Le HDR (High Dynamic Range), à la veille de choix stratégiques (Partie 2)

L’Ultra Haute Définition (UHD) entre déjà dans une seconde étape de sa courte vie. Après avoir prôné l’augmentation de la taille de l’image avec le slogan « plus de pixels », les industriels et les diffuseurs orientent leur stratégie vers de « meilleurs pixels ». Pour cela, ils mettent en avant trois procédés : l’extension de la palette des couleurs avec le WCG (Wide Color Gamut) défini dans la Rec. 2020, l’augmentation de la fréquence des images avec le HFR (High Frame Rate) et enfin le HDR (High Dynamic Range) pour étendre la dynamique des images entre les basses et hautes lumières.
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À l’heure du choix

Lors du dernier salon IBC, le HDR était l’un des sujets majeurs des discussions. Chaque constructeur ou éditeur voulait montrer qu’il est à la pointe sur cette question et que surtout ses produits sont ou seront compatibles HDR. Souvent, il s’agissait d’une simple intention, mais parfois avec des démonstrations basées sur une seule proposition. D’où l’impossibilité de faire une vraie comparaison entre les quatre systèmes en lice. Même si les quatre candidats annoncent la parfaite transparence de leur solution vis-à-vis des techniques de compression HEVC ou des systèmes de diffusion, les principaux acteurs de la compression ont mis en place une démo HDR. Thomson Video Networks affichait en parallèle deux démos, l’une avec Dolby Vision et l’autre avec Technicolor. Envivio a également choisi Dolby Vision tandis qu’Elemental avait mis en place une démonstration HDR avec Technicolor.

Lars Borg, responsable scientifique et spécialiste de la colorimétrie dans la division Video et Audio numérique d’Adobe indique sa préférence pour le Dolby Vision : « Dolby va beaucoup plus loin avec Dolby Vision, à la fois en termes de puissance lumineuse et de couverture des besoins. C’est une vision à long terme. Le système de la BBC est plus dans une optique à court terme pour offrir la rétrocompatibilité. En plus, je ne sais pas ce qui se passe au niveau du coude entre les deux courbes. La courbe PQ progresse de manière progressive. »

Dans le secteur de la high tech, la multiplicité de codage ou de systèmes concurrents a toujours constitué un frein à leur développement. Le HDR ne fera pas exception avec d’un côté des industriels qui font tout pour favoriser leur technique propre et de l’autre les diffuseurs qui doivent sélectionner un système si possible unique. Dans le cas du HDR, les deux principales propositions qui font la course en tête, Dolby Vision et BBC HLG présentent chacune des avantages et des inconvénients. Par rapport au nombre d’annonces, Dolby paraît avoir une longueur d’avance sur ses trois autres concurrents. En particulier dans le secteur de la production cinématographique où récemment plusieurs producteurs ont annoncé des tournages basés sur le Dolby Vision. En postproduction, le Dolby Vision avec son écosystème très complet semble marquer des points.

Cette impression est renforcée également par le choix de plusieurs services d’OTT ou de VOD (Netflix, Vudu, Amazon, Sony Pictures Home Entertainment…). Pour ces diffuseurs qui fonctionnent en mode fichier, l’absence de rétrocompatibilité entre le HDR et le SDR n’est pas un obstacle. En effet, sous réserve d’une gestion pertinente des métadonnées depuis la box ou le téléviseur, un client sera reconnu comme étant équipé en HDR ou en SDR et il suffira de lui envoyer la bonne version du contenu.

Par contre, pour les broadcasters qui diffusent en mode linéaire, il est hors de question d’envisager un simulcast HDR et SDR comme dans le passé avec la SD et la HD. C’est pourquoi Dolby propose une version de Dolby Vision avec un codage en deux couches, mais au prix d’une augmentation du débit, pour laquelle les diffuseurs de TV linéaire émettent des réserves. Thierry Fautier, VP stratégie vidéo chez Harmonic et président de l’Ultra HD Forum aux États-Unis déclare : « Chez Harmonic, nous n’avons aucune préférence pour l’un des quatre systèmes en lice. Par contre nous affirmons, dans tous les organismes où nous sommes présents, que nous voulons un système rétrocompatible. Il est hors de question de dire aux récents acheteurs d’une TV UHD que leur appareil n’est pas compatible avec les émissions HDR. »

L’émergence des technologies HDR met d’ailleurs les broadcasters face à un dilemme pour le lancement de l’UHD. Les annonces des services de VOD à propos de l’UHD et du HDR mettent la pression sur eux. Soit ils démarrent la diffusion en UHD au plus vite pour montrer qu’ils restent à la pointe face aux services de VOD. Mais en l’absence de normalisation et surtout de rétrocompatibilité, ils ne peuvent pas offrir le HDR et restent en UHD phase 1. Ou bien ils décident d’attendre pour diffuser en UHD afin que la situation de la multiplicité des systèmes HDR se décante. Mais dans ce cas ils prennent le risque de se faire distancer pour les services de VOD qui proposeront une offre plus alléchante, UHD et HDR, au niveau de la qualité des images.

Andy Quested, responsable des technologies HD et UHD à la BBC et par ailleurs président du groupe de travail RG24 « Télévision avec gamme de dynamique étendue » à l’UIT (Union Internationale des Télécommunications) prône l’œcuménisme en affirmant : « Nous ne pouvons pas avoir pour le HDR un standard avec quatre options différentes. Ce que nous essayons de faire, c’est de combiner les propositions dans un standard unique avec une ou deux applications au maximum. »

Les prochaines réunions du DVB en Europe et de l’ATSC en Amérique seront décisives pour éclaircir la feuille de route des broadcasters vers l’UHD avec ou sans HDR.

Cet article a été publié en 2 parties : pour lire la première partie, cliquez-ici. Vous pouvez consulter l’article dans son intégralité, tableaux et graphiques, dans le numéro #14. Abonnez-vous pour recevoir les articles complets dès leur sortie ! )


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