos streamées, iReplay.tv est un cas à part. Sylvain Corvaisier, son fondateur bénéficiait, avant de se lancer dans l’aventure, d’une solide expérience dans les solutions d’encodage vidéo au sein de la société rennaise Envivio. Fort de ce background international, il a été en mesure de concevoir dès 2014 une plate-forme complète de gestion, de monétisation et de distribution des vidéos, dédiée à la fois à l’OTT et aux réseaux managés IPTV.
iReplay.TV est bien adapté aux problématiques d’un éditeur de contenus vidéos qui voudrait se lancer dans la création d’une chaîne de télévision à part entière à moindre coût et avec un minimum de complications techniques. « Notre promesse, souligne le fondateur de iReplay, est de permettre qu’un seul technicien puisse gérer l’intégralité d’une chaîne de télévision à la fois linéaire et en replay. Et ce, sur l’ensemble des terminaux disponibles mobiles ou fixes. »
Pour ce faire, iReplay a développé un véritable CMS dédié à la télévision, dont la souplesse d’utilisation est unique en son genre. Une fois vos programmes ingérés dans la plate-forme, il est possible de les glisser sur une timeline dynamique et de les pousser au sein d’un playout flexible dans lequel on insère avec aisance publicités, bandes annonces et habillage… sans aucune ligne de commande.
Mieux, pour ceux qui n’ont pas les moyens de développer une grille de programme, le CMS de iReplay crée automatiquement des playlists de diffusion aléatoires, qu’il est ensuite possible d’ajuster manuellement. Le prix d’entrée de l’accès à l’ensemble de ce CMS TV est en outre attractif, car pour moins de 300 dollars par mois, on peut débuter sa chaîne et les tarifs varient ensuite en fonction de l’augmentation de son audience.
« Nos clients sont souvent des éditeurs de nouvelles chaînes qui veulent utiliser dès leur lancement un maximum de ressources de l’OTT et de l’IPTV sans être dépendants des grands opérateurs techniques du marché. Notre plate-forme technique, scalable à l’envi, évoluera avec eux et leur permettra d’optimiser en temps réel la monétisation de leurs contenus. Nous avons aussi des clients détenteurs de catalogues de programmes à forte valeur ajoutée qui veulent sortir de la monétisation limitée proposée par les YouTube, Dailymotion et Vimeo, et sécuriser de manière probante leurs contenus vis-à-vis du téléchargement sauvage très présent sur les plates-formes grand public. »
iReplay fait d’ailleurs de la monétisation via la publicité un des axes cardinaux de sa stratégie en offrant, par exemple, la possibilité de contourner l’obstacle du blocage des publicités en pre-roll, le fameux Adblocking : « Aujourd’hui, précise Sylvain Corvaisier, il n’y a certes que 30 % des internautes qui utilisent le Adblocking, mais ces internautes représentent 90 % du blocage des publicités vidéo sur la toile. »
iReplay propose d’y remédier via plusieurs solutions : celle, simple, qui consiste à intégrer la publicité dans le flux streamé avec le programme, mais aussi via la technique plus évoluée du « Server Side Ad Insertion » consistant à ce que les serveurs de l’éditeur discutent directement avec les serveurs de la régie, sans qu’il y ait besoin de passer par les ressources d’un navigateur Internet à la merci du moindre logiciel de Adblocking.
Concernant la monétisation des vidéos en Vod ou sVod, iReplay propose à ses clients un interfaçage avec le module de paiement en ligne des contenus proposé par l’américain Stripe qui, depuis deux ou trois ans, a largement pénétré le marché des micropaiements grâce à la souplesse de sa solution bénéficiant d’API solides, sécurisées et faciles à intégrer.
Sur l’encodage en revanche, étonnamment, l’équipe d’iReplay se montre plutôt conservatrice, continuant à faire confiance au traditionnel HLS (Http Live Streaming), pas encore convaincu des gains d’usage du Mpeg Dash. Cela n’empêche pas iReplay de proposer un large éventail de profils d’encodage à ses clients (jusqu’à six niveaux optimisés suivant les terminaux utilisés) et de n’envoyer à l’utilisateur final que les versions d’encodage strictement nécessaires à son terminal de consultation grâce à la technologie dite « manifest manipulation ».
La plate-forme iReplay.tv a d’ores et déjà séduit une vingtaine de chaînes en deux ans, principalement sur des niches d’audience qui ne trouvent pas une exposition suffisante sur les grands portails de partage vidéo en ligne ou à la télévision. Elles concernent des domaines très variés comme la voile, le théâtre ou les sports de combat. En outre, Sylvain Corvaisier constate que ces nouvelles chaînes diffusées en OTT sont très majoritairement regardées à l’étranger, avec moins de 2 % de l’audience basée en France.
De ce fait, iReplay.tv est surtout confronté à une concurrence basée aux États-Unis comme Uplink ou Amazon, même si pour le moment beaucoup d’acteurs hésitent encore à faire confiance au géant du e-commerce pour diffuser leur chaîne payante 24/24. C’est pourquoi iReplay, s’il utilise parfois le Cloud, préfère internaliser au maximum ses capacités de distribution, afin de rester compétitif face aux plates-formes de transit de vidéos en IP Akamai, Level3 ou Amazon et rassurer ses clients sur la sécurité.
iReplay.tv dispose à l’heure actuelle de 24 points de présence en propre, répartis en Europe et en Amérique du Nord, et des relais en Asie et Afrique, des zones géographiques plus difficiles à adresser.
Hubee se relance autour du marketing digital
L’histoire d’Hubee est indissociable de celle de son fondateur et actuel P-DG, Frédéric Pie. Parmi les pionniers français de la sVOD, il a en effet lancé dès 2006 Vodeo, une des toutes premières plates-formes de distribution de documentaires en VOD et sVOD. À cette époque, Vodeo disposait d’environ 3800 documentaires en ligne et les spectateurs demandaient le plus souvent à télécharger de manière définitive leur film préféré quand ce n’était pas le gravage d’un DVD.
Aujourd’hui, Frédéric Pie, qui a vendu Vodeo et s’est lancé depuis dans la prestation de services en marque blanche pour les éditeurs de VOD, sVOD et catch-up TV via la société Hubee, continue d’être un observateur privilégié de la consommation de programmes en pay-per-view. Il constate que « les choses ont bien changé. La généralisation de la VOD a cédé la place à une consommation plus mainstream et jetable en sVOD ».
Pour répondre à ce nouveau marché, il propose, via Hubee, une solution technique tout-en-un destinée à l’ensemble des plates-formes de distribution, y compris dans son aspect DRM et réédition de compte. Lors de son lancement en 2009, Hubee a connu un succès rapide, car la société avait gagné la confiance de l’opérateur Free pour lequel elle a développé, en deux à trois ans, 80 % des 70 boutiques VOD et chaînes en Replay TV présentes sur ce bouquet. L’opérateur voyait alors en Hubee un partenaire pro-actif auquel il laissera longtemps une grande liberté d’action. En rythme de croisière Hubee ira même jusqu’à créer un canal de catch-up TV en deux semaines… Hubee a été particulièrement inspiré en réalisant très tôt des connecteurs entre sa plate-forme de distribution et les régies publicitaires de ce nouveau marché de la TV en Replay, afin d’en faciliter la monétisation.
Hubee a également surfé sur la vague de la TV connectée, même si Frédéric Pie considère ces développements moins fructueux, car essentiellement basés sur des services Front End, dont la valeur ajoutée technologique est plus limitée et qui sont livrés une fois pour toutes avec le code source au client, générant de ce fait peu de revenus récurrents pour un prestataire technique comme Hubee.
Pour autant qu’il soit devenu un acteur incontournable de ce marché au fil du temps, Hubee ne compte pas s’endormir sur ses lauriers. La concurrence est farouche et le prestataire compte se relancer dans les prochains mois vers de nouvelles offres de services.
Frédéric Pie résume les défis qui attendent son entreprise : « La plupart de nos clients sortent tout juste les mains du moteur concernant les problèmes techniques liés à l’encodage et à la mise à disposition des programmes via des portails IPTV ou OTT. Dorénavant, nous devons leur proposer des solutions imaginatives et ouvertes orientées vers le marketing digital, afin qu’ils puissent mieux capter leur public et anticiper ses réactions. Dans ce registre, la recommandation telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui ne suffit pas. Nous réfléchissons entre autres à une plate-forme d’analyse des parcours clients au sein des offres sVOD qui permettra, grâce à des outils statistiques anonymisés, d’anticiper de manière plus fiable les intentions d’achat des internautes ».
* Cet article est paru en intégralité pour la première fois dans Mediakwest #18, pp.62-65. Soyez parmi les premiers à lire nos articles en vous abonnant à notre magazine version papier ici
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