NAB 2013 / Le tour des solutions 3D

 
e26e070f0b61121e8e747746e6882f29.jpg

Bien que cette année la 3D se soit fait toute petite au NAB (à peine une vingtaine de stands, dont très peu exclusivement dédiés au relief), quelques produits et démos méritaient néanmoins le détour.

 

Du côté tournage, la plupart des fabricants de rigs présentaient quelques nouveautés, à noter le « Micro Rig » de PS Technik, version mini du célèbre FreeStyle, qui propose un rig à miroir de 4 kg (sans caméras) optimisé pour les caméras de moins de 2 kg comme les SI-2K, cunima ou encore indiecam. Compatible avec les motorisations Cmotion et le logiciel d’alignement PURE de Stereolabs, il peut être entièrement motorisable (réglages 3D et alignements géométriques) et propose un entraxe de 0 à 7 cm. 16 000 dollars sans motorisations, 36 000 dollars avec l’intégralité des axes motorisés. La société DEEPSEE propose, quant à elle, un caisson de plongée compatible pouvant descendre jusqu’à 80 m et permettant la motorisation de l’entraxe, du focus et du diaphragme.

 

Screen Plane présentait son « Steady-Flex », rig optimisé pour steadycam de 5 kg (sans caméras) avec motorisations Cmotion 8 axes pour objectifs intégrés, ainsi que la motorisation de l’entraxe. La convergence ainsi que les alignements sont, eux, manuels. La société annonce de plus l’arrivée prochaine de son prochain rig « Ultra Macro 3D », entièrement manuel mais optimisé pour la prise de vue macro en relief.

 

Un détail amusant, le grand retour des rigs entièrement manuels mais dont l’accent est mis sur la robustesse et la fiabilité : 2Eye-Tech exposait un « Minirig » à 15 000 dollars pour caméras type Indiecam, et CAMBLOCK en propose un optimisé pour time-lapse à 8 000 dollars, avec possibilité de le motoriser.

Sur le stand de Binocle, trois rigs étaient présents : Le B3, pour les caméras type Alexa, le B1, pour les caméras type Red Epic ou Canon C500 et le B1 cote-cote pour les prises de vues de paysages où un entraxe plus grand est nécessaire. Tous ces rigs sont entièrement motorisés (réglages 3D et alignements géométriques) et étaient présentés avec des motorisations maison de zooms Angénieux (zoom/point/diaphragme) permettant une économie de câbles et de moteurs sur le système. Le tout étant le produit d’un projet de recherche nommé « 3D LIVE » rassemblant notamment Binocle et Thalès Angénieux.

 

Meduza Systems présentait à nouveau son « Titan 3D », constitué de deux caméras Meduza côte à côte dans un seul corps caméra. Les entraxes possibles sont de 38 à 110 mm (motorisé, ainsi que la convergence et les optiques) mais les alignements géométriques restent manuels. Une version « rig à miroir » à trois caméras était présentée en prototype, to be continued…

 

Les deux plus importantes sociétés de rigs 3D – Cameron Pace Group et 3ality Technica – étaient, elles, absentes du salon.

 

Stereolab présentait son logiciel « PURE » qui permet une analyse de l’image et un alignement automatique de la géométrie (même avec des zooms), compatible avec PS-Technik, Screen Plane et Cameron Pace. Le produit est disponible en 2U pour 40 000 dollars, ou en software seul « PURE ON-SET » compatible Mac Book Pro pour analyses uniquement (15 000 euros).

 

Autres nouveautés intéressantes pour la prise de vue, les RED Epic peuvent désormais être équipées d’un module dit « Meizler » avec de nombreuses fonctionnalités wireless très utiles pour les tournages en relief, notamment une sortie monitoring HD, le genlock et le timecode. Une sortie « 3D » permet de relier deux caméras et d’en déterminer une master et une slave pour toutes les opérations de menu interne. Ce module permet donc de se passer de nombreux boîtiers externes et câblages souvent harassants sur les rigs 3D.

 

De plus, la miniaturisation des systèmes 3D est désormais possible grâce au perfectionnement progressif des mini-caméras disponibles sur le marché qui se proposent désormais avec montures C, B4 et… PL ! On peut notamment citer les sinaCAM, capteur CCD 2/3′ annoncé à 13,5 diaph de dynamique ; les IndieCam avec un capteur CMOS 2/3′ global shutter et la possibilité de les synchroniser en cascade, notamment pour de la prise de vue 360 ou pour auto-stéréoscopie ; et les Meduza M-cam (2/3′ CMOS global shutter pouvant aller jusqu’à 340 fps).

 

Côté recorder, Convergent Design présentait son nouveau « Odyssey », version améliorée du Gemini 444 avec, notamment, un écran et des fonctionnalités élargis, mais malheureusement sans les options 3D. Peut être pour une prochaine mise à jour ?

 

Et enfin, le Fraunhofer Institute, toujours à la pointe, présentait certains projets de recherche liés à la stéréoscopie, notamment le « Hybrid 2D/3D » prenant la forme d’une ARRI Alexa entourée de deux IndieGS2K. Ces dernières sont utilisées afin d’obtenir une depth map rapide de la scène permettant la conversion 2D vers 3D des rushes de l’Alexa. Les « trous » laissés par ce processus sont ensuite comblés par des pixels d’occlusion captés par les IndieCams. Un projet, encore expérimental, est néanmoins prometteur et permet un tournage simplifié ainsi qu’une conversion 2D vers 3D plus rapide et de meilleure qualité.

 

Le Fraunhofer Institute présentait aussi le ASP « Automated Stereo Project » prenant la forme de deux mini caméras avec optiques Zeiss dans un seul corps, lié à un logiciel d’analyse d’image qui prend en charge l’ajustement automatique et motorisé des alignements 3D et de la stéréo elle-même, selon des paramètres pré-définis. Enfin, un plug-in After Effects de conversion de 3D vers auto-stéréoscopie était en démonstration, ainsi qu’une solution identique mais temps-réel pour la lecture de blu-ray 3D sur écrans auto-stéréoscopiques.

 

L’auto-stéréocopie (écrans 3D sans lunettes) étant sûrement le futur de la 3D telle que nous la connaissons, plusieurs autres sociétés se sont penchées sur la question de la conversion de contenus reliefs vers multi-points de vue : Dolby présentait à nouveau son logiciel de conversion et de nombreux contenus diffusés sur un écran Philips. Le groupe a notamment annoncé un partenariat avec Cameron Pace Group pour le développement de cette technologie. Mais le résultat le plus prometteur vient d’une petite société russe nommée YUVSoft qui propose deux plug-in très intéressants pour After Effects ou Nuke : le « 2D to 3D Suite » (20 000 dollars) qui, comme son nom l’indique, permet de convertir des plans de 2D vers 3D ; et le « Stereo Processing Suite » (7 000 dollars) qui permet, notamment, de corriger les alignements géométriques et colorimétriques de plans 3D et de les convertir pour écrans auto-stéréo. Le résultat, montré sur écran Alioscopy et téléphone portable, était bluffant : Une vraie profondeur était perceptible ainsi que des jaillissements, souvent absents chez les solutions concurrentes.

 

Côté post-production, SGO Mistika présentait de nouveaux outils d’étalonnage et est toujours aussi performant pour corriger et affiner le relief, alors que Quantel montrait son logiciel dédié à la correction des alignements géométriques et colorimétriques : « SynthIA » (15 000 dollars). Il permet aussi de modifier la parallaxe à différentes profondeurs grâce à son outil « Z-warp ».

 

Binocle a désormais intégré un player à son logiciel « Disparity Live » qui corrige en temps réel les disparités géométriques et propose de nombreux outils de vérification de la profondeur et du depth budget, disponible en 4U avec sorties HD-SDI corrigées temps réel, ou bien en software seul, « Tagger Movie » compatible Mac Book Pro pour analyses uniquement.

 

La démo à ne pas rater cette année au NAB était la projection 3D, sur le stand Christie, de comparatifs de shutter à 24, 48 et 60 images par seconde réalisés en partenariat avec le SIRT (Screen Industries Research and Training Centre – Canada), permettant de se forger un avis objectif sur les effets du HFR sur la stroboscopie et le rendu d’image en général. Avait lieu ensuite la projection en split screen d’extraits de films 3D à 3 foot lambert (le niveau tristement atteint par la plupart des projections relief) et à 14 foot lambert (la norme 2D). Le résultat est sans appel : le relief est beaucoup plus immersif et agréable au niveau de luminosité optimal, la fatigue est diminuée et les volumes beaucoup plus perceptibles.

Le point intéressant résidait dans la succession de ces deux démos : Finalement on a beaucoup débattu sur le HFR lors de la sortie du Hobbit de Peter Jackson, alors que cette technologie coûte très cher et est difficile à mettre en place dans des workflows plus « modestes ». Son effet est de plus très critiqué, et pourtant sa valeur ajoutée pour le relief est bien moindre que celle d’une augmentation de la luminosité des projections, que ce soit en utilisant des lampes plus puissantes, ou en envisageant l’adoption prochaine d’une technologie de projecteurs laser…

 

Affaire à suivre !