L’objectif d’IMF est de réduire cette démultiplication en stockant dans un fichier unique les différences entre chaque. Un container basé sur le format MXF AS02 regroupe à la fois la vidéo avec un seul format de compression intermédiaire de qualité, et tous les éléments constitutifs des multiples versions : doublages audio, sous-titrage, métadonnées, etc…L’élément central d’IMF est un « core framework » complété par des plug-ins applicatifs dénommés App# pour adapter ce fichier aux besoins particuliers des marchés. Les différentes versions sont décrites au travers d’un fichier CPL (Composition Play List) qui détaille les éléments spécifiques à ajouter à la version de base. Le fichier OPL contient les instructions pour créer les différentes versions livrables de manière automatique.
Plusieurs modules App# ont déjà été définis et testés. Le premier, App#1 stocke la vidéo en non compressé DPX et reste peu employé. Le second, App#2 utilise le codage JPEG2000 jusqu’à une résolution HD. Il est complété à la demande de Sony et Netflix par l’App#2epour l’étendre à l’UHD. Enfin le module App#3 lui est basé sur un codec MPEG-4 Simple Studio Profile car il existe de nombreux contenus déjà encodés en MPEG-4.
Dans une seconde conférence Hans Nikolas Locher, responsable du développement à la CST a présenté la recommandation CST-RT021-MFFW dont l’objectif est de définir un format mezzanine pour le cinéma numérique. Plus de détails dans l’article publié par Mediakwest. Les objectifs étant fort similaires, la prochaine étape est l’adoption de cette recommandation par le SMPTE et son intégration comme applicatif App#4 dans IMF.
La journée s’est poursuivie par une table ronde réunissant les principaux acteurs concernés par ce nouveau format, Mikros Image, Eclair Group, VDM, INA et France Télévisions. Tous reconnaissent les avantages apportés par IMF pour la gestion des versions. Plusieurs d’entre eux ont déjà procédé à des tests mais pour l’instant la demande des clients reste très faible. Par contre aux USA, Sony, Disney ou Netflix ont commencé à basculer une partie de leurs masters en IMF, en particulier pour les convertir en UHD. Plusieurs intervenants constatent que le format IMF n’est pas « jouable » directement via un player et ne peut donc être utilisé tel que pour la diffusion antenne. Matthieu Parmentier, France Télévisions, remarque que le choix du codage JPEG2000 conduit à des débits et des volumes de fichiers trop lourds pour les workflows actuels de diffusion. Thierry Beaumel, Eclair Group, précise de son côté que « l’IMF est un format de master et non de PAD. On ne fournit jamais à une chaîne le master d’un film ou d’une production ». Christophe Coin fait état du nombre important de contenus traités chez VDM avec le codec ProRes d’Apple, en particulier pour la VOD. IMF pourrait se développer à condition qu’une application existe avec ce codec. Or c’est un codec propriétaire et pour garantir l’universalité du format et sa pérennité, les créateurs de l’IMF ont souhaité s’appuyer uniquement sur des technologies ouvertes, documentées et interopérables. Faudra-t-il que le groupe de travail 35PM50 de la SMPTE élargisse sa vision pour mieux coller aux besoins du marché ? La réponse dans les prochains compléments apportés à la norme SMPTE ST 2067 dont le travail de rédaction se poursuit. L’enregistrement de la conférence https://www.youtube.com/watch?v=uvRkJ0uayug est disponible sur le site de l’ENS Louis Lumière.